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Antoine Devaux, un ancien joueur qui a de la bouteille

Par Célien Vauthier, à Reims
7 minutes

Antoine Devaux a joué plus de 150 matchs avec le Stade de Reims, mais ce samedi soir, il ne sera ni au Stade de France ni devant sa télé pour suivre la finale contre le PSG. L’ancien milieu a tourné la page du foot et tient désormais un bar à vin dans la cité des sacres, où il entretient sa nouvelle passion et sa deuxième carrière.

Antoine Devaux, un ancien joueur qui a de la bouteille

Sur la terrasse du Six Bars, à Reims, les tables sont déjà dressées. Le soleil tape, les verres brillent, et derrière le comptoir, un visage familier manie la bouteille avec la même précision que la pelota. Antoine Devaux, ancien milieu du Havre, du Stade de Reims ou encore de Toulouse, a troqué les crampons pour les tire-bouchons. « J’ai eu la chance de faire ce métier-là, c’était extraordinaire. J’ai adoré. Je redonnerais tout pour recommencer, pose-t-il. Quand j’ai commencé à penser à la suite, je voulais rester dans le sport, dans le golf ou le foot. Puis, à Toulouse, j’ai sérieusement été pris de passion par le vin. L’idée s’est construite, et deux ou trois ans avant d’arrêter, je savais que je voulais travailler là-dedans. »

Après une carrière de treize piges dans le foot pro, Devaux « aurait kiffé être coach » mais, comme d’autres avant lui, le milieu a fini par l’en décourager : « J’ai arrêté aussi à cause des mentalités… J’ai connu des vestiaires où on était 10-15 à tout faire ensemble. Puis, c’est devenu des groupes de deux ou trois. Trop individualiste… » L’ancien milieu s’est donc détaché au fil du temps, avec le foot et même avec le Stade de Reims, le club où il a passé six ans et sa terre d’accueil.

Avec Caillot, on n’a pas une bonne relation, je ne vais pas remettre une pièce dans la machine, mais on ne s’entend pas.

Antoine Devaux

« Avec Caillot, on n’a pas une bonne relation, je ne vais pas remettre une pièce dans la machine, mais on ne s’entend pas, tranche-t-il. Je n’ai jamais regardé le foot, encore moins depuis que j’ai arrêté. Certains m’ont demandé de mettre la finale de la Coupe de France au bar, mais ce n’est pas l’endroit pour. Ce soir-là, j’organise une grosse soirée ici. Je n’ai pas regardé un match de Reims depuis bien longtemps, mais je leur souhaite de se maintenir. C’est important pour l’économie de la ville. »

Le goût de la vigne

Comment passe-t-on du foot au vin ? Pas en un claquement de doigts, Devaux ayant fait le choix de profiter des vacances et du chômage après avoir raccroché les crampons en 2018, après une pige à Tours. « Le chômage s’est arrêté deux ans après la fin de ma carrière. La première année, j’ai profité. La deuxième, j’ai préparé la suite, j’ai commencé à prendre contact avec des maisons de champagne, où j’ai fait des missions », détaille-t-il. En 2020, il devient sommelier de La Grande Georgette, une des adresses qui comptent à Reims, au pied de la cathédrale. Une reconversion rapide, et pas franchement attendue : « C’était marrant de voir les réactions des gens qui, deux ans avant, me voyaient sur un terrain, et qui me retrouvent à leur servir le vin. Ils voyaient que j’étais passionné et que je n’étais pas là par hasard ! » 

Antoine Devaux n’était pourtant pas du genre à boire un petit coup après les entraînements ou les matchs à son époque de joueur. « Pas un rejet, juste aucun attrait, explique-t-il. J’avais testé, mais ça ne m’intéressait pas. Si j’avais commencé à taper dans la gourde à la fac, je ne serais peut-être jamais passé pro. » Une ligne de conduite conservée tout au long de sa carrière : pas d’alcool en semaine, un verre de temps en temps pour le plaisir, jamais pour la cuite. « Je ne voulais pas être le mec qu’on voit sortir le soir d’une défaite. Mais il ne faut pas se le cacher, les joueurs font la fête après un bon résultat. Il faut juste que ce ne soit pas dans l’abus, ni répétitif. »

Je ne me prétends pas chef sommelier au même titre que ceux qui ont fait le cursus.

Antoine Devaux, en toute humilité

Le déclic, il se fait d’abord lors d’une dégustation gagnée durant son année passée à Gueugnon. « Le mec vient nous voir avec ma femme, il nous fait déguster, et je trouve ça vraiment pas mal », se remémore-t-il. Pas de quoi révolutionner son palais, mais la graine est plantée. L’année suivante, changement de décor : le voilà à Boulogne-sur-Mer. Le capitaine de l’époque, Grégory Charles, balance une promesse un peu folle : « Si on monte, je vous emmène à Ibiza. » Ils montent. Ils partent. Une dizaine de joueurs, direction les Baléares. C’est là-bas que Devaux découvre la vodka. Puis, le vin. Jusqu’à l’étape fatidique, à Toulouse, où il retrouve des copains amateurs de bonnes bouteilles : « Après, ça s’est fait en accéléré. Toulouse, c’est quand même une ville gastronomique. »

« En quatre ans, j’ai dégusté pour vingt ans de vins »

Un bon réseau et une tête bien faite ne suffisent pas pour devenir chef sommelier. Comme certains prennent le temps d’enchaîner les diplômes pour devenir entraîneur, lui multiplie les modules de formation. Il passe un diplôme de dégustateur, enquille les expériences dans différentes maisons de champagne et affine son nez jusqu’à son arrivée à la Grande Georgette. « Le contact client, je l’ai. Je sais parler des vins. Alors, pourquoi pas ? », déroule celui qui récupérera un an plus tard le brassard d’une cheffe sommelière partie. « Je ne me prétends pas chef sommelier au même titre que ceux qui ont fait le cursus, tempère-t-il. Je ne connais pas encore tous les vignerons par cœur, donc je prends ça avec humilité. »

Pendant deux ans et demi, il gère une équipe, fait exploser la carte des vins (de 200 à 1 200 références) et attire même les vignerons avec un budget parfois illimité. « C’est aussi grâce à mon chef et à un collègue. À trois, on a ramené nos réseaux, lance-t-il. En quatre ans, j’ai dégusté pour 20 ans de vins. Il n’y a pas mieux, en tant que passionné. Et c’est ce qui m’anime aujourd’hui. » Le sommelier devient assembleur : goûts, plats, envies. « C’est là qu’il a une vraie importance. Il faut trouver le bon accord. »

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Après quatre ans d’apprentissage et de développement, Antoine Devaux a donc décidé d’ouvrir son propre bar à vin. À la base, cela aurait dû être à Épernay, puis l’opportunité de reprendre Le cul-sec, un bar à vin rémois déjà bien installé, est arrivée : « Reims, c’était plus logique. Mon réseau est ici. Je ne repartais pas de zéro. » Il garde les murs, le bar et même une partie des équipes, dont le serveur et la cuistot. Le reste, il le refait à son image : nouvelle cave, nouvelle peinture, nouveau nom. Le Six Bars est né. Et ça marche plutôt bien, pour lui et sa vie de famille. L’établissement est seulement ouvert le soir, cinq jours sur sept.

Une deuxième carrière qui le tient en haleine, mais qui ne devrait pas non plus durer pour l’éternité. « Le bar, je ne pense pas que je ferai ça toute ma vie, balaye Devaux. J’ai envie de voir du pays. C’est mon seul regret de carrière de footeux. » Il aurait pu. En 2017, il est à deux doigts de partir en MLS ou en Australie. « La MLS, ça ne payait pas assez, j’étais payé trois fois plus en restant à Reims, se souvient-il. Pour l’Australie, il y a eu une histoire folle le dernier jour du mercato. Bauthéac, qui signait là-bas, a été bloqué à la frontière parce qu’une personne avait utilisé son identité pour faire des conneries. Ils ont été trop préoccupés par son cas, donc ça ne s’est pas fait pour moi. » Un imbroglio qu’il ne risque au moins pas de rencontrer dans le monde du vin.

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Par Célien Vauthier, à Reims

Propos d’Antoine Devaux recueillis par CV

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