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Le jour où le PSG de QSI découvrait l’Europe à Bilbao
En 2011, le PSG tombait sur la pelouse de l’Athletic Club en Ligue Europa, alors que le projet qatari en était encore à ses balbutiements. Quatorze ans plus tard, les deux clubs se retrouvent ce mercredi soir, à San Mamés (21h), avec des statuts bien différents. Petit shoot de nostalgie au cœur de la première déconvenue européenne de l’ère QSI.
C’est une tradition à Bilbao. À chaque fois qu’une équipe découvre la cathédrale de San Mamés, son capitaine dépose une gerbe de fleurs devant le buste de Rafael Moreno Aranzadi, plus connu sous le nom de « Pichichi », quadruple vainqueur de la Coupe du Roi avec l’Athletic Club et buteur en série du club basque dans les années 1910, avant que le typhus ne l’emporte bien trop tôt, à l’aube de ses 30 ans. Ce jeudi 29 septembre 2011, c’est le capitaine du PSG Mathieu Bodmer qui dépose le bouquet avant d’aller croiser le fer avec les Leones, pour la deuxième journée du groupe F de Ligue Europa.
Cette saison-là, Paris est passé sous pavillon qatari sous la direction de Nasser al-Khelaifi, qui découvre encore les rouages du foot français. C’est donc un club en pleine métamorphose qui se retrouve devant les vétustes murs de l’ancien San Mamés, alors que l’écrin que l’on connaît aujourd’hui n’en était encore qu’aux fondations. Tout comme le projet parisien, où la nouvelle direction a aligné 87 millions d’euros dès le premier mercato estival pour se renforcer à toutes les lignes. Ce jour-là, quatre recrues sont titularisées par Antoine Kombouaré : Nicolas Douchez, Diego Lugano, Mohamed Sissoko et Javier Pastore, transfert phare de ce premier été d’abondance.
Première douche froide
Face à ce nouveau riche privé de deux nouveaux joujoux (Jérémy Ménez et Kevin Gameiro, alors mis au repos), l’Athletic Club compte sur ses valeurs sûres (Gorka Iraizoz aux cages, le capitaine Andoni Iraola en défense et Fernando Llorente en pointe), et sur les jeunes de son centre de formation, qui ont mené la saison d’avant le club à une honorable sixième place de Liga. Une cuvée exceptionnelle en Biscaye, symbolisée par un milieu Javi Martínez, Óscar de Marcos et Iker Muniain, qui muselle l’entrejeu parisien Bodmer-Sissoko-Pastore. Résultat : Paris subit la loi d’un jeu basque qui se joue ensemble depuis les plus jeunes catégories, le tout orchestré par le chef Marcelo Bielsa. Et finit par rompre. C’est l’ailier Igor Gabilondo, qui profite d’un marquage hasardeux de Christophe Jallet pour reprendre un bon centre signé De Marcos d’une superbe demi-volée.
Pourtant confiant après un début de campagne européenne réussi contre Salzbourg (victoire 3-1), le PSG déjoue complètement en première période malgré plusieurs occases de revenir au score et craque à nouveau dans son temps additionnel. Une action miroir du premier but, qui met cette fois-ci en exergue le marquage inexistant de Siaka Tiéné, laissant Markel Susaeta doubler facilement la mise et confirmer le succès des siens (2-0). Là aussi, ces deux erreurs défensives allaient confirmer les prochains besoins parisiens au mercato. Tiéné allait être effacé des radars par l’arrivée de Maxwell (longtemps considéré comme l’un des meilleurs latéraux gauches du club). De son côté, Jallet va laisser progressivement sa place à Gregory van der Wiel, malgré sa capacité à toujours revenir dans le onze jusqu’à son départ pour l’OL à l’été 2014.

Aussi lointain qu’anodin pour le supporter parisien d’aujourd’hui, ce match à Bilbao restera la première débâcle européenne du Paris version QSI et la première d’une très longue série. Celle-ci aura amorcé l’élimination du club parisien de la C3 dans un groupe F pourtant abordable (Bilbao, Salzbourg et Bratislava), et l’éviction d’Antoine Kombouaré aux dépens de Carlo Ancelotti malgré le statut de champion d’automne en Ligue 1. Premier du groupe malgré un sursaut d’orgueil parisien au retour (4-2), l’Athletic Club allait écrire l’une des plus belles pages de sa longue histoire en se hissant jusqu’en finale de la Ligue Europa. Avec Ander Herrera en plus au milieu de terrain, les Basques ont entre autres fait mordre la poussière au champion d’Angleterre en titre Manchester United et au Schalke 04 de Klaas-Jan Huntelaar, avant de voir leur rêve de titre européen balayé par le génie de Radamel Falcao, qui a offert à lui tout seul le trophée à l’Atlético de Madrid cette année-là.
Deux visions du foot qui se retrouvent
Bien plus qu’un match de C3 tombé aux oubliettes, ce sont deux visions du football qui se sont affrontées ce soir de septembre 2011. Là où l’Athletic Club allait faire sortir de terre sa nouvelle cathédrale deux ans plus tard pour un investissement de 173 millions d’euros, le PSG se rapprochait de cette somme rien qu’en transferts dès la saison d’après (151 patates, avec l’arrivée de Zlatan Ibrahimović, Marco Verratti, Thiago Silva…). À toute vitesse, le club de la capitale bâtissait son rouleau compresseur qui allait ensuite amasser 11 championnats de France et la Ligue des champions le printemps dernier.
Après tant de chemin parcouru, les deux formations se retrouvent à nouveau sur le pré dans une rencontre qui aura une gueule bien différente qu’en 2011. Paris revient à Bilbao en grand d’Europe (sans Ousmane Dembélé, mais avec Désiré Doué de retour), là où il n’avait jamais mis les pieds il y a quatorze ans de cela. De retour en C1 pour la première fois depuis onze ans, l’Athletic Club n’a lui pas beaucoup changé malgré l’assouplissement de sa règle de la Cantera, désormais ouverte pour tout joueur né dans un territoire historique du Pays basque ou formé dans un club basque. Il reste aux Zuri-gorrak cette même force collective qui doit leur permettre de rêver d’exploit, et de se relancer dans la course aux barrages. Pour un match dont on reparlera dans quatorze ans ?
En direct : Athletic Club-PSG (0-0)Par Théo Juvenet

























