PSG : Le (dépôt de) Bilan
Le PSG aura été un des acteurs majeurs de cette saison mais là où on ne l'attendait pas : pour jouer le maintien, une deuxième année consécutive. Film d'une saison en enfer pour le meilleur et pour le rire.
Juillet 2007. Paris sort d’une saison cauchemardesque. Une victoire à Lens (déjà) les relance. Le Guen réussit son arrivée dans le club parisien en leur évitant une descente infamante en L2. Du coup, Cayzac prend le taureau par les cornes en préparant un plan qui doit ramener le club vers les sommets. Avec un recrutement hyper décevant (Digard, Ceara…). Mais à la fin de l’été, on a compris. Le PSG va encore galérer.
– 3 juillet. Première blague de l’année : l’arrivée de Didier Digard. Du Havre (L2). Forcément. La mode est au recrutement en L2 et les maquignons du PSG se souviennent de leurs cours de géo en tapant de son hinterland : la Normandie. Digard, en lieu et place d’un Makélélé plus vert que jamais, prêt à traverser la Manche pour finir tranquille en L1. Les pornos, ça conserve. Sur le sujet de sa venue éventuelle, les premiers désaccords entre le Président et l’actionnaire apparaissent. En attendant, après une série de titularisations, Digard disparaîtra de la circulation. Digard ira-t-il voir le Pape lui aussi ?
– 12 août. Les p’tits gars du KOB, à Lens (déjà) sortent une banderole (déjà) à Bollaert : « A quand Eurodisney ? » , en rappel d’une visite chez Astérix où s’étaient affrontés Tigers Lensois et habitués du KOB.
– 24 août. Des escrocs font croire aux dirigeants parisiens que Villarreal est prêt à mettre 7,2 millions sur la table pour Diané. Du coup, on comprend mieux comment Paris a pris Camara pour 6 millions puis les deux chèvres brésiliennes pour la même somme.
– 31 août. En rade d’arrière droit, Paris attend le dernier jour pour acquérir Ceara et trouve le moyen de prendre un mec encore plus mauvais que Mendy. Qui paradoxalement, sans doute parce qu’il est en fin de contrat, connaîtra sa meilleure période depuis un certain grand pont sur Roberto Carlos. Au point d’être acclamé (et réclamé) par le Parc. Bernard Superstar.
A l’entrée de l’automne, le PSG pédale déjà dans la semoule. Englués au classement, les Parisiens le sont aussi sur le plan du jeu, ce qui est plus grave. Cela durera toute la saison. Le pire, c’est que Cayzac venait juste d’annoncer son fameux plan qui doit refaire du PSG un champion potentiel de la L1 d’ici quatre ans. Et déjà se pose la question de savoir si Le Guen est bien l’homme de la situation. Le capitanat donné à Sakho à Valenciennes tient plus du geste désespéré que d’une décision longuement réfléchie. Gâteau sur la cerise, le PSG ne gagne plus à domicile.
– 1er septembre. Dans Le Parisien, Cayzac déclare vouloir se rapprocher des places européennes : « Si ce n’est pas le cas, c’est très ennuyeux. Il faut se qualifier pour la Ligue de Champions la saison prochaine et être champion de France dans quatre ans » . Aulas en rit encore.
– 7 octobre. Paris a marqué 8 buts en 10 matchs, perd encore pour aucune victoire à domicile. On parle alors d’un syndrome dit “du Parc”. Paris n’attend plus l’hiver pour sa traditionnelle crise.
– 11 octobre. Et c’est déjà le sauve qui peut. Rothen, plus lucide en dehors que sur le terrain, sonne l’alarme : « Nous sortons de la pire saison depuis la création du club. Il ne faut pas se cacher et se chercher des excuses. Parfois nous sommes ridicules » . Heureusement, le ridicule ne tue pas. Et ce qui ne tue pas rend plus fort. En théorie.
– 20 octobre. Contre VA, Le Guen conduit un bateau ivre. Pour choquer le bourgeois et surtout secouer les anciens (Pauleta, Yepes, Armand…), il décide de titulariser cinq petits jeunes. Dont Sakho, nommé capitaine, à 17 ans. « Ici, c’est Paris, ici, c’est Paris… » . Le PSG redevient un club comme les autres.
– 31 octobre. Le match du PSG en Coupe de la Ligue contre Montpellier est diffusé sur France 4. Si avec ça, ils ne comprennent pas que ça craint ! Au commentaire, Thierry Adam, un gars quand même habitué à commenter le Tour de France, avoue, devant le spectacle proposé, que « le match devient dur à commenter » . Et pour les spectateurs, c’est pire…
– 2 décembre. Paul Le Guen, en vrai Breton, joue les obstinés après une autre défaite à domicile face à Caen (déjà) : « Je ne partirai pas. Je me sens investi. De toute façon, je ne partirai pas. Aujourd’hui, j’ai très envie de rester, et pourtant c’est dur ce soir » .
– 5 décembre. Le PSG s’entraîne sous escorte. La routine, en quelque sorte.
– 7 décembre. Malgré les précautions prises, Rothen est agressé par des supporters un peu trop enthousiastes. Qui agressent sa voiture par la même occasion. On comprend mieux les excès de vitesse futurs.
– 9 décembre. Avant Auxerre-PSG, Sammy Traoré annonce : « Si je dois marquer le but de la victoire, je le ferai » . En fait, il avait oublié de dire que c’était pour le match retour.
– 15 décembre. Le Guen fait son coming-out : « Moi aussi j’ai été traité de tapette à travers des banderoles. Je m’en suis remis, ça va, je vais bien » . Message à des joueurs qui semblent manquer de caractère. Même les rares fois où le PSG mène, ça tremble de tous les côtés.
L’hiver. Le club n’est plus grippé, il est carrément aux urgences. Ça sent le sapin. Le mercato de la dernière chance n’apportera rien. Fred et Gouffran préfèrent rester au chaud. Deux truffes en provenance du Brésil débarquent. Heureusement et presque comme d’habitude, l’esprit coupe semble dynamiser le vestiaire. Avec un Alonzo qui revient après dix-huit mois sans avoir joué alors que Landreau traverse une mauvaise passe.
– 8 janvier. Comme tous les deux mois, Luis attaque en faisant un appel du pied au club et branche Cayzac : « La gestion d’un club comme le PSG est-elle à ce point usante qu’elle vous fasse perdre votre lucidité ? Quand allez-vous parvenir à ouvrir les yeux ? » .
Réponse de l’intéressé : « J’ai manqué une fois de lucidité : c’est quand je t’ai fait revenir une deuxième fois » .
– 13 janvier. Première victoire à domicile du PSG. Alléluia ! Le problème, c’est que le syndrome s’inverse. Si le club a dès lors de meilleurs résultats (tout est relatif) à la maison, le club de la capitale revient à vide de ses pérégrinations.
– 24 janvier. Symbole du gâchis et du recrutement chaotique du club de la capitale : Gallardo part à Washington.
– 31 janvier. Dernier jour du mercato et encore des Brésiliens : Everton et Souza débarquent pour 6,5 millions d’euros. Qui auront le même talent que Ceara. Au lieu de la Samba, ça sera la Saudade.
– 4 février. Rothen pris en excès de vitesse sur la voie de gauche. Pas sur le terrain, bien sûr, mais à 232 km/h dans l’Eure. Comme sur le terrain, Rothen perd ses points.
– 17 février. Le président du PSG annonce une présentation d’un plan de redressement « très bien foutu » pour 2008-2010, « un vrai projet d’entreprise » . Et se cherche des excuses : « Si on a encore du mal cette saison, c’est parce que la saison dernière a laissé plus de traces psychologiques que ce qu’on imaginait. L’été dernier, quand on a repris, on n’avait pas encore fait le deuil de ce qu’il s’était passé… »
– 3 mars. Wendel se fait le PSG à lui tout seul avec un triplé. Alors que Bordeaux s’envole et se prépare un beau final, Paris tutoie les bas-fonds de la L1.
– 18 mars. Paul Le Guen dit croire « aux dynamiques de victoire » . Il est bien le seul.
– 28 mars. Armand et Rothen vont voir Cayzac et le préviennent que leurs adversaires toucheront des primes en cas de maintien. Pour Cayzac, cette demande déguisée d’une rallonge supplémentaire est la boulette qui fait déborder le blaze.
– 29 mars. Finale de Coupe de la Ligue. Paris bat Lens sur un péno discutable à la dernière minute. Mendy prend ses responsabilités et commet une Panenka. Le trophée est l’arbre qui cache la forêt. Surtout, l’affaire de la banderole avec son lot d’hypocrisies, éclipse une victoire qui au final aura relancé le club. Etonnant, non ?
A la sortie de l’hiver, le club est dans un état encore plus désastreux que d’habitude. Le président démissionne. L’entraîneur, l’incarnation de la joie de vivre, semble le seul à croire en ses joueurs. Le fantôme de Luis rôde. La menace de la descente fait vite oublier la conquête d’un trophée. Les suites de la banderole débouchent sur un grand n’importe quoi. Privé de Coupe de la Ligue, le PSG s’en sort quasi miraculeusement lors de la dernière journée.
– 13 avril. Cayzac veut que ses joueurs « montrent qu’ils en ont » . Apparemment, le club est peuplé d’eunuques. Lui aura le courage (?) de démissionner. Le non-match contre Caen déclenche la guillotine alors que le club passe en dessous de la ligne de flottaison.
– 18 avril. Les Boulogne Boys sont dissous. On entend tout et n’importe quoi sur les ultras.
– 21 avril. Moulin débarque. On ne sait pas encore si c’est pour brasser de l’air. Cayzac avoue qu’il « aurait dû démissionner plus tôt » . Le Guen s’accroche.
– 23 avril. Cayzac répond à Hechter qui balance l’histoire des primes : « Les primes, je les verse en faux billets » . Simon Tahar est nommé président. Le sixième en dix ans. Soit presque plus que le nombre d’entraîneurs de l’OM sur la même période.
– 27 avril. Cayzac dans Téléfoot. « Je ne dirai rien maintenant, mais une fois la saison terminée. Ce ne sera pas pour moi une thérapie mais une façon d’aider le club. Je sais les joueurs qui ont joué le jeu et ceux qui ne l’ont pas fait. Certains pourront se regarder dans une glace, d’autres non. Une fois le Championnat terminé, je pourrai désigner ceux qui se sont battus et ceux qui ne l’ont pas fait » . Le Best-seller de l’été assurément.
– 2 mai. Adversaire direct du PSG pour le maintien, le Téfécé et son président Sadran en veulent au PSG d’avoir contacté Emana et Elmander. Problème : ça fait un an que Paris courtise les deux Toulousains.
– 6 mai. Pauleta fête son départ dans FF en donnant son avis sur la situation : « S’il n’y avait que moi avec qui le coach ne parle pas…Ce n’est pas parce qu’on passe une soirée ensemble au karting que tout va changer » . Le Guen a les oreilles qui sifflent.
– 10 mai. Dernier match au Parc pour Pauleta. Le PSG s’en tire avec un nul. Suffisant pour sortir de la zone rouge et avoir son destin entre ses pieds. L’Aigle des Açores peut pleurer tranquillement.
– 14 mai. Le Parisien évoque l’arrivée du duo Todt-Mourinho. Alors qu’un projet de Ginola avec des capitaux des Emirats serait en gestation.
– 17 mai. Lens se plante. C’est Paris qui est sauvé. Diané est le meilleur buteur du club, bien loin de Karim Benzema. Putain de saison. Heureusement, il reste un trophée à gagner, contre le septuple champion de France.
Pour la deuxième année consécutive, le club parisien a joué avec le feu. La possibilité d’engranger un second trophée ne doit pas faire oublier les erreurs de casting à tous les niveaux. D’ailleurs, les candidats à la présidence se font gentiment remarquer, dont Michel Moulin. Comme du président dépend aussi le recrutement, on risque de bien rire ou pleurer. Et preuve que le club a encore de l’attrait, cette réaction de Sébastien Puygrenier : « J’aimerais bien jouer à Paris » .
Par Vincent Ruellent
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