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Les Parisiens de 1996 conseillent les Parisiens de 2025

Par Adel Bentaha
11 minutes

En 1996, le Paris Saint-Germain remportait la seule Coupe d’Europe de l’histoire du club, une jolie C2 arrachée au Rapid Vienne. Les vainqueurs de l’époque racontent leur épopée et analysent ce PSG 2025.

Les Parisiens de 1996 conseillent les Parisiens de 2025

Casting :

Vincent Guérin : PSG (1992-1998, 182 matchs), titulaire en finale contre le Rapid Vienne.

Patrick Colleter : PSG (1991-1996, 156 matchs), titulaire en finale.

Bruno Ngotty : PSG (1995-1998, 80 matchs), titulaire et buteur en finale.

Luis Fernandez : PSG (1994-1996), entraîneur.


Dans quelle dynamique étiez-vous avant de défier le Rapid Vienne ?

Vincent Guérin : L’avantage que nous avions en 1996, c’est que la finale de Coupe des coupes se jouait avant la fin du championnat (le 8 mai pour la finale, le 18 mai pour la fin du championnat, NDLR). Il n’y avait donc aucune possibilité de relâchement ou de décompression en vue de la finale puisque nous luttions pour le titre avec Auxerre. Cette finale contre le Rapid, c’était même une belle parenthèse pour nous, puisqu’elle nous donnait la possibilité – en cas de victoire – de rentrer en France avec le mental gonflé à bloc.

Luis Fernandez : Avec cette lutte pour le titre en D1, pas besoin de surplus de motivation. La finale de Coupe des coupes s’intercalait entre les 36e et 37e journées et c’est vrai que ça nous permettait de penser à autre chose. Ce qui peut être bizarre quand on parle de Coupe d’Europe, mais comme on était dans une meilleure dynamique en C2 plutôt qu’en championnat, on avait confiance.

Bruno Ngotty : Nous étions même premiers à la trêve, avec une petite avance sur Auxerre. Mais dès le début de l’année, on a laissé filer des points, ce qui a permis à l’AJA de prendre la tête et ne plus la lâcher. La finale de Coupe des coupes, c’était donc l’opportunité de remobiliser tout le monde et ne pas finir avec rien à se mettre sous la dent.

Patrick Colleter : Neuf points d’avance sur Auxerre en hiver et après, c’est le trou noir. La Coupe d’Europe nous bouffait une énergie folle et, inconsciemment, on était plus attirés par cette victoire en Coupe des coupes que par le championnat. On avait peut-être la tête ailleurs en milieu de saison.

Ces jeunes n’ont pas l’air d’avoir peur de grand monde, donc je ne les vois pas s’écrouler face à la pression.

Bruno N’Gotty

En 1996, le PSG avait une moyenne d’âge de 30 ans. En 2025, le PSG a une moyenne d’âge d’un peu plus de 23 ans. L’expérience et la jeunesse jouent-elles un rôle dans une finale européenne ?

LF : À Paris, il n’y a que quelques joueurs qui ont l’expérience d’une grande finale (quatre titulaires : Gianluigi Donnarumma, Euro 2020 ; Marquinhos, C1 2020 ; Ousmane Dembélé, Mondial 2022 ; Fabián Ruiz, Euro 2024). C’est peu. Mais ces mecs-là, doivent justement devenir le relais de l’entraîneur vis-à-vis de leurs coéquipiers. Leur dire de ne pas paniquer à la moindre perte de balle parce que c’est une finale, de ne pas avoir les pieds qui brûlent quand il faut accélérer avec le ballon. Tout passera par le dialogue dans ce PSG, puisque le talent ils l’ont. Nous, c’était un peu l’inverse. Il a surtout fallu qu’on assure techniquement, parce que niveau gestion de la pression, on savait plutôt y faire.

PC : D’accord pour l’expérience, mais ils ont clairement un meilleur effectif que le nôtre. Tous leurs joueurs sont internationaux titulaires en sélection et tous jouent la Ligue des champions depuis plusieurs années. Ici, je pense que l’âge n’est vraiment qu’un chiffre. Alors oui, on dira que les joueurs de l’Inter ont plus de vécu, mais ceux du PSG ont l’insouciance de leur côté. Celle qui leur permettra de ne pas être bouffés par l’enjeu.

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VG : Je dirais même que ce PSG peut faire de son défaut une qualité. Ils ont l’un des effectifs les plus jeunes de la compétition, donc il y aura logiquement de la pression, voire de la crainte. Mais il y aura aussi de la confiance. Les premières minutes seront peut-être compliquées, le temps de digérer le contexte, mais je pense qu’une fois le match lancé, ils joueront le football qu’on les a vus pratiquer jusqu’ici.

BN : Il faut aussi dire que la dernière finale de l’Inter en Ligue des champions, c’est une finale perdue. Donc psychologiquement, Paris a un coup à jouer. Ces jeunes n’ont pas l’air d’avoir peur de grand monde, donc je ne les vois pas s’écrouler face à la pression. Je pense même qu’on assistera au scénario inverse. S’ils récupèrent rapidement le ballon pendant la partie, avec leur vitesse et leur fougue, ça peut aller très, très vite.

Quelle a été votre moteur, durant ce parcours de 1996 ?

VG : La force de notre équipe en 1996, c’est que l’on sortait d’une grosse période européenne. Une demi-finale de Ligue des champions l’année précédente (élimination contre l’AC Milan), une en Coupe des coupes (Arsenal) et une autre en Coupe de l’UEFA trois ans avant (Juventus). Et on avait gardé la même structure. Arrivés en Coupe des coupes, nous savions donc exactement comment gérer nos parties. Avant la finale contre le Rapid, nous avions d’ailleurs fait un parcours sans faute (deux buts seulement encaissés en huit rencontres).

PC : J’étais vraiment gavé de me faire sortir trois ans de suite en demies. Surtout qu’on se tapait toujours de gros parcours et qu’on chutait au dernier moment. En 1996, ça aurait été le coup de trop. Arrivés en finale, on s’est dit qu’il était hors de question de laisser passer l’occasion, surtout que l’adversaire était largement à notre portée. C’était le moment de mettre Paris tout en haut et de succéder à Marseille.

 

 

BN : La demie de C1 a clairement permis de faire passer un cap aux gars. Je suis arrivé un an après leur élimination contre le Milan, et ils en parlaient encore. Il y avait eu peu de mouvement au mercato et les cadres étaient encore là. Donc quand on commence notre parcours en Coupe des coupes, on sait qu’on a les moyens de frapper fort. Surtout qu’on tape les meilleures équipes en cours de route et qu’on joue le petit Poucet en finale. Tout était réuni pour qu’on gagne.

LF : Il était hors de question que je perde contre le Rapid Vienne ! Avec tout mon respect, on s’est farci les grands Parme et Deportivo La Corogne, on n’allait donc certainement pas trébucher sur la dernière marche contre le Rapid. Notre force aura été de jouer tous ces matchs comme une finale, jusqu’à la vraie finale. Le plateau était relevé et a plus ou moins rappelé la Ligue des champions de 1995 à mes gars. Ils se sont mis dans des conditions Ligue des champions.

Et où situeriez-vous le déclic pour cette génération 2025 ?

BN : Liverpool, je dirais. Tout le monde les annonçait perdants et ils ont fini par se qualifier là-bas, en résistant comme des vétérans.

PC : Liverpool aussi. Au match aller, ils doivent gagner largement, mais finissent par perdre, tout le monde s’est moqué de ce manque de réalisme. Mais au retour, ils ont vite mis tout le monde d’accord. Liverpool n’a pratiquement pas été dangereux, et la force collective du PSG s’est illustrée ce soir-là. Leur groupe est né à Liverpool.

VG : Pour moi, c’est simple, depuis le match contre Manchester City, les Parisiens donnent l’impression d’avoir compris comment gagner des rencontres importantes. Ils laissent rarement le ballon à l’adversaire, ils pressent très haut quand ils le perdent et ils ferment tous les espaces derrière. La preuve, c’est que depuis ce match, ils ont concédé assez peu d’occasions.

LF : Ils reviennent de loin, ces garçons, tout de même. Moi je dis que ce PSG de 2025 doit être dans la même optique que nous. Ils ont déjà gagné un capital sympathie important grâce à leur parcours, ils doivent donc se mettre en tête que gagner cette Ligue des champions peut les faire basculer historiquement. Pas seulement au niveau du palmarès, mais dans la tête des gens. Ce qui est encore plus important. Regardez-nous : près de 30 ans plus tard, vous m’appelez pour me parler de la finale de 1996. C’est la preuve qu’une Coupe d’Europe, ça marque bien au-delà des statistiques ou du jeu.

Ces finales, ce sont les staffs qui les gagnent, pas les joueurs. C’est le staff qui a la responsabilité de mettre les joueurs dans les meilleures conditions physiques et mentales.

Luis Fernandez

D’un point de vue personnel, comment avez-vous appréhendé votre finale ?

PC : Je n’étais pas du tout stressé, mais vraiment pas. Je savais que c’était un match important, mais je ne me suis pas mis en tête que c’était le dernier. Je pense que ça m’aurait fait déjouer de penser comme ça. J’étais simplement impatient d’en découdre avec le Rapid, parce que je savais que j’avais l’occasion de mettre un terme à ces trois ans d’élimination en demies. Oui, c’était de l’impatience, pas de la crainte.

VG : C’est très curieux, mais ce qui m’a aidé à préparer ma finale, c’est d’avoir déjà vécu l’expérience à l’Euro des moins de 20 ans (victoire 3-0 contre la Grèce en 1988). C’est un contexte complètement différent, mais d’avoir vécu ce match contre la Grèce en 88 m’a vraiment aidé à gérer le stress d’une Coupe d’Europe. J’étais même assez détendu. Peut-être confiant aussi, puisque nous étions supérieurs au Rapid, mais je ne me souviens pas d’avoir été particulièrement stressé.

 

 

LF : J’ai dit un truc très simple à mes joueurs pendant la causerie : « Vous n’avez pas seulement l’occasion de remporter un titre, mais l’occasion de marquer l’histoire du football français. » Pas besoin de faire cent discours. Je voulais juste qu’ils comprennent qu’une ville comme Paris se devait de gagner en Coupe d’Europe. C’est le prestige de la capitale. Et ça a sacrément bien marché. Ces finales, ce sont les staffs qui les gagnent, pas les joueurs. C’est le staff qui a la responsabilité de mettre les joueurs dans les meilleures conditions physiques et mentales. En 1996, le groupe avait un peu la tête dans les chaussettes parce qu’on enchaînait les mauvais résultats. On se réunissait donc chaque jour avec mes équipes pour justement trouver les leviers qui permettraient de garder les mecs en alerte. Et le principal levier c’était : marquer l’histoire.

BN : Mentalement, on avait eu une petite période de creux, c’est vrai. Auxerre était dans une excellente dynamique, ce qui n’était pas forcément notre cas. Il y avait donc le risque de laisser échapper et le titre en D1, et la Coupe des coupes. Finalement, la direction a trouvé la solution Yannick Noah. (Rires.) Ça a un peu surpris tout le monde, on ne va pas se le cacher, et tout le monde n’était pas forcément d’accord, mais on a fini par se plier à leur choix. Le coach Luis n’était pas spécialement contre, tant que ça n’interférait pas dans son travail. Mais Yannick s’est montré très respectueux à ce niveau-là. Il nous a accompagnés pendant quelques jours, jusqu’à la finale. Le but, c’était de nous apporter du sourire et de la détente, ce qui lui avait permis de gagner Roland-Garros en résumé.

En 2025, cette victoire serait aussi celle de Luis Enrique.

LF : Mais il n’y a même pas de discussion ! Enrique, on lui a craché à la gueule pendant un an, en disant qu’il n’était pas fait pour ce poste, qu’il était arrogant et blablabla. Aujourd’hui, ce sont les mêmes qui viennent le féliciter… Cet effectif, c’est le sien. C’est lui qui a créé ce groupe, ultra-collectif, avec des joueurs polyvalents. C’est lui qui a concerné tous ces jeunes, qui en a fait une équipe de Ligue des champions. Enrique, il s’est dit quelque chose de très simple : « Vous pensez que je suis mauvais ? Ok, je vais vous montrer qu’on peut mourir avec ses idées et avec la manière. » Bon, après pour Luis Enrique, la gestion mentale est assez différente, puisqu’eux ont été sacrés champions un mois à l’avance. Ce temps restant, il l’a donc plutôt bien utilisé pour donner du repos à ses titulaires d’abord, puis pour roder son système.

BN : Il en a fait une équipe tout simplement. Ça peut paraître simple, mais avoir autant de talents qui défendent et attaquent avec la même envie, je peux vous assurer que c’est très difficile à mettre en place. Car chacun pourrait penser à lui. Le Barça, par exemple, a été piégé comme ça par l’Inter. En attaque, c’était exceptionnel, mais en défense, on a vite compris qu’ils étaient en grosses difficultés et que tout le monde ne faisait pas les efforts. Leur élimination est due à ça. Paris et l’Inter ont finalement le même point fort : la solidarité. La seule différence, c’est l’âge comme on en parlait précédemment, et la question qui reste maintenant, c’est : qui sera le plus fort entre les vieux et les jeunes ? On va dire Paris !

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Par Adel Bentaha

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