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Pourquoi Marco Simone n’entraîne-t-il qu’en Ligue 2 ?

Par Régis Delanoë
Pourquoi Marco Simone n’entraîne-t-il qu’en Ligue 2 ?

Le 7 novembre dernier, Marco Simone a officiellement pris la succession de Denis Zanko sur le banc de Laval. Pour le technicien et ancien attaquant italien, c’est la troisième expérience d’entraîneur en France, toutes effectuées en L2. Après Monaco en 2011/2012, puis Tours la saison dernière, c’est donc chez les Tangos qu’il va essayer d’enfin faire démarrer une carrière qui patine un peu.

Parce que son bilan n’a rien de bien folichon

Marco Simone, cela a d’abord été un joueur, un attaquant brillant à l’AC Milan, éphémère international italien, puis en France, au PSG (la fameuse paire Maurice/Simone), à Monaco puis à Nice. Une carrière très honorable, poursuivie par une phase de transition comme consultant après sa retraite en 2006. En 2011, il a l’opportunité de démarrer sa seconde carrière, celle d’entraîneur. Cinq grosses années après, le bilan est mitigé, surtout lorsqu’il est comparé aux succès rencontrés crampons aux pieds. À Monaco d’abord, alors que le club est descendu en L2 et qu’il récupère le poste de Laurent Banide en septembre 2011, il se montre incapable de le faire remonter en Ligue 1 à l’issue de la saison. L’ASM était 18e à son arrivée sur le banc, se retrouve 8e au printemps, ce qui est plutôt correct comme redressement, mais insuffisant pour qualifier l’expérience de pleinement réussie. Obtenir treize victoires en trente-deux matchs de championnat, avec le plus gros budget de L2, ce n’est pas hyper brillant.

Après un intermède suisse franchement raté cette fois du côté de Lausanne Sports (une descente comme directeur technique, quatre victoires en treize matchs sur le banc en D2), Simone retente l’aventure L2 la saison passée avec Tours. Là encore, ce n’est pas catastrophique, avec au bout du compte une 9e place finale pour le 15e budget, mais ce n’est pas non plus fantastique, d’autant que la montée était pas mal espérée lors de son arrivée en Touraine, que ce soit par son ex-président Jean-Marc Ettori ( « C’est la personne qu’il faut pour franchir des échelons, en tout cas au moins un : nous amener en Ligue 1 » ) ou par l’intéressé lui-même, comme il l’expliquait sur le plateau du CFC en septembre 2015.

Parce qu’il a l’air de bien aimer l’embrouille

Il y a peut-être une part de maladresse involontaire dans les propos publics de Marco Simone. Après tout, le français n’est pas sa langue maternelle et il est parfois difficile de faire dans la nuance dans une langue étrangère non maîtrisée à 100%. Reste que Marco Simone semble avoir des difficultés à ne pas se brouiller avec ses employeurs depuis qu’il est devenu entraîneur. À Tours, la saison dernière, les relations avec Jean-Marc Ettori s’étaient dégradées au fil des mois, jusqu’à une interview accordée au Figaro en mars dernier, au cours de laquelle le coach tourangeau reprochait son manque d’assiduité à son boss ( « on le voit le jour du match et c’est tout » ), tout en ayant la comparaison un brin foireuse : « J’ai connu Berlusconi, Denisot, Campora qui étaient des références, avec Jean-Marc Ettori, ce n’est pas extraordinaire, mais ce n’est pas la fin du monde. »

Si le président de Tours semble être le genre d’homme à aimer les situations conflictuelles, disons que Simone n’a rien fait pour apaiser le climat, ce qui a pu nuire à sa réputation dans un milieu du foot assez conservateur. D’autant plus que l’homme à la barbiche et au gel fixation béton sait aussi se montrer rancunier, même plusieurs années après. C’est ainsi qu’il ne manque jamais de revenir sur les conditions de son départ de Monaco en 2012, alors que l’actuel actionnaire majoritaire du club Dmitri Rybolovlev était arrivé sur le Rocher quelques mois plus tôt. « Ce n’est pas parce qu’il y avait une absence de résultats qu’on m’a remplacé à la fin de la saison. Non. C’est parce que les dirigeants n’avaient pas la logique et la connaissance du football » , dézinguait-il en octobre 2014 dans une interview à Nice Matin, avant de tacler le travail de son successeur au cours du même entretien : « Ranieri a eu une équipe saine, où la majorité des joueurs avaient passé déjà une moitié de la saison à gagner tous les matchs avec moi. Pour le début de la deuxième saison, la voiture était bien rodée quand il est arrivé. »

Il continue de se donner le rôle de victime magnifique lors d’une autre entrevue avec la presse en avril 2015 : « Quand je suis arrivé à Monaco, on n’avait pas d’argent. On n’avait rien, à part des jeunes. C’est toujours plus facile de travailler avec de gros moyens, ce dont je n’ai pu bénéficier. » Même s’il y a sûrement une part de vrai dans ce qu’il dit, l’essentiel est autre : les gémissements publics ne font pas forcément bon effet. Il y a déjà assez d’entraîneurs caractériels en ce moment à l’étage au-dessus…

Parce que ses choix sont chaque fois casse-gueule

Avant de commencer sa carrière d’entraîneur à Monaco, Marco Simone avait dit rêver d’occuper ce poste un jour. Jusqu’alors, tout allait bien, donc, et faisait sens, avec un beau défi à relever dans un club qu’il avait bien connu comme joueur. Pas de bol, il s’est fait éjecter, certes un peu salement, par les nouveaux proprios russes, façon Kombouaré au PSG pour laisser place à Ancelotti. C’est rude, mais depuis, l’ancien buteur a semblé faire des choix un peu n’importe comment et sans trop réfléchir sur le long terme, privilégiant les plans casse-gueule pris dans la précipitation plutôt que de faire preuve de patience. Partir en Suisse dans un club en pleine déliquescence, ce n’était pas l’idée du siècle. Choisir Tours pour tenter le projet de faire monter un club en élite française, il y avait peut-être mieux aussi. Et donc là, rebelote en L2 avec Laval, la formation emblématique de ce championnat, alors même qu’il avait semblé finir la saison dernière au bord du burn-out

Parce qu’il doit y faire ses armes (enfin, pas trop longtemps quand même)

San Marco, en mars dernier, disait ceci : « J’aimerais avoir une longue carrière et pouvoir améliorer mon niveau. J’ai quarante-sept ans aujourd’hui, d’ici dix ans, j’espère aller plus loin et plus haut. » Après tout, c’est vrai : Simone n’a encore que quarante-sept ans, ce qui est plus jeune que dix-sept des vingt entraîneurs actuellement sur le banc en L1. Avec à peine cinq ans d’expérience comme entraîneur, il est encore jeune et a le temps d’apprendre, de prendre des gadins et de rebondir, même en divisions inférieures.

Sauf que, quand même, il a l’air moyennement motivé à l’idée de faire toute sa carrière dans la deuxième division française, lui qui, toujours en mars dernier, reconnaissait aussi ceci : « Demain, on me dit que je suis coach au Real, j’y vais.(…)Je suis convaincu que c’est plus facile d’être entraîneur au Real Madrid qu’à Tours. » En attendant le coup de fil de Florentino Pérez pour s’occuper de Ronaldo and co, c’est désormais chez les Tangos de Mayenne que Simone va encore devoir refaire ses preuves. Same player plays again.

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Par Régis Delanoë

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