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Pourquoi les syndicats appellent de nouveau à une grève pour France-Danemark
Malgré les incidents survenus aux abords du Stade de France pendant la finale de la Ligue des champions, les syndicats des conducteurs de RATP ont de nouveau appelé à une grève sur le RER B ce vendredi à l'occasion de la rencontre entre l'équipe de France et le Danemark. Le secrétaire communication de la CGT Métro-RER, Yannick Stec, explique les motivations des syndicats, pas freinés par les événements du week-end dernier.
Pourquoi appeler de nouveau à la grève sur le RER B après les incidents de samedi ?Ce n’est pas le côté jouissif de foutre le bordel. Ça n’a rien à voir, on n’arrive juste pas à se faire entendre auprès de la RATP. On est dans une situation de sous-effectif chronique sur les RER. Ça arrive qu’on commence nos journées à 4h30 du matin et qu’on doive aller jusqu’à 1h30 le soir. Sans compter nos salaires qui stagnent. On perd du niveau de vie alors que l’entreprise est en bonne santé. Malgré un mouvement de grève assez suivi depuis la mi-mai, la RATP n’a même pas pris la peine de contacter les syndicats pour trouver une solution. Là, on veut remettre le couvert vendredi pour le match de l’équipe de France. Il faut qu’on parle enfin de nous. La direction fait la sourde oreille depuis six mois alors que la colère gronde chez les conducteurs. Quand on joue avec le feu, ça doit péter.
Les événements du Stade de France ne vous font pas reculer en vue d’un nouvel appel à la grève ?Il y a eu des problèmes du Stade de France, mais il ne faut pas tout nous mettre sur le dos. On avait choisi de se mobiliser le 28 mai justement pour cette finale. On voulait qu’on parle de nos revendications, car on ne cesse d’alerter la RATP en vain. Malheureusement, il y a eu ces incidents. Après, samedi, on s’attendait à ce que la direction fasse un pas vers nous pour discuter, d’autant que l’ampleur des événements porte préjudice à l’image de l’entreprise. Mais non, rien. C’est une stratégie de pourrissement volontaire de la part des dirigeants. Le dialogue social n’est pas sain. On n’utilise pas un événement mondial dramatique dans un rapport de force contre ses propres salariés. Nous, on était tous atterrés devant les vidéos qu’on a vues ce samedi, donc on s’imaginait qu’il y aurait une tentative d’apaisement de la part de la RATP, mais c’est tout le contraire. Ils nous laissent vraiment pourrir dans cette situation.
Dans leur communiqué publié ce mardi, les syndicats indiquent que « la direction [de la RATP] porte l’entière responsabilité des problèmes d’acheminement des supporters au Stade de France ». Pourquoi un tel discours, alors que les événements auraient pu prendre une tournure dramatique ? Ce communiqué, c’est moi qui l’ai tapé. Nous, on ne revendique pas les incidents. On dit juste qu’il y a eu une réussite de la grève, ce qui est une réalité. En revanche, c’est la direction de la RATP qui porte la responsabilité du fiasco. On les avait prévenus de ce mouvement de grève depuis un moment. On avait même rédigé un communiqué la semaine dernière où on expliquait déjà pourquoi ils seraient les seuls responsables d’une finale gâchée. Ensuite se sont greffées les histoires de faux billets et les émeutes qu’on connaît, mais on ne peut pas rejeter la faute sur nous. Dire que notre grève sur le RER B a engendré les incidents dramatiques qu’on a tous constatés est un énorme raccourci. La ficelle est trop grosse, là ! Les retards d’acheminement, ils ont eu lieu car les fans de Liverpool sont allés à la fan zone de Nation avant d’aller au Stade de France. Mais nous, on avait prévenu de ce qu’on faisait samedi en amont.
Vous ne craignez pas qu’il y ait encore des débordements avant France-Danemark si jamais vous faites grève ?Pour vendredi, on n’est pas inquiets. Ce n’est pas le même type de supporters, pas les mêmes organisateurs non plus. Cela n’aura pas les mêmes conséquences que samedi dernier. La fédération sait bien gérer quand c’est l’équipe de France. La finale de Ligue des champions, c’était un manque d’organisation d’un peu tout le monde. Donc non, on ne pense pas que cela se reproduira de la même manière. En revanche, si c’est le seul moyen pour se faire entendre, on l’utilise. Dans un conflit social, tout est une question de rapport de force. Le problème d’effectif est toujours là. Pour France-Danemark, nous, on demande juste à être écoutés. Ce n’est pas de gaieté de cœur, mais on le fait.
Propos recueillis par Gabriel Joly