- Europa Ligue
- Lille/Liverpool (1-0)
Pas un Hazard
Quand on se prénomme Eden et que l'on affiche Hazard comme patronyme, on se prépare forcément à une carrière riche en jeux de mots (pourris?). Face à des Reds à l'Ouest (d'Eden ?), Lille a emporté la décision grâce à un superbe but de son jeune Belge, en toute fin de match. Les Reds savent désormais qu'il ne faut rien laisser au Hazard...
Si Eden Hazard n’a payé que la moitié du billet du LOSC pour le premier quart de finale européen de l’histoire du club, il a bien validé l’idée qu’il passera la Manche très prochainement, et pas uniquement pour aller défendre le résultat de son superbe coup-franc à Anfield Road. A la 84e minute, le bondissant Belge a fouetté un ballon arrêté légèrement excentré côté gauche, et d’une frappe aussi enroulée que plongeante a trompé Pepe Reina, observateur impuissant du rebond qui propulsait le ballon dans son petit filet. En bottant ainsi son coup de pied arrêté, Hazard devait miser sur la coupe de la trajectoire par un partenaire, reste que c’est bien lui qui a fait la différence dans un match qui semblait s’acheminer vers un triste 0-0.
La tendance de la partie fut pourtant claire et à sens unique. Face à des Reds moribonds, les Lillois ont squatté la moitié de terrain anglaise pendant un bonne partie des 90 minutes. Leur entame de match laissait d’ailleurs augurer du meilleur. Un peu comme Kaka mardi face à Lyon, Cabaye était lancé dans la surface dès les premières secondes de jeu et butait sur Pepe Reina. L’option lilloise se dessinait à gros traits : prendre la profondeur pour bousculer la pataude arrière-garde adverse, notamment à sa gauche, tenue par Insua. Un schéma qui fonctionnait face à des Anglais sous antidépresseurs, à l’image d’un Kuyt mangé dans un duel par Emerson, et d’un Gerrard fantomatique. On avait pourtant vu Fernando Torres taper vigoureusement dans les mains de ses partenaires avant le coup d’envoi, mais c’était sans doute pour se réchauffer dans la froideur de Villeneuve d’Ascq.
Liverpool asthénique face à des Dogues survitaminés, décidément cette rencontre se présentait sous les meilleures auspices pour les militants de la remontée de l’indice français à l’UEFA. Sauf qu’un ensemble de facteurs -certains prévisibles et d’autres moins- resserra l’écart de vitalité entrevu lors du premier quart d’heure. Tout d’abord une pelouse qui partait en lambeaux : un rectangle pas remis du mauvais traitement d’un Lille-Auxerre joué dans des conditions proches de l’impraticable.
Pour une équipe qui affectionne le jeu au sol, et d’autant plus depuis la blessure du grand Tulio De Melo, l’effritement du gazon tombait mal. Animée par des petits gabarits, l’attaque lilloise se trouvait dépourvue de solutions alternatives. La moyenne du trio Hazard-Frau-Obraniak culminant à 1m73 sous la toise, chiffre arrondi à la décimale supérieure… Plus de 10 centimètres de moins que leurs vis-à-vis. Une attaque également pénalisée par l’absence de Gervinho, blessé début février. Car l’Ivoirien fait partie de ces joueurs rares et chers capables d’éclaircir les idées de son équipe quand l’élan de générosité l’emporte sur la réflexion.
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Un Torres remonté
Après l’heure de jeu, les Lillois esquissèrent tout de même un début de Plan B, en envoyant quelques pétards bien sentis (Frau à la 65e, Cabaye à la 71e). Les Dogues n’avaient plus les jambes pour autre chose, à part un Eden Hazard intenable. Car si Lille a rapidement relâché l’étreinte de son début de match pour se contenter d’une domination à basse intensité, c’est qu’à force de jouer tous les trois jours et de taper dans leurs réserves, les Dogues se retrouvent rapidement en panne d’essence. Seul leur but les revigora dans les cinq dernières minutes. Comme Liverpool.
On vit alors l’orgueil blessé du champion, avec un Fernando Torres menaçant. Beria mit son corps en opposition pour empêcher une cruelle égalisation. Dans une arrière-garde Chedjou-Rami-Beria-Emerson, trop inexpérimentée à l’échelon européen, un hold-up signé El Nino menaçait. Déjà, avant le réveil des siens, il avait été l’un des seuls à donner signe de vie, en lançant Babel devant Landreau (26e), puis d’une autre manière, en étant à deux doigts d’aller emplâtrer un Obraniak chambreur (64e), avant de voir un explicite « Fuck Off » sanctionné d’un carton jaune (67e). Une juste décision.
Ce qui ne fut pas toujours le cas jeudi soir. Car dans la difficulté lilloise à trouver le chemin des filets, la responsabilité de l’arbitre et de ses assistants peut aussi être engagée. Deux hors-jeu étaient sifflés à tort quand Hazard (50e), puis Frau (61e) allaient se présenter seuls devant Pepe Reina. Un pénalty fut encore oublié, quand Carragher fit jouer toute son expérience face à… Eden Hazard. Encore lui. Un joueur qu’il pourrait croiser sur sa route prochainement sous le maillot de Manchester United ou Chelsea. A moins qu’ils se retrouvent sous le même uniforme, à évoluer dans le même jardin qu’Eden.
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