Palestine – Foot et Indépendance
C'est un territoire qui se situe entre la mer Méditerranée et le fleuve Jourdain. On ne s'y rend plus ou rarement. La vie y est comme en suspension. Bienvenue en Palestine.
Alors quand des milliers de Palestiniens se retrouvent dans un stade, on est en droit d’imaginer le pire. Mais dimanche, ce rassemblement était d’une toute autre nature. La population venait en effet supporter son équipe nationale pour son premier match à domicile, face à la Jordanie.
Un match comme un message
Depuis le temps et l’accumulation des conflits, nous en avons connus des matchs symboles, réunissant l’instant d’une dispute sportive deux peuples désunis. Il y a eu l’explosif États-Unis-Iran, le sulfureux Timor Oriental-Indonésie ou plus récemment un bouillant Arménie-Turquie. Mais aucun n’aura eu la saveur particulière de ce match à une inconnue. La Palestine ne jouait pas contre quelqu’un dimanche, elle jouait pour elle.
Cette rencontre, à laquelle ont assisté le président Mahmoud Abbas et Sepp Blatter, est la finalité d’un travail de longue haleine pour le général Jibril Rajoub, qui occupe depuis mai les fonctions de Président de la Fédération Palestinienne de Football, après avoir dirigé le Service Sécurité Préventive – tout un symbole.
« Ce match est un message délivré au monde entier. (…) la détermination du peuple palestinien qui garde le sourire et croit en un avenir meilleur » , assure le général Rajoub, avant de poursuivre : « Le football n’est ni pour le Fatah ni pour le Hamas, c’est pour tout le monde. En tant que président de la Fédération, je me garde de politiser le football » . La preuve s’il en est du sens unique de ce match, pour le moins fédérateur dans un pays en guerre contre lui-même.
Nouveau stade et nouveau football
Sous son impulsion, le championnat de première division a repris en Cisjordanie après huit ans d’interruption dus aux violences de l’Intifada. « L’époque où la Palestine recevait hors de chez elle (en l’occurrence en Jordanie, la plupart du temps) est révolue. Ceux qui ne veulent pas venir, c’est leur problème » explique-t-il.
Il faut savoir que la Palestine est affiliée à la FIFA depuis 1998, bien que la Cisjordanie et la bande de Gaza, occupées par Israël, n’aient pas encore obtenu leur indépendance. Et qui dit FIFA dit stade aux normes. Le nouveau stade, en gazon synthétique et d’une capacité de 6000 places, a donc été construit grâce à une donation de la FIFA et porte le nom d’un dirigeant palestinien de Jérusalem est, Fayçal Husseini, mort d’une crise cardiaque en 2001.
Comme un symbole, cette arène du football se veut le début d’une nouvelle ère sportive en accueillant ce premier match. Le sélectionneur jordanien de l’équipe de Palestine Ezzat Hamzeh abonde dans ce sens : « Ce match sera un événement historique, une porte d’entrée pour le football palestinien sur la scène internationale » .
Une équipe-type
Bien que secouée par les querelles de pouvoir opposant le Hamas, qui a pris le contrôle de Gaza en juin 2007, à Mahmoud Abbas, dont le pouvoir se limite à la Cisjordanie, l’équipe nationale est composée de joueurs provenant des deux territoires. Une situation parfaitement résumée par l’attaquant Ahmad Kashkash : « Notre présence en équipe nationale prouve que le sport peut réussir là où la politique a échoué » .
Disputé devant 6500 spectateurs, dont des hauts dirigeants du football mondial, le match s’est finalement soldé par un résultat nul (1-1).
Le football s’habille un peu plus chaudement en prévision de l’hiver qui s’annonce et propose une image nouvelle. Loin des folies de stars, le sport se ré-humanise et offre un soupçon d’espoir à quelques-uns. La guerre est toujours là, mais aura pu disparaître une petite heure et demi. Merci.
Par Julien Nodot
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