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Nice-Cologne : jusqu’à quand ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Nice-Cologne : jusqu’à quand ?

Les graves incidents qui se sont déroulés ce jeudi soir dans les gradins de l’Allianz Riviera ont le goût amer du déjà-vu. Pourtant, cette fois, les conséquences auraient pu se révéler dramatiques, puisque la vie d’un homme a été mise en danger. La question ne consiste même plus à trancher entre partisans d’une ligne dure (interdiction des parcages visiteurs) ou ceux qui désirent des sanctions proportionnées et individuelles. Il serait juste temps que le monde politique et les pouvoirs publics prennent le foot au sérieux (combien de fois l’avons-nous écrit) !

« Il y en a marre, il y en a vraiment marre que notre sport soit sali de cette façon, qu’on ne puisse plus se dire qu’on va avec ses gamins de manière sereine et sécurisante dans un stade. » Comment réagir face aux propos moralisateurs de la ministre des Sports et des Jeux olympiques, Amélie Oudéa-Castéra ? Lever les épaules ou les yeux au ciel ? Lui demander si elle compte embaucher des groupes d’intervention en char à voile ? Que répondre à Christian Estrosi, maire d’une ville déjà sous les feux de l’actu dans la journée pour un tir mortel d’un policier pour un refus d’obtempérer. Le foot est le sport numéro 1 en France, le plus populaire. Il doit évidemment rendre des comptes, ou plutôt être concerné par les grandes problématiques de notre société dont il est partie prenante – dont l’écologie. Il s’imposerait en retour que les autorités – gouvernement, forces de l’ordre, administrations territoriales, élus locaux, etc. – de la République lui accordent l’attention et le sérieux qu’il mérite. Les violences entre supporters qui ont retardé le coup d’envoi de Nice-Cologne, comptant pour la première journée de Ligue Europa Conférence, révèlent finalement tout le mépris et l’amateurisme autour des matchs de foot et de leur sécurité publique.

Le constat n’a rien de nouveau. L’Allianz Riviera avait par exemple déjà connu en son sein des affrontements violents entre Nissards et Stéphanois en 2013. Il avait été pointé du doigt notamment la possibilité de circuler librement dans l’enceinte d’un virage à l’autre. Les jets de bouteilles lors de la rencontre de Ligue 1 la saison dernière contre l’OM avaient démontré la faiblesse et les failles des dispositifs de protection et de l’encadrement par les stadiers. Ce magnifique monument, si difficile d’accès en transports en commun, était censé illustrer la modernisation des infrastructures du foot tricolore à l’occasion du si onéreux Euro 2016 pour les finances publiques. On a juste apparemment oublié l’essentiel : la sécurité des spectateurs et des joueurs…

Des questions, mais aucune réponse apportée

Que dire de la prévention et de la préparation des rencontres à risque ? Quel est le rôle aujourd’hui de la DNLH (Direction nationale de lutte contre le hooliganisme) ? Comment s’évaluent et se repèrent les dangers ? Toute personne un peu au fait de la vie des tribunes savait que ce choc en C4, au regard du profil, notamment politique, des ultras niçois et du noyau dur de Cologne, ainsi que de leur amitié respectives avec les anciens rivaux parisiens du KOB et du VAG, s’avérait à haute tension. Et quand bien même, dix minutes à surfer sur le net suffisaient largement pour rattraper son retard. Le dispositif des forces de l’ordre était-il alors adapté ? (Quel type de policiers ? Quelle action en amont ?) Les CRS ne servent finalement qu’à contenir et sévir, et il est alors souvent trop tard. Sans parler des mesures propres au club comme le nombre de stadiers, les fouilles, l’aménagement d’installations pour séparer les groupes rivaux…

Est-il besoin de rappeler ce qui s’est produit à Auxerre voici quelques jours, où près de 200 fans de l’AJA et de l’OM ont provoqué des échauffourées devant un restaurant à 300 mètres de l’Abbé-Deschamps, alors que tous les signaux d’alerte étaient au rouge. L’intervention des matraques et lacrymos officielles n’est survenue qu’au bout d’une vingtaine de minutes, la partie étant finie. Le parcours européen de l’OM a été aussi émaillé d’incidents spectaculaires devant le Vélodrome. Or, étant donné les adversaires du soir, ils étaient quasiment annoncés. Il serait facile de continuer la litanie de ces exemples. Le fiasco de la finale de la Ligue des champions au Stade de France en incarne la preuve la plus terrible et honteuse pour notre pays.

Le foot engendre une énorme économie qui se gave de droits télé ou de transferts (5 milliards de dollars pour le dernier mercato, à en croire la FIFA). La passion populaire qui sous-tend et justifie cette folie financière se répercute, effet pervers ou conséquence logique, dans des matchs à risques. Interdire les déplacements n’y changera rien, les factions qui veulent en découdre, que l’on psychologise ou sociologise leur démarche, feront toujours le déplacement. Toutefois, le débat ne se situe même plus à ce niveau. État, ministère, police, LFP, clubs doivent enfin assumer leur responsabilité. Il ne s’agit pas d’un épiphénomène ou de quelques excités. Il s’agit d’un enjeu sérieux, incontournable et important du football…

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