Niang Ni Cissé
Hier soir, l'OM s'est payé l'OL...Où l'on tire deux grandes leçons : d'une part Niang confirme être un très bon footballeur, d'autre part, l'OM ne retrouve son football que contre des équipes plus fortes qu'elle. Est-ce à dire que le vrai problème de l'OM en L1 serait le niveau même de ce championnat ?
Ce n’est évidemment pas une coincidence : ce matin, on annonçait le prêt de Matt Moussilou au Qatar, à l’Al-Arabi Doha. L’ancien buteur de Lille est reparti comme il est venu, n’importe comment, n’importe quoi. Matt Moussilou a débarqué cet été à l’OM à la surprise générale, au cas où Cissé se casserait un bras après les deux jambes.
Aujourd’hui, Matt Moussilou ne sert plus à rien : l’OM n’a plus besoin du remplaçant du remplaçant. Pire, sans doute que si Cissé se pétait le bras, cela arrangerait bien tout le monde. Le joueur, dont la fierté serait soulagée par cette blessure opportune le renvoyant de facto sur le banc sans que ses qualités footballistiques ne puissent être remises en cause ; Eric Gerets, qui ne pourrait être accusé de flanquer le plus gros salaire du club sur la touche.
Car la vérité, c’est que depuis l’arrivée du Belge à l’OM, le titulaire du poste d’avant-centre s’appelle Mamadou Niang. Et ce n’est pas volé. On l’aura maintes fois répété ici, mais le Sénégalais est de ces joueurs qui ne la ramènent pas trop, mais qui, sur le terrain, se « dépouillent » comme on dit, en tout cas, donnent ce qu’il faut donner, et finissent par être justement récompensés. Quand on l’interroge sur ce match d’hier contre Lyon où il colle deux buts, et fait trembler Vercoutre une double paire de fois, il déclare, en gros : « Mandanda est super et moi j’ai sans doute un peu de chance… ». Voilà Mamadou Niang, modeste.
Et pourtant, à Strasbourg, avec Pagis, il formait déjà l’un des duos les plus appréciables du football français. Buteur, passeur, bon dribbleur, capable de jouer dos au but comme de plonger au premier poteau pour coller un bout de bout de semelle ou de filer dans le dos d’une défense à la limite du hors-jeu – la « limite » Djibril ! – Niang est l’anti-Cissé. Se fout de la verticale.
Et tant mieux car l’OM de Gerets étire, se déploie, fixe en pointe, l’OM de Gerets ne joue pas (seulement) la contre-attaque ; Eric Gerets n’est pas Timoslav Ivic. Donc l’OM rejoue au football. Bonne nouvelle. Après une belle prestation contre Porto, malgré la défaite, c’est Lyon qui a constaté la renaissance du football marseillais hier soir. Ou plutôt, qui a constaté que l’OM 07/08 est surtout à l’aise contre des équipes qui lui sont supérieures : Liverpool, Porto, Lyon. Le grand drame de cet OM-là, c’est d’être finalement incapable de dominer un plus faible. Raisonnement par l’absurde : dans une Ligue 1 ras des pâquerettes, ça donne une 19e place avant d’aller à Gerland.
Là, Gerets avait aligné sa nouvelle équipe type. La défense de Monaco, le milieu bas du PSG et un trident offensif Nasri-Valbuena-Ayew…Marseille aurait même un peu de gueule, finalement. Là où on attendait beaucoup de Ziani et rien de Zenden, on n’est finalement pas déçus par cette réorchestration.
En face, l’OL montrait qu’il n’avait rien à envier aux lacunes défensives de l’OM avec un Cléber Anderson qui compte les jours en attendant le retour de Cris et son transfert direct vers le banc, puis, à la fin de la saison, dans le ventre très mou de la Premier League. Sont-ce les défenses qui étaient faibles hier ou les attaques performantes ? Un peu des deux sans doute, et Gerets a pu faire la fine bouche, estimant ne pas avoir assisté à un grand match de L1 « en tant qu’entraîneur » car il y avait eu « trop d’occasions de but »… « Mais c’était une bonne publicité pour le foot », ponctua-t-il, interrogé par nos confrères de L’Equipe.
Faut-il conclure que Gerets privilégie le résultat sur le jeu ? Evidemment non, Gerets est un esthète de la défense voilà tout. Il jouit du tacle, se régale du marquage serré, s’enflamme sur une tête rageuse qui expédie le ballon loin des 18 de Mandanda, se pâme dès que l’on parle « marquage en zone ». Gerets est sans doute de ces entraîneurs brillants qui savent qu’il existe de magnifiques 0-0. Et de très laids 8-0. Que buts et spectacle ne sont pas synonymes, sauf pour quelques grabataires qui vous pondent des projets de rénovation du football avec des buts agrandis. Et pourquoi pas des gardiens à un bras ?
Eric Gerets n’est pas sénile, et sa défense lui cause du souci, maintenant qu’il a en partie réglé le problème de l’attaque – Niang, Nasri, Valbuena, ok, ne reste qu’à trouver celui qui sera au-dessus d’Ayew, et il ne s’appelle pas Arrache -. Seule véritable satisfaction, Lolo Bonnart, l’ancien joueur du Mans, sorte de sosie de Patrick Blondeau sans Véronika Loubry. Rodriguez-Givet, à terme, cela devrait coller, mais que faire de Taiwo ? Le glisser innocemment dans la valise de Moussilou ? Le remplacer par Jacquot Faty ? Décaler Zubar ? Cheyrou latéral ? Gerets en short ?… Perrin, de son côté, n’est guère mieux loti. Belhadj et Grosso même combat. C’est-à-dire, pas de combat.
Là où Gerets se fourvoie, c’est que de mauvais défenseurs n’ont jamais fait une bonne publicité pour le football.
Par Clémentine Baspeintre
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