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Naples : Ciao, Don Carlo

Par Adrien Candau
Naples : Ciao, Don Carlo

Malgré la qualification des Partenopei ce mardi pour les huitièmes de finale de la C1, Carlo Ancelotti, sans victoire en Serie A avec les Azzurri depuis le 19 octobre, a dû se résoudre à l'évidence : son aventure avec le Napoli est terminée. Une fin amère, alors que l'ex Mister du Milan n'a pas pu composer avec l’interventionnisme de son président Aurelio de Laurentiis, qui a lui-même enlisé le club dans la crise.

C’est une fin morne, grise et résignée, qui est donc venue teinter le bout de l’aventure azzurra de Carlo Ancelotti à Naples. Avant d’affronter Genk, que ses joueurs ont écrasé ce mardi (4-0), le Mister y croyait toujours, pourtant : « Est-ce que je serai sur le banc contre Parme ? J’espère bien. Je dois voir ça avec mon président mercredi… Je n’ai jamais démissionné et je ne pense pas le faire. » Mais ce que Carlo ne sait pas, c’est que son destin est déjà scellé. Malgré la qualification des Partenopei pour les 8es de la C1, la sanction est tombée juste après leur match européen : Ancelotti et le Napoli, c’est fini.

De Laurentis en pompier pyromane

Une décision qui peut sembler logique, au regard du parcours catastrophique des Napolitains en championnat : après des débuts prometteurs, les ex-poulains d’Ancelotti n’ont plus gagné depuis la 8e journée. Un morceau d’éternité à l’échelle d’une saison, surtout quand on est une équipe qui aspire à une qualification pour la Ligue des champions. Le problème, c’est que la planche sur laquelle reposait l’équilibre délicat d’Ancelotti à Naples était savonnée. Et pas par n’importe qui, puisque c’est son propre président qui a détraqué en grande partie la mécanique du club. On connaît désormais la chanson : après une prestation décevante contre Salzbourg en Ligue des champions au San Paolo début novembre, De Laurentis, le président des Azzurri, impose une mise au vert d’au moins une semaine aux joueurs, sans même consulter son entraîneur, qui n’approuve pas cette sanction. De quoi foutre un boxon monstrueux dans le vestiaire : les joueurs désobéissent ouvertement aux directives du club, De Laurentiis colle des amendes à quasiment tout l’effectif, et la presse annonce que de nombreux cadres de l’équipe seront transférés au mercato d’hiver.

Une catastrophe managériale qui n’est pas du fait d’Ancelotti et qu’il ne peut que subir, pris entre le feu croisé de ses joueurs et de sa direction. De fait, l’interventionnisme de De Laurentiis dans la gestion directe du groupe est modérément légitime (la décision d’une mise au vert revenant plutôt à l’entraîneur), ni même justifiée sur le plan sportif : quand le boss du Napoli se décide à sévir auprès de ses joueurs, le club déroule encore un football pas trop mal léché, mais manque de réussite dans le dernier geste, comme de solidité défensive : lors des 10e et 11e journées de Serie A, les Napolitains avaient été dominateurs face à l’Atalanta, mais pénalisés par l’arbitrage et tenus en échec 2-2. Puis, ils avaient ensuite dû concéder une défaite face à la Roma, 2-1, après s’être procuré de nombreuses occasions et avoir concédé deux penaltys évitables. Inquiétant, mais rien de rédhibitoire en somme, alors que le Napoli restait encore dans le coup en championnat comme en C1. Du moins, avant que De Laurentiis ne mette de l’huile sur le feu, transformant en incendie général un départ de feu qu’Ancelotti aurait sans doute pu éteindre.

Le Napoli selon Ancelotti

Il y avait néanmoins un début de fumée noire dans la tambouille tactique et gestionnaire d’Ancelotti au Napoli. Si ce dernier a livré une première saison très encourageante aux manettes du club, conclue par une seconde place en Serie A, il avait cumulé 79 points en championnat. Soit 12 de moins que Sarri en 2017-2018, ce qui constituait la dernière saison de l’actuel entraîneur juventino dans la ville du Vésuve. Une régression comptable qui s’accompagnait d’un jeu moins flamboyant, mais toujours plaisant, Ancelotti procédant à des ajustements plutôt qu’à une vraie révolution de palais. Naples gardait son orientation offensive et son animation collective caractéristique, mais abandonnait le 4-3-3 pour le 4-4-2. Milik, sous-utilisé sous Sarri, retrouvait avec succès une place de titulaire (17 buts en Serie A la saison dernière), Mertens ou Insigne étant pré-supposés pour lui tourner autour devant.

Tout cela n’a pas empêché Ancelotti de commettre quelques erreurs, notamment en laissant peut-être le club un peu trop facilement laisser filer Marek Hamšík au mercato d’hiver 2019. À 32 piges alors tout justes consommées, le Slovaque était encore le maître à jouer de l’entrejeu napolitain, et son absence se faisait cruellement sentir : avec son milieu historique, Naples avait réalisé une première partie d’exercice 2018-2019 remarquable, avec 51 points marqués en 22 matchs de Serie A, soit 2,3 points par rencontre. Sans lui, cette moyenne est retombée à 1,75 unité par journée.

Ancelotti n’a pas davantage réussi à peser sur le dernier mercato estival napolitain : lui qui désirait un arrière gauche de haut niveau pour remplacer Ghoulam, abonné depuis trop longtemps à l’infirmerie, n’obtiendra pas gain de cause. Il ne parviendra pas non plus à décider le club à mettre des billets sur James Rodríguez, dont le recrutement lui semblait nécessaire pour enrichir la créativité de son milieu. Don Carlo a dû se contenter de la venue du Mexicain Hirving Lozano, un attaquant de profondeur qui ne s’est pas du tout fait au système de jeu napolitain (11 matchs de Serie A, 2 buts). Un ensemble de petits couacs que De Laurentiis a bien malgré lui amplifié et qui aboutit donc à un triste dénouement : le départ forcé d’Ancelotti du Napoli, alors que Gennaro Gattuso devrait débarquer à Castel Volturno pour remplacer son ancien entraîneur. Reste à voir si Rino parviendra à faire en sorte que le divorce des joueurs napolitains avec leur direction ne constitue pas le point de rupture définitif d’une saison bien mal embarquée.

Par Adrien Candau

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