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L’Hamšík dans la peau

Par Adrien Candau
L’Hamšík dans la peau

C'est désormais une quasi-certitude : Marek Hamšík va quitter le Napoli pour la Chine cet hiver. Quelle image l'Italie gardera-t-elle du milieu slovaque ? Peut-être celle d'un type qui a le mieux incarné les valeurs de la Serie A des années 2010 : à mi-chemin entre la modernité d'un football plus libéré offensivement et la préservation de la tradition du concept de bandiera, ces joueurs qui en viennent à incarner presque à eux seuls une équipe.

Difficile de savoir ce qui trottait dans la tête de Marek Hamšík ce samedi, lors de la rencontre qui a opposé son Napoli à la Sampdoria. Les plus cyniques diront les chiffres, et notamment ce salaire de neuf millions d’euros annuels qu’il devrait toucher dans ce qui devrait être le dernier club de sa carrière, le Dalian Yifang, où il devrait être prochainement transféré. À regarder son match, on a pourtant le droit de se dire que ses pensées étaient loin d’être uniquement focalisées sur ce joli pactole. À la 25e minute, le Slovaque envoyait une passe longue millimétrée dans les petons de Callejón, qui centrait pour Milik et ouvrait le score. Voilà le dernier arc de cercle que Marek Hamšík a sûrement envoyé dans le ciel du San Paolo. Et, comme souvent avec le bonhomme, il y avait beaucoup d’élégance dans ce geste-là.

Quand l’Hamšík est bonne

Alors, pourquoi garder dans un coin de sa caboche, de son petit jardin privé footballistique, Marek Hamšík plutôt qu’un autre ? Lorsqu’on est napolitain, la réponse dégouline d’évidence : douze saisons au Napoli, meilleur buteur de l’histoire du club avec 121 buts – auxquels on peut ajouter 111 passes décisives –, capitaine des Partenopei depuis 2014, joueur incontournable des dispositifs du Naples version Reja, Mazzarri, Benítez, Sarri et Ancelotti. Au pied du Vésuve, Marek Hamšík est tout ça à la fois. De là à devenir le premier prophète du panthéon napolitain, juste en dessous du dieu Maradona ? Oui. Hamšík n’était pas Diego, mais il y a un curieux mélange de grâce et de rage qui transpirait du jeu de ce zozo-là. Milieu total, physique, cérébral, très à l’aise des deux pieds, il aura sans broncher évolué périodiquement sur l’aile sous Mazzarri, en numéro 10 sous les ordres de Benítez, avant de retrouver son poste de prédilection, milieu relayeur, avec Sarri puis Ancelotti.

Alors, oui, ces dix dernières années, le Slovaque est purement et simplement une référence à son poste en Italie. Sur le pré, il aura été également l’une des caisses de résonance du Naples de Maurizio Sarri, une formation porte-étendard d’une autre façon de jouer et penser le football, dans une Serie A qui reste obnubilée par la culture du résultat immédiat. Voilà pour le footballeur et la face émergée d’un bonhomme qui aura aussi marqué par son look, cette crête à ringardiser Joe Strummer et cette collection de tatouages imprimée sur la quasi-entièreté de son anatomie.

La crête haute

Pourtant, Marek Hamšík aura paradoxalement passé ses années italiennes à se distancier de l’image qu’il a pu imprimer sur les rétines des tifosi. Le Slovaque l’a dit et répété en boucle : il n’est « pas un punk » . « Je ne fais pas semblant d’être un type tranquille, hein ! La culture slovaque est ainsi. Nous sommes des gens rigoureux, précis, ordonnés, sereins, qui voulons bien faire leur boulot… C’est assez différent du tempérament napolitain, plus volcanique… Naples ? Cette ville est très étrange, mais surtout trop belle… Il fait chaud, il y a la mer, les gens qui t’aiment et la nourriture est divine ! » Alors, Marek Hamšík est-il juste un type normal ? Probablement pas. Car l’originalité du Slovaque, sa rébellion, aura finalement résidé précisément dans sa fidélité et sa tranquillité. Lui qui aurait pu quitter Naples comme Cavani, comme Lavezzi, comme Higuaín, a toujours choisi de rester. « Moi aussi, j’aurais pu partir. Il y a cinq ans, le Milan me voulait. L’an passé, la Juventus me voulait. Finalement, il ne s’est strictement rien passé, car je ressentais trop de confiance du coach et du président, qui voulaient que je reste. La preuve : je n’ai pas de clause libératoire parce que ni moi ni le président n’en avons besoin. Ici, les gens m’aiment trop, me portent trop dans leur cœur pour que je puisse m’en aller. »

Là voilà, l’unicité d’Hamšík. Le refus perpétuel qu’il aura opposé aux clubs de l’Italie du Nord, pour rester pendant plus de dix années au côté des Azzurri. Une fidélité quasi anachronique, dans le contexte d’un football moderne où les plus grands clubs empilent les meilleurs joueurs à coups de salaires inflationnistes. À seulement 31 ans, le Slovaque aura d’ailleurs finalement choisi de toucher une grosse enveloppe en Chine, loin, très loin, des Partenopei. Pour ne pas trahir, seulement partir. Pas une fin idéale, mais cohérente, pour un type qui finit sa carrière azzurra la crête haute. Et avec la conviction d’avoir une place déjà à part dans les plus de 92 ans d’histoire du Napoli : « Quoi qu’il arrive, Diego Maradona restera numéro 1 pour toujours à Naples. Et vous savez quoi ? Être deuxième, c’est déjà pas mal. »

Dans cet article :
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Par Adrien Candau

Tous propos issus du numéro 142 de So Foot.

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