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Nani technologie
Autrefois comparé à raison par ses détracteurs à un joueur de futsal, Nani est enfin passé du statut d'amuseur public à celui de joueur indispensable du système mancunien. Le meilleur de son équipe, pour ainsi dire.
Le départ de Cristiano Ronaldo devait libérer Rooney. Ce fut le cas en partie, notamment la saison dernière, qui a vu l’Anglais réaliser l’exercice le plus prolifique de sa carrière. Mais en y regardant de plus près, le transfert de CR7 à Madrid a surtout permis à Nani de prendre son envol. Depuis le départ de CR7 vers la capitale espagnole, le natif du Cap Vert naturalisé –décidément une spécialité portugaise– ne souffre plus la comparaison avec son aîné. C’était pourtant loin d’être gagné. Recruté 22 millions d’euros par Manchester United à l’été 2007, Nani participe certes à la grandiose saison 2007-2008 des Red Devils (doublé championnat-C1) mais sans en être un des acteurs majeurs. Auteur de fulgurances aussi prometteuses qu’intermittentes, il n’est qu’un soliste inconstant. Pire, la saison suivante, Nani disparaît carrément de la circulation pour ne disputer qu’une quinzaine de matchs à peine, avec un seul petit but en championnat au compteur. A peine fait-il le bonheur d’adolescents en mal de reconnaissance qui réalisent des montages de ses passements de jambes sur du Linkin Park. Il faut dire que Nani symbolise alors le joueur Youtube par excellence, lui qui allie souvent le futile à l’agréable, oubliant au passage les fondamentaux du foot à onze contre onze. Alors qu’il était censé assurer en douceur la relève de Ryan Giggs, son irrégularité chronique renforce au contraire plus que jamais la position du vétéran gallois au sein du onze type de Ferguson. Et pendant ce temps, Cristiano Ronaldo emmène les Mancuniens vers un nouveau titre et une deuxième finale de C1 en deux ans.
Aujourd’hui pourtant, celui qui s’appelle en réalité Luís Carlos Almeida da Cunha s’est bel et bien débarrassé de l’image d’otarie qui lui collait à la peau, au prix d’une saison 2010-2011 pour le moment de haute volée. Il a fallu du temps, mais le portugais marche désormais sur les traces de son compère en sélection. Il lui manque encore le jeu de tête pour égaler à terme le niveau de son compatriote mais au moins parvient-il à s’en rapprocher. Le déclic a eu lieu le 7 avril dernier, lors du quart de finale retour de Champions League entre Manchester et le Bayern (3-2). Si c’est le Bayern qui s’est finalement qualifié, Nani, auteur d’un doublé dont une Madjer exceptionnelle, a quant à lui rendu une copie de très haut niveau ce soir-là, pour finalement finir la saison en boulet de canon –insuffisant cependant pour ramener au club un quatrième titre de champion d’affilée– avant de se blesser à quelques encablures de la Coupe du Monde. Et au regard du joueur qu’il est devenu, c’est peu dire qu’il a cruellement fait défaut à un Portugal en manque d’inspiration en Afrique du Sud.
Bien réfléchi, ce forfait de dernière minute s’est peut-être avéré un mal pour un bien. L’été dernier, le funambule portugais a d’une pu avoir de vraies vacances et de deux profiter des bienfaits d’une préparation non tronquée, au contraire de tous les internationaux rentrés cramés mentalement et physiquement du continent africain. Depuis, avec les blessures conjuguées de Valencia, Rooney, Park ou encore Giggs à un moment de la saison, il est devenu l’un des rouages essentiels du système United pour ne pas dire sa pièce maîtresse. Meilleur passeur du championnat, deuxième meilleur buteur de son club, Nani est devenu à la fois efficace et régulier. Tout en restant terriblement bandant à voir jouer. Ses dribbles, arrêtés ou en mouvement, sont déroutants, sa frappe est d’une rare violence et pas mal de ses victimes (défenseurs comme gardiens de but) se demandent encore si le bonhomme est gaucher ou droitier. Bonne question, à laquelle il ne répond que lorsque il doit tirer un coup-franc. Une dernière chose : le monde du foot s’est paluché (à juste titre) sur la bicyclette de Rooney face à Manchester City, mais que dire de l’ouverture du score du Lusitanien dans le même match, juste avant la mi-temps ? Lancé à pleine vitesse, il avait alors battu Joe Hart tranquilou après avoir réalisé un contrôle impeccable sur un ballon à un mètre cinquante du sol. Certains diront qu’il a des articulations suffisamment souples pour se le permettre. Les puristes parleront d’une extension à la Dhalsim.
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