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Mort de Hermann Tsinga : bistrot, c’est trop

Par Alexis Billebault
Mort de Hermann Tsinga : bistrot, c’est trop

Samedi à Libreville, Hermann Tsinga est décédé lors du match de championnat entre son club, le FC Akanda, et Missile FC. Les causes du décès de l’attaquant seront déterminées par l’autopsie. Et au Gabon, la polémique enfle sur la réactivité des secours, un ambulancier se trouvant au bistrot au moment des faits.

Deux minutes plus tôt, avant cette fatidique vingt-troisième minute, Hermann « Zigaucho » Tsinga venait d’être impliqué dans l’ouverture du score de son équipe, le FC Akanda, lors de la deuxième journée du championnat du Gabon de National-Foot 1, grâce à un but de Romaric Rogombé. Près du rond central, alors que ses coéquipiers squattent de nouveau le camp adverse, Tsinga (30 ans), victime d’un malaise, s’écroule quelques secondes après un choc avec un adversaire. Les spectateurs présents au stade de l’Institut national de la jeunesse et des sports (INS) de Libreville ne le savent pas encore, mais un drame à l’issue fatale est en train de se jouer sous leurs yeux. Tsinga, footballeur professionnel et brillant étudiant, ne se relèvera jamais.

Ses coéquipiers, les joueurs du Missile FC et l’arbitre du match, Eric Otengo Castane, ont vite compris que quelque chose de grave était en train de se jouer sous leurs yeux. Alerté par leurs gestes d’affolement, le médecin du Missile FC est le premier à se précipiter auprès du joueur. Il lui prodigue un massage cardiaque, en attendant l’arrivée d’une des deux ambulances présentes au stade. Problème : l’ambulancier, qui a gardé les clés sur lui, est parti se rafraîchir dans un bar du quartier. Et ces longues minutes d’attente, sous la chaleur – il faisait environ 30°C samedi dans la capitale gabonaise, avec un taux d’humidité proche des 70 % –, jouent en défaveur de l’attaquant du FC Akanda, malgré les premiers soins.

L’ambulancier était au bistrot

Quand l’ambulance se pointe enfin sur le terrain, Tsinga est toujours inconscient. Au moment où son transfert vers le Centre hospitalier universitaire Ali Bongo situé dans le proche quartier d’Owendo se met en place, les sauveteurs constatent que le véhicule est dépourvu de défibrillateur et d’assistance respiratoire. Et comme le stade de l’INJS n’est pas équipé de défibrillateur, les chances de Tsinga de s’en sortir s’amenuisent. Les médecins assureront que le joueur est décédé lors de son transfert à l’hôpital, une version contestée par certains spectateurs, persuadés que Tsinga avait cessé de vivre avant son départ vers le CHU.

Sept morts en douze ans

Depuis le drame, beaucoup de questions se posent sur la réactivité des secours, les équipements médicaux disponibles dans les stades et dans les ambulances ou encore la compétence des staffs médicaux des clubs professionnels. Car depuis douze ans, sept joueurs gabonais ont trouvé la mort lors de matchs de championnat ou pendant une séance d’entraînement : Cédric Nono (Mangasport) en 2007, l’international Guy Ngoma (FC 105) en 2008, Théo-Eric Ntoume (Sogéa FC) en 2010, Sylvain Azoungui (AC Bongoville) en 2014, Wilfried Loundou (AS Dikaki) en 2016 et l’ex-Brestois Moïse Brou Apanga (FC 105) en avril 2017. Malgré ces drames récurrents, les stades gabonais manquent toujours cruellement d’équipements de premiers secours.

Une autopsie sera rapidement pratiquée, afin de connaître les circonstances exactes du décès de Hermann Tsinga. Malgré le drame qui s’est tenu sur la pelouse du stade de l’INJS, le match est allé à son terme. Akanda s’est imposé 2-1, et les matchs de la deuxième journée, prévus le lendemain, ont été maintenus par la Ligue nationale de football professionnel (LINAF), une décision qui a soulevé une polémique supplémentaire. Paul Kessany, l’ancien défenseur des Panthères du Gabon et d’Istres (2009-2011), présent au stade samedi, demande « une vraie prise de conscience du ministère des Sports, de la Fédération, de la Ligue et des clubs. Avant le décès de Tsinga, il y avait eu six autres morts. On aurait pu sauver quelques vies s’il y avait eu les équipements indispensables. Je ne sais pas si la famille du joueur va porter plainte, mais j’espère que le procureur de la République va s’autosaisir. Il faut que les responsabilités soient établies. Il faut aussi savoir si le joueur avait bien passé une visite médicale. Au Gabon, beaucoup de joueurs n’ont pas de contrat, ne sont pas payés dans les temps. Quand Brou Apanga est décédé, on a appris que son club, le FC 105, un des plus grands du pays, n’avait pas assuré son joueur. Dans le cas de Tsinga, il faut une enquête judiciaire. Ces choses-là ne doivent plus se reproduire dans un championnat qui se dit professionnel. »

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Par Alexis Billebault

Propos de Paul Kessany recueillis par AB

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