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Comment la Coupe du monde des clubs a charmé l’Amérique du Sud

Par Julien Faure
7 minutes

Boudée en Europe, la Coupe du monde des clubs déchaîne les passions en Amérique du Sud. Si les clubs argentins ont pris la porte, toutes les équipes brésiliennes sont encore en lice. Mais du côté des supporters, presque tous sont unanimes : cette compétition est une opportunité en or de se montrer.

Comment la Coupe du monde des clubs a charmé l’Amérique du Sud

Il faut les voir pour comprendre. Boudée en Europe, la Coupe du monde des clubs n’a pas mis longtemps à trouver son public sur le continent sud-américain. Venus par milliers, bien aidés il est vrai par la proximité géographique, les fans argentins ou brésiliens ont inondé la première partie du Mondial de leur ferveur et de leurs chants. Un engouement symbolique de la différence de perception de la compétition, qui témoigne aussi d’une volonté de l’Amérique du Sud de se replacer sur la carte.

Une opportunité inédite

« C’est l’occasion de mesurer la force de nos équipes et de notre football sud-américains, qui bénéficient de moins d’investissements financiers, face aux géants du football mondial », témoigne d’entrée Raphael, fan de Fluminense, qui voit un vrai intérêt sportif à ce tournoi, « même si les équipes européennes ne le voient pas de cet œil ». Pedro, fan de Flamengo, est tout aussi enthousiaste : « C’est un moment extraordinaire et significatif, nous sommes sur un pied d’égalité sur ce nouveau format du Mondial. » « Pour les Argentins, et en particulier pour les supporters de Boca Juniors, jouer contre les meilleures équipes d’Europe est une motivation supplémentaire, quelque chose qui n’est pas comparable au football argentin ou à la Copa Libertadores, ajoute Guido, supporter du Xeneize. C’est la meilleure occasion de montrer que notre football peut rivaliser de la même manière. » Même son de cloche chez Tomás, supporter de River Plate : « C’est très important de pouvoir se montrer, de pouvoir légitimer son niveau. » Pour Gabriel, fan de Palmeiras, le plateau proposé, avec plus d’une équipe européenne, ajoute aussi au côté mystique du tournoi. « C’est la plus grande scène qu’on ait. Ce sont les meilleures équipes, et on a une occasion de les battre, tient-il à mettre en avant. C’est une fierté de pouvoir les affronter et de pouvoir montrer qu’on peut les battre. »

Il y a presque de l’émotion à voir ces confrontations historiques.

Tomás, socio de River Plate

Privée de trophée international de clubs depuis 2012 et la victoire de Corinthians face à Chelsea lors de la Coupe du monde des clubs version pré 2025, l’Amérique du Sud regarde encore avec nostalgie les succès de l’Internacional, de São Paulo, de Corinthians encore, ou de Boca Juniors, en Coupe intercontinentale, au début du XXIe siècle. Depuis près de 20 ans, les trophées mondiaux sont l’apanage des clubs européens, entre superpuissance financière et exportation des joueurs de plus en plus tôt. Du côté de Boca Juniors, personne n’a oublié les victoires face au Real Madrid ou au Milan en Coupe intercontinentale, rappelle Guido : « Ces victoires ont donné au club une identité très forte dans le monde entier, ce qui lui a permis de gagner beaucoup de respect. » « C’est déjà très vieux, met d’abord en garde l’auteur argentin et fan de Boca Martín Caparrós. En 2000 contre Madrid, on a vraiment célébré, grâce à Riquelme et Palermo. C’est quelque chose de rare. Ça requiert un effort extraordinaire très dur à produire. »

Si Boca Juniors, malgré de belles performances contre Benfica puis le Bayern, et River Plate ont pris la porte, tous les clubs brésiliens se sont qualifiés. Palmeiras et Flamengo ont connu le luxe de terminer premiers de leur poule, quand Botafogo s’est offert un succès de prestige contre le PSG et que Fluminense a aussi assuré sa qualification. « Ça a été un choc au Brésil quand Botafogo a battu Paris, se souvient Gabriel. C’était comme s’ils avaient gagné la finale. » Au milieu de tout ça, des confrontations rares et des affiches parfois inédites, qui font ressortir le romantisme sud-américain de Tomás : « Il y a presque de l’émotion à voir ces confrontations historiques. » Plus terre à terre, Martín Caparrós ne considère pas « très réaliste » l’idée de croire en un succès sud-américain dans la compétition, encore moins argentin. Les poules lui ont jusqu’ici donné raison. « La différence entre les équipes européennes et argentines est flagrante, concède-t-il. C’est différent pour les Brésiliens. Le marché est différent, ils ont plus d’argent, ils peuvent avoir des équipes un peu meilleures. »

Fermer le clapet des Européens

Alors que ce Mondial est catalogué comme la compétition de trop, la saison à rallonge des clubs européens est largement mise en avant pour légitimer un trop-plein de matchs pour les équipes du Vieux Continent. Un argument difficilement entendable pour Raphael, alors que les équipes sud-américaines en sont à mi-saison : « S’ils savaient combien de matchs il y a dans le calendrier brésilien, ils ne se plaindraient pas. » De son côté, Tomás rappelle que le foot est universel, et pas eurocentré. « Penser qu’il existe seulement l’Europe ou ce qu’on voit pendant les coupes du monde, c’est un peu de l’ignorance, note-t-il, avant de donner une bonne raison aux Européens d’être motivés. C’est aussi l’occasion pour les Européens de montrer pourquoi ils ont ce statut. » Du côté de Gabriel, s’il comprend les complaintes européennes, l’enjeu devrait prendre le dessus : « Les top clubs européens ont une autre culture, mais ça reste une Coupe du monde, il faut prendre ça au sérieux. Je comprends le point de vue, mais je n’aime pas l’approche européenne de la compétition. » Mais le supporter de Palmeiras doit aussi se rendre à l’évidence, lui qui a connu la vie sur le Vieux Continent : « J’ai été en Italie pendant six mois, ils ne savent rien du foot sud-américain. L’Europe a déjà beaucoup de foot et ne porte pas d’attention à notre football. »

Si l’aventure n’est pas terminée, les écuries brésiliennes ont déjà rempli leurs caisses grâce aux primes versées par la FIFA. Une donnée non négligeable pour les Auriverdes selon Raphael : « La récompense financière est très bonne, surtout pour les équipes brésiliennes en raison de la valeur du dollar. » Une façon de renforcer ses finances et de se protéger face aux recruteurs européens, alors que Pedro se languit que les « meilleurs joueurs ne restent pas ici ». Une forme de lutte des classes, alors que Raphael concède le peu d’intérêt porté au football de son continent. « En matière de compétitions d’équipes, oui, mais pas en matière de joueurs, qui sont ciblés par les recruteurs des clubs européens. » Une façon, aussi, d’entretenir la légende d’une rivalité entre l’Europe et l’Amérique du Sud, qui irait au-delà du football ? « La rivalité existera toujours. Sur le continent sud-américain, nous nous sentons toujours inférieurs sur le plan économique, ce qui entraîne des différences de niveau sur le terrain. Battre une équipe européenne est toujours une grande joie pour les Sud-Américains », avance Guido.

Tous ne rêvent en tout cas que d’une chose, voir leur équipe soulever cette première édition du Mondial. « Ce serait le plus grand triomphe et la plus grande gloire de Fluminense, sans aucun doute ! » lance ainsi Raphael, quand Gabriel s’avance lui aussi. « Ça serait de très loin ma plus grande émotion, devant la Libertadores. Même si on battait São Paulo en finale de Libertadores, et pourtant, c’est fou de dire ça, ose-t-il même. Cette Coupe du monde, avec autant de clubs européens…” Pedro, lui, se montre plus mesuré : « Il n’y a pas ce poids et cette émotion d’une Coupe du monde. » De là à ce que les Argentins soutiennent désormais les Brésiliens ? À en croire Caparrós, il ne faut peut-être pas exagérer. « Je ne crois pas que les supporters argentins soient ravis si Palmeiras, par exemple, gagne la coupe. »

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