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Mbappé doit-il se déneymariser ?
Au cœur des débats, Kylian Mbappé voit deux camps s'affronter : la moitié de l’opinion et des observateurs pense qu’il est exceptionnel et qu’il faut le laisser s’exprimer à sa guise, quand l’autre trouve qu’il en fait trop et devrait simplifier son jeu. Mais n'est-il pas contraint à jouer de la sorte ?
« Qu’il redescende d’un étage » , « Il en fait trop » , « Qu’il arrête de se prendre pour Neymar » … Entre la préparation et le premier match du Mondial face à l’Australie, les critiques envers Mbappé se suivent et se ressemblent. Si par moment, « Donatello » en rajoute un chouïa, lui tomber dessus de cette manière paraît toutefois assez ingrat étant donné le nombre de mèches qu’il allume dans les défenses. Quand certains se cachent et peinent à prendre leurs responsabilités, Mbappé ne bégaye pas pour demander le ballon et mettre un peu de folie dans une attaque qui n’a pas pour habitude de faire lever les foules.
Sa force première ? Dévorer les espaces avec vista
Revenons un an et demi en arrière. Mbappé fait ses premiers pas en Ligue des champions, éblouissant le monde du foot par son talent, sa précocité et sa maturité dans le jeu avec l’AS Monaco. Il avale les espaces, accélère, provoque, tout en gardant une justesse technique et une lucidité impressionnante qui lui permettent de faire le bon choix au bon moment. Mais « Kyky » n’est pas seul : le schéma de Jardim en 4-4-2, dans une équipe qui adopte un jeu de transition rapide avec beaucoup de mouvements et de combinaisons, permet au phénomène d’être comme un poisson dans l’eau. À l’image de Messi au Barça ou PPDA au JT. Le mariage est réussi.
Adaptation et changement de style
À son arrivée au PSG, on reproche rapidement au gamin de Bondy de mimer le jeu de Neymar. Beaucoup plus de touches de balle, de chichis, et moins de tranchant. Certains regrettent le Kylian de Monaco, peut-être plus vertical. Mais le problème ne vient pas du joueur. Son rôle a tout simplement changé puisqu’il évolue dans un système bien différent de celui proposé en Principauté. Paris joue la possession, et sa recrue doit faire la différence de l’aile droite – très souvent face à des blocs bas qui l’obligent à jouer sur la percussion – plutôt que la profondeur. Forcément, des déchets apparaissent dans son jeu. Mais malgré tout, Mbappé parvient à créer des différences intéressantes en s’adaptant plutôt bien à son nouveau poste.
En bleu, c’est flou…
En équipe de France, Deschamps positionne le Parisien en milieu droit à plusieurs reprises. Mbappé part souvent de loin, en n’hésitant pas à décrocher pour déclencher les actions. Un goût d’inachevé malgré des prestations correctes. Comme une Bugatti qui roule à 110, quoi. L’ancien Monégasque est ensuite baladé par DD lors des tests de printemps : à gauche, à droite, dans l’axe, en 4-4-2, 4-2-3-1, 4-3-1-2 ou 4-3-3. Il est difficile de se mettre d’accord sur un poste précis. Néanmoins, deux matchs ressortent du lot. Le premier a lieu en mars dernier en Russie, où la Dèche décide d’aligner son joyau seul en pointe. Il claque un doublé, dont un but où il prend la profondeur, bien servi par Pogba (1-3).
« Kylian est capable d’évoluer à tous les postes offensifs. Après, je suis obligé de choisir certaines options, ça dépend aussi du système » , lâche le sélectionneur après la rencontre. Plus tôt, en juin 2017 contre l’Angleterre, Mbappé joue également avant-centre. L’exclusion de Varane oblige les Bleus à reculer et exploser en contre. Pogba, Kanté, Lemar, Dembélé et Mbappé se régalent, et réalisent l’un des matchs les plus spectaculaires de l’ère Deschamps en gagnant malgré l’infériorité numérique (3-2). Dans ces deux matchs, les qualités du jeune Kylian s’expriment alors à 1000%.
« Un jour, il faudra que je sois spécialisé dans un poste »
La polyvalence est une qualité, mais aussi un défaut pour Mbappé, qui a fait part avant le Mondial de sa volonté d’avoir un poste fixe au micro de Canal Plus : « J’aimerais à l’avenir avoir une position fixe. Pour l’instant, j’arrive à dépanner un peu partout, mais je pense que plus les années vont avancer, plus il va falloir que je me spécialise dans un poste. Que ce soit dans l’axe ou bien sur un côté, il va falloir me trouver un poste et que j’y reste pour être le plus performant possible. C’est vrai que je peux jouer partout, je suis à la disposition du coach. Mais un jour, je pense qu’il faudra que je sois spécialisé dans un poste. » Peut-être une piste pour Deschamps pour « rembappiser » Kylian.
Le Brésil encore tenu en échec par l’Uruguay, l’Argentine assure l’essentiel face au PérouPar Salim Badiaga