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Matt Moussilou : « Je bouge Rio Ferdinand dans tous les sens ! »
Il a raccroché les crampons en 2021 en Suisse, où il vit toujours aujourd’hui. Matt Moussilou a 42 ans, mais il garde l’étiquette d’ancien chouchou du LOSC et restera le dernier buteur d’un stade Grimonprez-Jooris désormais rayé de la carte. Entretien avec un attaquant qui rappelle le foot des années 2000.

Matt, tu es aujourd’hui responsable des attaquants au Meyrin FC, en Suisse. Déjà joueur, tu avais la volonté de devenir entraîneur ?
Non, je n’ai jamais vu en moi la fibre de l’entraîneur. Je me vois plutôt comme quelqu’un qui travaille sur les détails : le but, c’est de mettre l’attaquant dans les meilleures conditions pour performer. Aujourd’hui, je suis responsable des attaquants des équipes jeunes jusqu’à l’équipe première, qui évolue en N2. En parallèle, j’entraîne aussi les attaquants de l’équipe première de Vevey Sports, dans le canton de Vaud, et je gère un camp de perfectionnement dans l’agglomération genevoise pendant les vacances.
Pourquoi la Suisse, au fait ?
En approchant la trentaine, je cherchais de la stabilité pour ma vie de famille. Lorsque l’opportunité de jouer à Lausanne-Sport est arrivée en 2011, la Suisse est vite apparue comme un endroit idéal : un pays très droit, très propre, avec beaucoup d’espaces verts et d’apaisement, de bonnes écoles pour les enfants. Mais à l’époque, si je n’avais pas eu d’enfants, peut-être que j’aurais aimé rester vivre dans les grandes métropoles en France, à Paris ou même à Lille, une ville que j’aime beaucoup.
À Lille, justement, tu es resté dans les cœurs des supporters. Tu continues de suivre les résultats du club ?
Carrément ! Sur les quatre derniers mois, j’ai été cinq ou six fois à Pierre-Mauroy, notamment pour les 80 ans du club il y a quelques semaines. Les dirigeants maintiennent le lien entre les anciens et les nouveaux, c’est essentiel. Le LOSC et la région toute entière auront toujours une place particulière dans ma vie : je suis arrivé à Lille à 15 ans, et suis reparti de là en tant qu’homme affirmé. Que de bons souvenirs…
Le parcours historique du LOSC cette saison en Ligue des champions et la qualification directe pour les huitièmes de finale, ça t’inspire quoi ?
(Il coupe.) Magnifique. Ma-gni-fique ! Le club n’arrête pas de monter toujours plus haut depuis mon époque. C’est une fierté pour moi, de savoir que tout cela a commencé avec les fondations du coach Halilhodžić puis du coach Puel, et que 20 ans plus tard, ce club soit devenu une référence au niveau national, voire européen.
Lille-Manchester United, c’est le seul match de ma carrière que mon père a vu au stade. Il y avait tous mes amis de La Courneuve, même mes professeurs de primaire !
Il y a 20 ans, tu participais à la deuxième campagne de C1 de l’histoire du club dans une poule composée de Benfica, Villarreal et Manchester United. Quels souvenirs tu en gardes ?
Qu’on a inquiété toutes les grosses écuries. Mais bon, c’était notre première grosse expérience européenne, malgré ce qu’on avait pu vivre en Coupe de l’UEFA la saison précédente. Je suis sûr qu’avec ce petit point en plus qui nous a manqué pour passer, on aurait pu monter en puissance par la suite (Lille finit 3e de sa poule avec 6 points, NDLR). Mais on a vécu ce qu’on avait à vivre. Honnêtement, on a fait des matchs avec de bons contenus. Moi, je sais que les matchs que j’ai fait m’avaient réconforté dans mes capacités, dans l’optique de vouloir viser plus haut. Tous les joueurs de cette équipe-là se sont servis de cette campagne pour faire la carrière qu’ils ont eue par la suite.
Cette phase de poules est marquée par la victoire face à Manchester United (1-0), le 2 novembre 2005 au Stade de France. Un match spécial pour toi, originaire de La Courneuve…
Très spécial, sûrement le match le plus spécial de ma carrière, d’ailleurs. Quand mes parents ont divorcé, mon père est venu s’installer juste en face du Stade de France. Il faut savoir que mon père n’est jamais venu voir un seul match au stade de sa vie. Il ne voulait même pas prendre le train pour venir me voir jouer à Lille, alors que c’était une heure à peine ! Tout le reste de ma famille venait sauf lui… C’est un papa à l’ancienne ! (Rires.) Mais lorsqu’on a su qu’on allait affronter Manchester à Saint-Denis, juste en face de sa fenêtre, pour l’un des matchs les plus importants de ma vie ? Non, là, j’ai dit, c’est pas possible, tu ne peux pas me sortir d’excuse, c’est le destin ! Et même là, il a ronchonné ! (Rires.) Mais il est venu, le seul match de ma carrière qu’il ait vu. C’était dingue, en plus on gagne ! Il y avait tous mes amis de La Courneuve, même mes professeurs de primaire et des gens de la mairie ! En plus, je fais un match de malade, je bouge Rio Ferdinand dans tous les sens, il l’a même reconnu à la fin ! Un grand moment.
Les gens me disent souvent que j’aurais dû aller en Premier League faire la misère aux défenseurs.
Les gens gardent aussi en mémoire ton quadruplé face à Istres (8-0, le 2 avril 2005). Ce jour-là, tu marques le triplé le plus rapide de Ligue 1, un record battu depuis par Loïs Openda en 2023 : ça t’a embêté ?
Disons que les records sont faits pour être battus, mais si possible pas par un Lensois. (Rires.) C’est plus ça qui m’a dérangé. Je n’étais pas au courant sur le moment, mais beaucoup de supporters lillois m’ont envoyé des messages sur les réseaux sociaux pour me dire qu’un Lensois m’avait battu pour quelques petites secondes. Honnêtement, ce record a duré plus de quinze ans, c’était déjà pas mal, ça ne m’a pas rendu malade. C’est le jeu, lui-même se fera battre par quelqu’un d’autre, tant mieux que les records soient battus un jour ou l’autre.
⏱️ 5⃣ minutes chrono ! ⚡
🎩⚽⚽⚽ C'est le temps qu'il a fallu à Matt Moussilou pour inscrire le coup du chapeau le plus rapide de l'histoire du Championnat de France 🇫🇷
📺 Revivez cet exploit en images, comme si vous étiez au Stadium !#75ansLOSC
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— LOSC (@losclive) November 12, 2019
Avec le recul, tu estimes avoir atteint ton prime cette année-là, à seulement 23 ans ?
Oui, ça a été très tôt mon prime, alors que j’aurais pu l’avoir beaucoup plus tard avec l’expérience. Le problème de ma carrière, c’est que j’avais un petit déficit mental. Une fois que j’étais dans le dur, je ne faisais pas en sorte de me sortir de là pour faire face à l’adversité. Je me suis trop reposé sur mes qualités et ce que j’avais fait très tôt. C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’essaye de faire partager mon expérience de vie aux jeunes joueurs, leur expliquer que les qualités ne font pas tout. Si j’avais eu le mental, j’aurais pu aller beaucoup plus haut. Bon, avec des si on refait le monde, mais les gens me disent souvent que j’aurais dû aller en Premier League faire la misère aux défenseurs. J’ai été capable de coups d’éclat, sans être assez constant malheureusement.
Ça ne t’a pas empêché de planter 39 buts en 140 matchs sous le maillot des Dogues : c’était quel type de numéro 9, Moussilou ?
Je dirais puissant, bon dribbleur, bonne prise d’espace, et compréhension du jeu. J’avais cette intelligence de déplacement. Ma force, c’était le un-contre-un face au gardien. J’avais les deux pieds, car j’ai travaillé ça très tôt au quartier, et je savais que si j’arrivais à partir au bon moment ça allait faire filoche. En plus, j’étais régalé, hein ! À l’époque, le jeu était fait pour que je sois mis sur orbite : Geoffrey Dernis, Jean II Makoun, Mathieu Bodmer, c’était des distributeurs de caviars en plus d’être mes amis proches. Même Landrin, Ačimovič, c’était caviar sur caviar.
La VAR, ça m’aurait rajouté quelques buts en plus ! J’avais tellement de faculté à faire de bons appels, que parfois l’arbitre de touche supposait que j’étais hors jeu alors que ce n’était pas le cas.
Dans la Ligue 1 bien virile des années 2000, tu as croisé un paquet de sacrés clients. C’est qui, le défenseur qui t’a donné le plus de fil à retordre ?
Hmmm… (Il réfléchit.) Souleymane Diawara, à l’époque de Sochaux et Bordeaux, c’était vraiment puissant, il connaissait mon jeu, et on se chambrait, mais c’était de sacrés duels. Un peu plus jeune sinon, j’ai connu Rigobert Song lors des derbys Lille-Lens, il faisait peur… C’était des duels hyper durs. Qui d’autre… (Il réfléchit à nouveau.) Ah bah si bien sûr, Cris ! Cris de Lyon, le Brésilien, c’était le plus dur. Avant même de commencer le match, j’avais déjà perdu 20% de mental avec lui. (Rires.)
Toi qui aimais flirter avec la ligne de hors-jeu, tu n’as jamais joué avec la VAR. La belle époque ?
La VAR, ça m’aurait rajouté quelques buts en plus ! J’avais tellement de faculté à faire de bons appels, que parfois l’arbitre de touche supposait que j’étais hors jeu, alors que ce n’était pas le cas. On le voyait par la suite à la vidéo, hein ! Je pense que ça m’a enlevé au moins une quarantaine de possibilités de marquer dans ma carrière. Et la plupart de ces actions, c’était à un moment où cela m’aurait redonné confiance de marquer, à un moment où j’étais dans le dur comme à Nice : mon but était refusé alors qu’il n’y avait même pas hors jeu, et cela était rajouté au manque de chance que je subissais déjà à cette période.
À l’été 2006, tu décides de quitter ton club formateur à la surprise générale. Tu en avais marre des gueulantes de Claude Puel ?
Je sentais que c’était la fin d’un cycle, même si le club venait de me prolonger. Le coach Puel, on le connaît. C’est quelqu’un avec lequel il faut toujours être à fond, il ne lâche jamais rien : tu ne peux pas avoir un seul moment de relâchement, et moi, j’en avais beaucoup, ce qui engendrait beaucoup de prises de tête, d’incompréhensions. Il était aussi dans du turn over avec Odemwingie, à une période où j’avais besoin de jouer, de marquer. Avec ma fierté et mon égo du moment, cela ne me convenait plus. J’étais très têtu, et je me suis dit que j’avais besoin d’aller voir ailleurs. J’étais dans le Nord depuis mes 15 ans alors que j’en avais désormais 24, j’avais le sentiment que j’avais fait un peu le tour, même si j’étais super bien dans ma vie.
Ça m’a fait tout drôle d’être devenu un pestiféré à Nice, alors que j’étais adulé à Lille.
Devenu la recrue la plus chère de l’histoire du Gym, tu échoues à faire trembler les filets sous le maillot niçois…
Ouais… Ce n’est pas que j’ai raté des choses incroyables, hein ! Je faisais les mêmes choses qu’à Lille, mais là, ça ne rentrait pas : le poteau, la barre, quelques centimètres à gauche, à droite. Dès le début, je ne me suis pas senti à l’aise mentalement. Pourtant, j’avais fait une bonne prépa, j’avais de super pourvoyeurs de ballon derrière moi, Ederson, Vahirua, Balmont… Le jeu était fait pour moi, mais le doute s’est installé dès le début, sur des situations que j’avais l’habitude de mettre au fond. C’est là que j’ai découvert la différence d’approche entre les gens du Nord et ceux du Sud. Ça m’a fait tout drôle d’être devenu un pestiféré à Nice, alors que j’étais adulé à Lille. Mes coéquipiers eux-mêmes voyaient que ça n’allait pas, ils me disaient : “Mais qu’est-ce que tu fous là ? Pourquoi tu n’es pas resté là-bas ?” Je reste persuadé que ce n’était qu’une question de patience…
Sur YouTube, il y a une vidéo qui caractérise bien ton mal-être à Nice, lorsque le coach Antonetti commence à te hurler dessus…
(Il coupe.) Ouais, la vidéo devenue virale quand je vais rentrer face à Marseille… Paradoxalement, j’étais dans la difficulté à Nice, mais Antonetti, il criait car il croyait en moi. Il est venu me chercher à Lille, et dans les moments durs, il était là pour moi. Lui, il veut juste quelqu’un qui soit aussi déterminé que lui. Je ne suis pas arrivé à la hauteur de sa détermination me concernant. En fait, il était plus déterminé à mon sujet que moi-même pour retourner l’opinion du public. Il savait ce que je pouvais apporter, c’est pour ça qu’il crie.
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On sent que l’aspect psychologique occupe une place centrale dans ta carrière. Il n’y avait pas de prépa mentale à l’époque ?
La prépa mentale, il y en avait, mais à l’époque, c’était presque vu comme une faiblesse. Il fallait être assez fort pour retourner l’opinion publique par soi-même. Et moi, j’étais suffisant, je me disais que ça allait venir, sans vouloir chercher plus. Aujourd’hui avec un jeune attaquant en difficulté, j’aime créer une bulle entre lui et moi pour lui faire comprendre que c’est le lot de tous les attaquants. Petit à petit, si tu travailles et que tu te crées les occasions, ça va forcément revenir.
Pris en grippe à Nice, c’est pour te donner une bouffée d’air frais que tu décides de partir en prêt à Saint-Étienne ?
À Sainté, je retrouve Landrin et Dernis, mes anciens coéquipiers à Lille, mais aussi Laurent Roussey, l’ancien adjoint de Claude Puel avec qui j’avais fait beaucoup de travail spécifique attaquant dans le Nord. Tout cela m’a attiré, je suis venu comme une lettre à la poste. Je retrouve alors ma spontanéité, ma vivacité. Je n’ai pas énormément de temps de jeu, mais je marque quelques buts et cela me fait du bien. Je me prouve à moi-même que je suis encore capable de renverser des situations en Ligue 1.
Le coach Puel me met une claque dans la tête en disant : “C’est maintenant que tu te réveilles?”
Évidemment, ta première titularisation dans le Forez est synonyme de doublé… face au LOSC (2-1, le 6 mai 2007).
Ben ça, c’est classique et connu dans le foot, marquer contre son ancienne équipe. Sur le moment, je pense d’abord à ma confiance, mon moral : ce doublé me fait énormément de bien. Le fait que ce soit contre Lille, je n’y pense pas spécialement, d’ailleurs je suis presque désolé que ce soit contre eux. Mais à ce moment-là, je dois d’abord penser à moi. Après le match, je retourne voir mes anciens coéquipiers dans le vestiaire, ça chambrait pas mal. Le coach Puel vient même me mettre une claque dans la tête en disant : “C’est maintenant que tu te réveilles ?” (Rires.) Je dois tout à ce club. D’ailleurs, beaucoup de supporters lillois étaient limite contents pour moi, car ils me savaient dans la difficulté.
Printemps 2007: L'ASSE file en roue libre vers la fin de saison mais s'offre une victoire de prestige face au LOSC de Claude Puel ⚽️ Le bourreau inattendu des Dogues: Matt Moussilou 🇨🇬🇫🇷 Le Franco-Congolais y inscrivait 2 de ses 3 buts en Vert en punissant son ancien club💪 pic.twitter.com/24OVvT88i7
— Mémoires de l'ASSE (@ASSEmemories) November 15, 2021
Après la parenthèse stéphanoise, tu repars en prêt à Marseille, où ça se repasse moins bien…
Ce n’est pas forcément que ça se repasse moins bien. Le projet marseillais est intéressant, avec la Ligue des champions et tout. Le président et José Anigo me voulaient depuis longtemps. La stratégie pour retourner l’opinion publique de mon côté, je la juge bonne : un match réussi à l’OM, c’est comme réussir cinq matchs ailleurs. Moi, j’arrive à l’OM comme deuxième ou troisième attaquant derrière Cissé et Niang, j’aurai du temps de jeu et lorsque je serai bien, je pourrai titiller ces grands attaquants, pour qui j’ai évidemment le plus grand respect.
Les gens tapaient plus sur moi que sur un joueur plus tranquille, comme Laurent Bonnart ! Bonnart, c’est un super joueur, il fait bien son travail, mais il y a d’autres joueurs sur lesquels on préfère taper.
Tu concèdes que c’est étrange, lorsqu’on n’est pas au top mentalement, de s’embarquer dans la fureur du Vélodrome ?
Oui, mais cette fois, je ne suis pas le gros transfert, car c’est Djibril Cissé qui prend toute la lumière à ce moment-là. Le but pour moi, c’est travailler dans l’ombre, retrouver la confiance. Là encore, je suis sûr que j’aurais pu faire de belles choses, mais le manque de temps de jeu amène vite de la frustration. Et depuis mon départ de Lille, j’ai pris l’habitude de rapidement prendre la tangente : dès que ça se passe moins bien, j’appelle mon agent pour qu’il me trouve autre chose. Encore une fois beaucoup d’impatience, je n’étais pas assez armé mentalement pour tout cela.
Tu n’as pas été épargné par les médias, comme lorsque Les Cahiers du football te décernent le satirique Ballon de plomb en 2007. Les critiques te touchent ?
Moi, je préfère ne pas lire, mais indirectement cela me touche, car j’ai des amis, de la famille qui voient tout ça. À cette époque, je me faisais détruire sur tous les plateaux télé. J’avais fait tellement de belles choses à Lille que les gens restaient sur leur faim. Et puis, ils tapaient plus sur moi que sur un joueur plus tranquille, comme euh.. (il hésite) Laurent Bonnart ! Bonnart, c’est un super joueur, il fait bien son travail, mais il y a d’autres joueurs sur lesquels on préfère taper, car ils sont montés très haut et sont désormais dans la difficulté. Après, fallait assumer : quand ça allait bien, j’étais le premier content de voir toutes les bonnes critiques, mais évidemment quand ça va mal, faut faire le dos rond, se mettre en retrait. Et dès que j’ai la possibilité de partir à l’étranger, je fonce.
Cette opportunité arrive en novembre 2007, lorsque tu décides de rejoindre Al-Arabi, au Qatar…
Au Qatar, c’était le moment pour moi de retrouver une paix intérieure, de me re-situer. Ras la casquette du football français, des critiques dans tous les sens. J’avais besoin de tranquillité, et puis c’était très bien payé, il ne faut pas se le cacher. Il faut dire aussi que l’endroit est loin d’être désagréable, cela m’a fait énormément de bien. Je marque à tous les matchs, tranquille, à 10 000 kilomètres de toute l’activité médiatique en France. J’étais bien, relâché…
La suite de ta carrière est marquée par de courtes expériences en France et en Tunisie, avant de trouver ton véritable havre de paix, en Suisse.
J’ai vite compris que lorsque l’on sort du système français, ça prend beaucoup de temps pour convaincre les recruteurs qu’on a encore faim, qu’on veut encore performer. Il était clair que ça allait devenir compliqué de par la mentalité française, et donc je suis parti en Suisse relever les derniers challenges de ma carrière. Je m’y suis tout de suite super bien senti.
A posteriori, elle est quand même pas mal la carrière de Matt Moussilou, non ?
Avoir pu rendre fiers mes amis, ma famille, mes proches, ça n’a pas de prix. Pouvoir faire lever des stades, passer à la télé, vivre des moments de joie comme j’ai pu en avoir, j’en suis super fier : j’ai fait rêver des milliers de gamins ! On peut toujours avoir des regrets, toujours aller plus loin, mais on garde ça pour soi, ou bien on s’en sert pour donner des conseils aux jeunes générations. Mais avec le temps, on se rend compte qu’on a quand même fait de belles choses…
Propos recueillis par François Goyet