Maradona–Domenech, même combat ?
L'Argentine et La France sont en danger. Bizarrement, à la tête de ces deux équipes, deux personnages controversés, qui ne laissent pas vraiment indifférent. Entre le meilleur joueur de l'histoire du football mondial et l'un des plus grands casseurs de l'histoire du championnat de France, il existerait un gouffre. Et pourtant. Petit jeu des 7 ressemblances avec un dénominateur commun : l'Erreur, avec un grand E.
L’ENTRAINEUR
Maradona : Les grands joueurs ne font pas forcément de grands entraîneurs. Avant de coacher l’Argentine, Maradona s’est distingué à Mandiyu où ses asados ont laissé de meilleurs souvenirs que ses compositions d’équipe. En 95, il entraîne son premier club de première division argentine, le Racing Avellaneda, se fait expulser dès le premier match et finit par laisser tomber le banc à cause de la coke. Bref, El Pibe de Oro était un génie sur un terrain, un peu moins sur la banquette.
Domenech : Ses premiers pas en tant que coach, Raymond la science les fait à Mulhouse en tant qu’entraîneur-joueur. Même Maradona n’avait pas osé. En 88, Aulas l’embauche afin de faire remonter l’OL en première division. Il devient champion de D2 à la fin de la saison et qualifie le club l’année suivante pour la Coupe d’Europe. Avec les Espoirs, il parvient à remporter un Tournoi de Toulon (Whaouuhh !!!) avant de perdre une finale de Coupe du Monde sur un coup de tête, celui de Zidane. Pour résumer, Ray n’a jamais rien gagné si ce n’est le titre honorifique de plus “mauvais sélectionneur de l’Euro 2008” décerné par le Times. Et le pire, c’est que ce n’est même pas étonnant.
LA FAMILLE
Maradona : Quand les choses vont mal, Maradona tente de noyer le poisson en jurant sur la tête de toute sa famille que des jours meilleurs viendront. Joueur, il avait déjà mis la vie de ses filles en jeu quand il avait juré en pleurs ne jamais s’être dopé. Gianina et Dalma sont encore vivantes, mais depuis qu’il est entraîneur de l’Albiceleste, El Pelusa préfère s’en prendre à son petit-fils Benjamin : « Je jure sur la tête de Benjamin que l’Argentine sera en Afrique du Sud » . Agüero, le gendre du Pibe de Oro, peut d’ores et déjà rentrer le numéro d’Alerte Enlèvement dans son répertoire téléphonique.
Domenech : Quand il gagne, Raymond parle de l’équipe mais surtout de son coaching gagnant. En cas de match nul ou de défaite, Ray utilise toujours son fourbe stratagème, à savoir la belle et douce Estelle Denis. En 2008, après la défaite contre l’Italie, Domenech demande en direct la main de la présentatrice de 100% Mag. Dernièrement contre la Serbie, Ray-mucho remercie sa compagne « de le soutenir dans les moments les plus difficiles » . Aujourd’hui encore, Raymond n’est toujours pas marié avec son amour de paratonnerre. Et le pire, c’est que ce n’est même pas étonnant…
L’OPINION PUBLIQUE
Maradona : Avant d’être officiellement élu sélectionneur de l’Argentine, un sondage du quotidien Clarin démontrait que tous les Argentins ne sont pas complètement fous. 65% d’entre eux préféraient en effet voir Carlos Bianchi prendre place sur le banc de touche de l’Albiceleste. Sanctifié en Argentine (voir l’église Maradonienne), Maradona n’inspire pas forcément confiance en tant qu’entraîneur. Le mythe commence même à être sérieusement égratigné depuis les lourdes défaites contre le Brésil, la Bolivie ou le Paraguay. De héros à zéro, il n’y a souvent qu’un pas…
Domenech : Si la France revenait au Moyen-âge, Domenech aurait déjà rôti depuis longtemps sur le bûcher (des vanités) avec les 200 personnes lui ayant écrit des SMS de soutien. Et le pire, c’est que ça n’aurait même pas été étonnant…
LA TACTIQUE
Maradona : Il le dit lui-même : « L’Argentine, c’est Messi, Mascherano et neuf autres joueurs » . Pour l’heure, l’Argentine est surtout la grosse déception des qualifs pour le mondial sud-africain. Sur le papier, Maradona aime jouer en 4-3-3 ou 4-4-2. Une fois sur le terrain, chacun fait ce qu’il veut, quand il veut, mais aussi ce qu’il peut. Le bordel semble être le maitre-mot. Aucune cohésion, encore moins de complémentarité, que ce soit en attaque avec les trois nains (Messi–Tevez–Agüero), au milieu (Veron et Mascherano) ou en défense avec une ligne en papier crépon composée de trentenaires préretraités (Zanetti-Heinze). Pour résumer, l’Argentine, c’est comme le Portugal, mais en pire.
Domenech : Deux milieux de terrain défensifs même contre les Féroé. Une frilosité qui a de quoi énerver, mais pas autant que lorsque Ray pète un câble et aligne cinq attaquants contre la Roumanie. Pour rien. Trois ans après son arrivée chez les Bleus, Domenech en est encore aux séances d’essais. En défense centrale, le chantier est loin d’être terminé. L’animation du jeu a l’électrœncéphalogramme plat, et l’efficacité offensive est quasi nulle. Et puis comme chez les Argentins, le poste de gardien soulève encore pas mal de doutes. Bref, on n’est pas loin du néant, mais Raymond affiche encore une tête de joyeux anniversaire. Si la France n’est pas qualifiée, les joueurs n’auront qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Après tout, ce sont eux qui décident de la tactique à adopter…
LES BANNIS
Maradona : L’Argentine manque cruellement de meneurs de jeu, mais Maradona pense à rappeler Javier Saviola. 4 buts sur les trois dernières saisons, ce n’est quand même pas rien… Il y a quelques mois, Riquelme, le seul qui pouvait vraiment donner du sens au jeu, a claqué la porte de la sélection en affirmant que Maradona n’était pas correct avec lui. Depuis, l’ex-joueur du Barça est tricard. Tout comme Aimar, qui pourrait faire l’affaire en milieu de terrain s’il ne se blessait pas tous les trois matchs : « Pablo est un joueur que j’adore, mais la sélection est une affaire sérieuse » . Convoquer Martin Palermo, 35 ans, et quelques jeunes inconnus débutants (Jesus Datolo) pour affronter le Brésil, c’est vrai que c’est sérieusement burné… le mythe a ses raisons que la raison ignore.
Domenech : Entre ceux qui sont déjà au placard pour de vagues histoires de SMS envoyés à Estelle (Pires, Giuly), ceux qui ont raté le pénalty en finale de la Coupe du Monde (Trezeguet), ceux qui commencent à devenir vieux (Vieira) ou carrément gênants (Ben Arfa), il y aurait presque de quoi composer un onze pas dégueu. Et puis, il y a les joueurs qui parlent trop comme Malouda, nouvelle tête de turc officielle de Ray. Enfin, il y a ceux qui attendent toujours qu’on les appelle (Cheyrou, Hoarau) en espérant ne pas finir comme les mauvaises blagues préférées du coach (Chimbonda, Clerc ou Rami). Les yeux dans les bleus ou les bleus dans les yeux ? Domenech a déjà choisi.
GONZALO HIGUAIN
Maradona : « C’est un bon joueur, mais j’ai déjà ce qu’il faut en attaque. De toute façon, son heure finira bien par arriver un jour » . Maradona a le problème inverse de Domenech. Le natif de Brest veut jouer pour l’Albiceleste, mais c’est pas forcément réciproque. Et franchement, ça a l’air d’être le cadet des soucis de Diego Bonbon. Pour Higuain, le Mondial, ce sera manifestement à la télévision.
Domenech : Domenech a bien tenté de persuader le joueur, mais Higuain n’a rien compris à ce que Ray lui racontait. Dans une interview accordée à Don Balon, Pipita revient sur sa rencontre avec le sélectionneur national : « Je l’ai rencontré, mais je ne peux pas dire que je lui ai parlé. Il a surtout parlé à mon père, qui parle le français. Au bout de dix minutes, on s’est serré la main et chacun est parti de son côté » . Résultat : Gonzalo n’est pas convaincu et ne veut pas jouer pour la France (même s’il ne sait jamais), mais l’hypothèse de voir son père Jorge en bleu n’est pas à écarter. Raymond est un génie.
DAVID ASTORGA
Maradona : Pelusa n’aura croisé qu’une fois l’intervieweur de Téléfoot. Suffisant pourtant pour le mettre à l’amende et offrir aux téléspectateurs de TF1 un grand moment de télévision. Au Vélodrome, l’Argentine démonte la France en match amical. Astorga se précipite sur le Pibe de Oro et se fait un kiff en posant sa main sur l’idole du football mondial. El « Diez » le rembarre illico et dégage sa paluche comme s’il s’agissait d’une horrible pellicule défigurant le haut de son gros anorak. Armé d’un espagnol catastrophique mais courageux, Astorga insiste mais ne tire rien de transcendant du meilleur footballeur de l’histoire. L’humiliation aurait pu être évitée s’il avait su que Maradona avait une phobie de ceux qu’il appelle « les poids morts qui viennent se reposer sur lui » .
Domenech : Bientôt cinq ans que Domenech est sélectionneur. Cinq ans de réactions à chaud devant des panneaux publicitaires pourraves. Pourquoi ? Pour rien ou si peu… Cinq ans de dialogues de sourds, de langue de bois, et de salive bêtement gâchée : quand Astorga dit blanc, Raymond répond noir. Parler de la pluie et du beau temps dans un stade, c’est bien, mais le jour viendra où Astorga ira planter son grand micro dans le front de Snorky-Ray. Et le pire, c’est que ce ne sera même pas étonnant.
Par