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Jonathan Clauss, l’arc-en-ciel qui cache la forêt

Par Quentin Ballue
4 minutes

Comme chaque année, le football français se mobilisera contre l’homophobie samedi, à l’occasion de la 34e journée de Ligue 1. Avant ce week-end symbolique, Jonathan Clauss a tenu des propos clairs, qu’il est toujours bon d’entendre pour faire bouger les mentalités. Peut-être sa meilleure action de la saison.

Jonathan Clauss, l’arc-en-ciel qui cache la forêt

Côté pile, il y a Mostafa Mohamed, qui refuse de jouer avec Nantes lors du week-end consacré à la lutte contre l’homophobie. « Il y a des valeurs profondes, enracinées, liées à mes racines et à mes croyances, ce qui rend ma participation à cette initiative difficile », a-t-il expliqué sur Instagram pour essayer – en vain – de se justifier. Et côté face, heureusement, il y a Jonathan Clauss, qui se mouille publiquement en rappelant l’importance de ce combat. Le latéral niçois n’était pas obligé de prendre la parole, mais il l’a fait. Rien que pour ça, le football et la société peuvent le remercier.

« Le simple fait qu’il y ait un débat est un problème »

Le latéral de l’OGC Nice a accordé une heure au journal L’Équipe pour évoquer ce sujet si épineux dans les vestiaires, mais ô combien important. « Je ne sais pas si j’ai côtoyé des joueurs gays dans mes équipes, parce que personne ne l’a dit », confie-t-il au préalable, reconnaissant la difficulté d’aborder cette question dans le milieu du foot. « Le simple fait qu’il y ait un débat est un problème. […] Certains joueurs qui ne veulent pas entendre parler d’homosexualité, ils se disent : “Si j’accepte, on va penser que.” Mais moi, je m’en fiche complètement, je n’ai aucun problème avec ma sexualité ! Je ne comprends pas que la vie des autres nous affecte alors qu’elle ne nous regarde pas. » Le message est clair.

J’aimerais que l’annonce du coming out d’un joueur n’ait aucun impact, que ce soit positif ou négatif, sur son vestiaire, mais je pense que je ne serai plus là pour le voir.

Jonathan Clauss

« Les gens sont égoïstes, regrette l’ancien joueur de l’OM. Tant que ça ne les concerne pas, ils ne se mettent pas à la place d’autres personnes. Mais ce n’est pas parce qu’une discrimination ne te concerne pas qu’il ne faut pas y prêter attention. Le racisme, je ne l’ai pas vécu, mais ça m’intéresse quand même de me dire que ce n’est pas cool pour les personnes qui le subissent. » L’effectif niçois a pris part à un atelier de sensibilisation à la lutte contre l’homophobie en février. Une initiative que l’international français salue, bien qu’il estime que le gros du travail doive se faire auprès des plus jeunes, « dès l’école », pour véritablement faire évoluer les mentalités. « J’aimerais que l’annonce du coming out d’un joueur n’ait aucun impact, que ce soit positif ou négatif, sur son vestiaire, mais je pense que je ne serai plus là pour le voir », ajoute-t-il avec une certaine fatalité.

Un allié de plus

L’an passé, Mohamed Camara, Mostafa Mohamed et Nabil Bentaleb s’étaient tristement illustrés en se désolidarisant de la lutte contre l’homophobie. Le Monégasque, effrayé par les couleurs arc-en-ciel, avait même pris quatre matchs de suspension pour avoir recouvert de scotch les deux badges dédiés à cette campagne sur son maillot. Entendre le discours sans équivoque de Jonathan Clauss n’a donc rien d’anodin. Cela ne suffira pas à régler le problème, mais c’est une étape. L’homme aux 14 capes n’est d’ailleurs pas le premier Bleu à s’exprimer sur ce sujet.

David Ginola a fait la Une du magazine Têtu en 2011, comme Olivier Giroud en 2012 et Antoine Griezmann en 2019. « Si un footballeur gay souhaite faire son coming out, il n’aura peut-être pas tous les joueurs de l’équipe de France à ses côtés, mais il m’aura, moi, assumait le meilleur passeur de l’histoire des Bleus. Il faut répéter que l’homophobie n’est pas une opinion, mais un délit. » En 2022, il avait répété que la communauté LGBT+ aurait « toujours son soutien » en marge de la Coupe du monde au Qatar.

Le sujet a également été mis sur la table par Ouissem Belgacem, passé par le centre de formation de Toulouse, qui a publié Adieu ma honte (Fayard) en 2021, un livre qui « doit servir un combat de tous les instants contre l’homophobie ». Ce qu’il disait sur Griezmann à l’époque vaut aussi pour Clauss aujourd’hui : « Il est extrêmement courageux. C’est très bien qu’il s’exprime sur le sujet. J’espère que d’autres vont suivre. Toutefois, Griezmann est hétéro, ce n’est pas dommageable pour sa carrière. Et une prise de parole aurait eu plus de poids si un joueur homosexuel en activité faisait son coming out. Mais c’est toujours bien d’avoir un allié, tant mieux, j’ai apprécié. » Le latéral niçois en fait désormais partie, et on l’applaudit.

Par Quentin Ballue

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