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Losc, les retrouvés
Si Bordeaux est le patron du football français, la vraie hype du moment c'est Lille, troisième du championnat et meilleure attaque d'Europe depuis un mois. Un truc d'autant plus fou que les Nordistes avaient fait un début de saison de relégable. Explications d'une métamorphose.
Parfois, l’explication est à chercher aussi bien sur la pelouse qu’en dehors. Parfois, elle se trouve peut-être tout simplement sur la feuille de match. Celles de Lille, par exemple, auraient dû nous mettre la puce à l’oreille. Car une équipe capable de mettre deux fois sur trois un joueur de l’AC Milan sur le banc n’est forcément pas une équipe de peintres. Bon ok, Pierre-Emerick Aubameyang n’a jamais joué un match pro avec les Rossoneri mais le jeune attaquant gabonais possède un vrai potentiel qui lui aurait permis d’être titulaire dans n’importe quelle formation moyenne de Ligue 1. Seulement voilà, Lille est bien mieux qu’un club moyen du Championnat. A dire vrai, actuellement, il fait même office d’épouvantail national qu’il ne faut surtout pas croiser au risque d’en prendre quatre dans musette, le tarif offensif de ses quatre dernières rencontres face à Valenciennes (4-0), Lyon (4-3), Saint-Etienne (4-0) et Monaco (4-0). Et encore a-t-il fallu, côté OL, que Hugo Lloris sorte une nouvelle performance hors norme pour empêcher les anciens tauliers hexagonaux d’en prendre le double. Ou comment le Losc est passé en quelques semaines du statut d’une formation luttant pour le maintien à celui de plus belle attaque d’Europe de cette fin d’automne.
Ambiance western dans le Nord
En vérité, la vraie bizarrerie était de voir les Nordistes se fendre d’un premier trimestre aussi misérable. On l’a dit, l’effectif lillois a quand même une superbe allure. Mais le contexte ne s’accommode guère d’approximations de fonctionnement. Et il faut bien le dire, cet été, ça été une sacré bordel au domaine de Luchin. Soit l’éviction surprise de Rudi Garcia orchestrée par le directeur général du LOSC, Xavier Thuilot, avant le retour de Garcia quelques jours plus tard assorti du limogeage de Thuilot. Une lutte intestine qui a laissé son lot de merdes, entre les joueurs chamboulés par le vrai-faux départ de celui qui les a requalifiés pour l’Europe et ceux qui s’en faisaient une joie, le Rudi n’ayant pas que des potes dans le vestiaire. Et puis il y a eu le lot de déçus par l’intersaison, comme Cabaye qui se voyait bien descendre sous des latitudes plus clémentes que le frimas du Nord-Pas-de-Calais. Déçu, l’international espoir a fait la gueule avant d’être mis à l’écart. Résultat de tout ce bazar : « On a connu des ambiances meilleures » , confiait alors Rio Mavuba. Traduire : une atmosphère de merde. Le temps pour le Sergent Garcia de réinstaller tranquillou son autorité, et pour les esprits chafouins de faire leur deuil des espérances estivales. Et ainsi faire redémarrer la machine, en appliquant les basiques de la maison.
Gervinho, look de merde mais perfs de crack
Comme les saisons passées, Lille cuisine à l’étouffée au milieu de terrain dans son 4-3-3 des familles, avec un Cabaye positionné devant la défense, épaulé par Balmont et Mavuba, et une attaque en trident avec plusieurs options possibles en pointe : la vitesse de Frau, la taille de De Melo ou la puissance de Vittek. L’élément déterminant des succès lillois vient sans doute de leur pouvoir perforant sur les côtés. Gervinho a beau avoir un look désastreux, il effectue la saison de sa vie, efficace (8 buts) et chaloupé à souhait. « Il est tellement fort qu’il peut nous faire gagner l’Europa League » , se paluche même Mavuba. De l’autre côté, Eden Hazard est probablement le talent le plus pur du championnat et figure un Ben Arfa qui ne baillerait pas aux corneilles sur le banc, qui n’entrait pas sur le terrain avec le maillot d’un autre ou en oubliant d’enlever sa chaîne. Stabilité, talent et retours gagnants : le cocktail gagnant du moment. Même s’il faut rester prudent et réaliste sur la valeur du LOSC au plus haut niveau. Il ne faut pas se leurrer, Lille surfe actuellement sur une vague d’euphorie où Rami peut se permettre d’attraper la lucarne façon Cristiano Ronaldo sur coup-franc. Mais si l’ensemble dogue est homogène, il manque peut-être ce patron technique capable de porter une équipe dans les périodes de moins bien qui ne manqueront pas d’arriver. Un leader type Juninho ou Gourcuff, les références de ces dernières saisons, que n’est pas (encore ?) Hazard. Le chaînon manquant pour prétendre régner sur la Ligue 1.
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