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« L’Italie, ce n’est pas qu’une question de couilles »

Propos recueillis par Giuliano Depasquale
5 minutes
« L’Italie, ce n’est pas qu’une question de couilles »

Adjoint de Giovanni Trapattoni sur le banc de la sélection irlandaise de 2008 à 2013, Marco Tardelli revient sur ses moments irlandais avant cet Italie-Irlande.

Vous êtes arrivé en 2008 sur le banc de l’Irlande avec Giovanni Trapattoni jusque 2013. Que pouvez-vous nous dire du foot irlandais ?C’est un football qui, déjà, a progressé et qui a aujourd’hui une belle équipe composée de jeunes. Maintenant, il reste encore du travail pour construire cette équipe correctement pour ensuite pouvoir réaliser d’importantes choses.

Trapattoni et vous avez réalisé un gros travail avec la sélection. Mais ça avait pourtant mal commencé avec la main d’Henry pendant les qualifs du Mondial 2010.Oui, mais je retiens surtout le parcours pour se qualifier à l’Euro 2012. On avait réussi à construire une équipe compétitive et c’était déjà un très bel accomplissement.

Justement, pour se qualifier, c’était au tour de l’Irlande d’être un peu aidée avec une main de Cox dans une confrontation avec le gardien albanais, exclu ensuite pour avoir aussi touché le ballon de la main, en dehors de la surface.Je ne m’en souviens pas de cet épisode, je me souviens seulement qu’on a réussi à amener l’Irlande à l’Euro après 25 ans d’absence. Je me souviens très bien de la main d’Henry, mais absolument pas de celle de Cox (rires).

L’Italie se trouvait aussi dans le groupe des Irlandais en 2012. Même si la compétition était déjà finie pour l’équipe et que vous et Trapattoni êtes italiens, il devait tout de même y avoir cette envie de faire un résultat pour sortir la tête haute. Quel était le plan ?Le plan pour battre l’Italie était simplement d’entrer sur le terrain, courir et battre l’Italie, c’est tout. L’Italie avait évidemment plus de qualité que nous, mais il n’y avait pas vraiment de plan. On avait décidé de maintenir le même jeu, la même tactique et d’aller à l’attaque. On n’avait plus rien à perdre.

L’Irlande possède de bons joueurs capables de grandes choses, comme ils l’ont montré lors du match de qualifs remporté contre l’Allemagne (1-0). Que manque-t-il pour que l’équipe soit vraiment compétitive ?Malheureusement, l’Irlande n’est pas encore habituée à ces tournois internationaux. Je pense qu’il faut du temps à l’équipe pour parvenir à gérer tous les différents facteurs et faire un beau parcours. Il s’agit surtout d’une question d’expérience. À force, les joueurs en auront, mais ce n’est certainement pas l’envie qui disparaîtra. Il leur faut juste du temps pour s’habituer à jouer contre des équipes plus fortes.

En effet, on voit que l’Irlande a encore du mal cette année.Elle a du mal, mais elle a fait un bon match contre la Suède et je pense même qu’elle aurait mérité de gagner. Mais c’est aussi fatigant d’enchaîner les parties avec un tel rythme, c’est un prix à payer, mais c’est ça aussi le foot.
Quelle était la force de l’équipe quand vous étiez sur le banc avec Trapattoni ?C’était un groupe composé de très bons joueurs avec beaucoup de volonté et de professionnalisme. Ensuite, il y en avait bien sûr qui étaient un peu plus talentueux que d’autres, comme Robbie Keane, Duff, O’Shea… C’étaient des joueurs très importants.

Et la faiblesse principale ?Encore une fois, je dirais juste ce manque d’habitude aux tournois.

L’Italie a toujours prouvé qu’elle était une équipe très bien organisée grâce à Conte, qui a réalisé un très gros travail avec tout le groupe. Il s’est basé sur la plus grande qualité de l’équipe : la défense.

À 35 ans et remplaçant, Robbie Keane peut encore apporter quelque chose à l’équipe ?Je pense que oui, il a énormément d’expérience et son talent peut toujours servir. Ayant passé cinq ans avec lui, pendant lesquels il a toujours porté l’Irlande, je peux dire qu’il est toujours intéressant de l’avoir dans l’équipe.

Que pensez-vous du groupe de Martin O’Neill ?L’équipe a un bon potentiel et ça ne m’étonne pas, car ce sont pour la plupart de jeunes joueurs qu’on avait intégrés, nous, dans l’équipe à l’époque.

Il y a de très bons éléments, mais, jusque maintenant, on a l’impression qu’ils ont un peu de mal à s’affirmer, non ?Ce sont vraiment de bons joueurs, mais ils doivent encore apprendre sur le plan tactique à jouer au foot. Sinon, tu regardes, il y a de super jeunes comme McCarthy, Coleman, McClean, Long et encore d’autres. Seulement, ils doivent encore apprendre à gérer un match comme il faut.

Vous êtes surpris de voir l’Italie terminer à la première place du groupe ?Non, ce n’est pas du tout une surprise. L’Italie a toujours prouvé qu’elle était une équipe très bien organisée grâce à Conte, qui a réalisé un très gros travail avec tout le groupe. Il s’est basé sur la plus grande qualité de l’équipe, qui est la défense. Il a réussi à l’exploiter et ça fonctionne vraiment bien.

Giaccherini a dit que c’était une Italie avec des couilles. C’est juste une question de couilles ?Non, ce n’est pas qu’une question de couilles. C’est surtout une question de mental. Les joueurs en ont et je pense que ça s’est vu pendant les deux premiers matchs.

La partie sera très différente de celle de 2012. L’Italie devait gagner, maintenant c’est l’Irlande qui a besoin d’une victoire. O’Neill et ses hommes ont encore une chance ?C’est difficile à dire. Pour le moment, c’est surtout du 50-50, on va voir ce qui va se passer.

Candreva s’est blessé et manquera le match. Au regard de ses très bonnes performances, son absence pourrait coûter cher à l’Italie ?Déjà pour ce match-ci, je pense que son absence se ressentira. Après, il faut espérer qu’il revienne, car, s’il manque les prochaines parties, ce sera un peu plus compliqué.

Un pronostic, pour terminer ?L’Italie gagne. Je ne sais pas quel score exact donner, mais j’espère en tout cas que l’équipe en mettra le plus possible.

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