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- Atlético de Madrid-Real Madrid
Kylian Mbappé et Vinícius, au moins copains sur le terrain
Même après un match où Kylian Mbappé et Vinícius ont marqué, le premier sur une passe du second, la presse espagnole rapporte que la relation entre les deux hommes n’est pas excellente. Qu’importe, ils commencent à se trouver les yeux fermés sur le terrain et tirent le Real vers le haut.

« La relation entre Mbappé et Vinícius Junior n’est pas aussi bonne qu’elle n’y paraît. Ce ne sont pas des frères. Ils ne se détestent pas non plus, mais ils n’ont pas une relation idyllique », lâchait Anton Meana, journaliste de la Cadena SER, après la victoire du Real Madrid face au Rayo Vallecano (2-1) dans laquelle les deux ont trouvé le chemin des filets à quatre minutes d’intervalle. La force de frappe de la presse espagnole ne fait pas encore vaciller le duo, mais les critiques à l’encontre de l’international français continuent de se multiplier, l’accusant même de trop « serrer la mâchoire » et de faire des gestes d’« aigri » durant sa célébration. « Kyks » est pourtant vraiment de retour, comme en témoigne son 13e but de l’année civile, son 28e sur l’ensemble de la saison, toutes compétitions confondues. S’ils ne sont visiblement pas les meilleurs amis du monde, les deux attaquants s’entendent plutôt bien sur le terrain et c’est tout ce qui compte pour Carlo Ancelotti, qui, après avoir assisté presque impuissant aux premières semaines laborieuses de Kylian Mbappé, ne peut que se féliciter de cette métamorphose.
Une entente record
En règle générale, l’appel déclenche la passe, et tout semble bien plus simple quand c’est le Français qui déboule à toute vitesse. Vinícius ne dira pas le contraire, puisqu’il a parfaitement lancé son coéquipier dans l’espace pour l’ouverture du score, dimanche, contre le Rayo, lui offrant sa cinquième passe décisive de la saison, contre deux réciproquement. C’est d’ailleurs la meilleure entente au sein de la Maison-Blanche durant cet exercice, tandis que Rodrygo a également offert cinq caviars à Mbappé, et Jude Bellingham quatre.
Dans ce carré magique sur le front de l’attaque du Real Madrid, le tandem composé des deux principaux joueurs promis à chaque Ballon d’or cristallise toutes les attentions. Quand certains rêvent de les voir compiler les buts en s’enlaçant façon MSN, d’autres estiment que l’un doit s’effacer au profit de l’autre à la manière de Karim Benzema pour CR7, et la presse locale espère même secrètement le départ d’une guerre d’ego digne des Galactiques. Après le match aller de ces huitièmes de finale de Ligue des champions face à l’Atlético (2-1), elle n’avait d’ailleurs pas hésité à tirer à boulets rouges sur les deux joueurs, plus empruntés que lors du tour précédent contre Manchester City, lors duquel Mbappé avait notamment inscrit quatre buts sur la double confrontation. Même sans être décisif, les deux attaquants offrent en réalité des munitions uniques à une équipe déjà ultra-flexible, oscillant entre le 4-2-3-1 et le 4-3-3.
Un duo dans le quatuor
Qu’importe le système, les permutations incessantes des quatre offensifs donnent le tournis à la majorité des équipes d’Europe, dont le rival madrilène. Profitant de l’attractivité du duo Mbappé-Vinícius dans l’axe, le Real a multiplié les transversales vers ses ailiers, Rodrygo et Brahim Díaz en l’occurrence, collés à la ligne, ce qui a permis de désorganiser rapidement la défense de l’équipe de Diego Simeone et de prouver que même sans toucher le ballon, les deux vedettes pouvaient avoir une influence. Pour les faire briller, il faut compter sur Rodrygo, maillon essentiel du collectif de Carlo Ancelotti, qui se révèle, une fois de plus, vital. Comme ses deux compères, il préfère aussi jouer à gauche, mais lui accepte de dépanner à chaque poste de l’attaque, comme il s’astreint à réaliser de précieux retours défensifs.
À leurs côtés, Jude Bellingham a longtemps paru frustré quant à sa perte d’influence dans la feuille de stats depuis l’arrivée du capitaine de l’équipe de France, attendant novembre pour inscrire son premier but. Après avoir été contraint de combler les espaces dans l’entrejeu, il a été progressivement replacé dans l’axe, un cran plus haut, pour revenir – déjà – à onze buts et autant de passes décisives, et trouver beaucoup plus facilement Mbappé dans le jeu. Ce dernier n’est pas un attaquant de surface, et comme l’Anglais se projette davantage, dans un style similaire à la saison dernière, il se retrouve parfois presque en position de numéro 10, symbole d’une équipe caméléon capable d’instiller son poison dans chaque recoin de la défense adverse.
Ce sont paradoxalement les dix matchs ratés de Vinícius, entre novembre et janvier, qui ont permis d’établir que son duo avec Kylian Mbappé pouvait marcher. En effet, durant son absence, l’ensemble de la formation s’est rééquilibré autour de Jude Bellingham, permettant aux offensifs d’être libres sur le front de l’attaque. À coups de courses tranchantes et de passes dans le bon tempo, des joueurs de ce niveau-là n’ont pas de mal à parler le même football. Aussi prometteuses soient-elles, ces associations peuvent toutefois s’avérer dangereuses, à l’image des fessées infligées par le Barça en championnat (0-4) et en Supercoupe d’Espagne (2-5), profitant tantôt de l’impatience des attaquants, tantôt du déséquilibre causé par l’absence de repli défensif de Mbappé et de Vinícius. La balance bénéfices-risques penche tout de même en faveur de ce duo, et pas besoin d’être amis pour remporter, ensemble, une Ligue des champions.
Par Enzo Leanni