- C1
- 8es
- Liverpool-PSG (0-1, 1-4 TAB)
Merci qui ? Merci Luis Enrique !
La qualification héroïque du PSG à Liverpool ce mardi soir porte avant tout la marque d’un homme : Luis Enrique. Sérénité, confiance et style de jeu reconnaissable entre mille : un an et demi après son arrivée dans la capitale, le technicien espagnol a imposé sa patte au club et fait taire ses détracteurs.

Il fallait le voir haranguer ses joueurs, disposés en cercle autour de lui, en transe et sûr de son fait à quelques instants de la première séance de tirs au but de l’histoire du PSG en Ligue des champions. Le genre de moment qui inspire tout sauf sérénité et relâchement. Et pourtant, une énième fois dans cette soirée hors du commun, Luis Enrique transmettait toute sa hargne et sa conviction inébranlable d’une issue positive à ses (jeunes) joueurs. La manière dont les quatre tireurs ont réussi leurs tentatives avec brio et Gianluigi Donnarumma repoussé celles de Darwin Núñez et Curtis Jones ne peut être totalement décorrélée de l’état d’esprit insufflé à petites doses progressives par l’Asturien depuis de longs mois. Pas plus que cette capacité à souffrir encore et encore face aux vagues successives, même quand ces dernières semblent ne jamais vouloir s’arrêter au fil d’une seconde période de grande souffrance.
La victoire de la conviction
Même au cœur de la tempête, ce PSG-là s’est accroché à la moindre branche, sûr de la partition à exécuter pour s’en sortir. La même que celle jouée avec brio depuis trois mois aux quatre coins de l’Hexagone et qui a valu tant de louanges à Luis Enrique et son escouade, avec à chaque fois le bémol de savoir si elle serait capable d’en faire autant face à un cador du continent. La réponse est oui. « Bravo au PSG, ils ont été très bons sur les deux matchs, s’empressait de saluer le capitaine vaincu Virgil van Dijk au micro de Canal+ dès le coup de sifflet final. Leur entraîneur Luis Enrique en a fait une très bonne équipe. » Surtout, il en a fait une équipe capable de renverser des montagnes, après les avoir si souvent prises sur la figure à ce stade d’une compétition où il était plus souvent question de malédiction.
40 - Paris est la 2e équipe française à se qualifier en C1 à l'issue d'une séance de tirs au but, 40 ans après Bordeaux contre le FC Dnipro en mars 1985. Les clubs tricolores restaient sur 4 éliminations successives, qualifications inclues. Libération.#LIVPSG pic.twitter.com/fU90n1PVqZ
— OptaJean (@OptaJean) March 11, 2025
Un an après avoir renversé le Barça chez lui, l’ancien Blaugrana démontre une nouvelle fois son improbable propension à retourner toutes les situations, aussi mal engagées soient-elles. La victoire à Montjuïc était dans toutes les têtes pendant les six jours qui ont séparé les deux rencontres, histoire de faire gonfler le moral d’une équipe consciente d’avoir fait exactement ce qu’il fallait au Parc des Princes. De quoi faire changer peu à peu le regard que le reste de l’Europe pose sur ce PSG, qui ne fait plus rire personne. Et provoquer une vague d’admiration unanime chez les supporters et l’ensemble des observateurs, même ceux qui avaient fait preuve du plus de scepticisme lors de l’atterrissage de l’ancien sélectionneur de la Roja au pied de la tour Eiffel. « On a juste montré quel type d’équipe nous sommes, qui joue son propre football, quel que soit le terrain où elle se déplace, même si ça n’a pas été facile par moments ici. Nous avons été à la hauteur de ce que le match réclamait », pouvait fanfaronner l’intéressé dans les travées d’Anfield.
Rêver plus grand, mais surtout ensemble
Ce mercredi matin, toute la ville lumière se prend à espérer, à se projeter à nouveau vers des sommets qu’elle espère gravir depuis douze ans déjà, et le retour du club en Ligue des champions. L’apothéose d’une méthode construite patiemment depuis l’été 2023 et répétée inlassablement à qui voulait bien l’entendre. Quitte à la dévoiler dans un documentaire publié à l’automne dernier, à grand renfort de scènes où on le voit marteler ses principes immuables à un groupe encore en phase de rodage. « Il ne voulait rien toucher à notre travail. Les seules fois où il nous a dit de bouger des choses, c’est quand il y avait des moments où ça pouvait affecter l’image de son staff ou de sa famille. On a tout vu ensemble, et ils n’ont demandé aucun changement, rien, nous confiait alors le producteur du doc, Duncan McMath. C’est la personne la plus positive et optimiste. »
Tout ce qui peut arriver de positif autour de l’équipe me paraît merveilleux. On ne changera pas notre mentalité, nos intentions.
À force de répéter qu’il fallait croire au « système » comme un mantra, le tacticien de 54 ans a vu les choses rentrer dans la tête de ses joueurs, à la manière d’un enseignant face à ses élèves. À Liverpool, ces derniers ont démontré une parfaite acquisition des connaissances lors de l’examen. « Tout ce qui peut arriver de positif autour de l’équipe me paraît merveilleux. On ne changera pas notre mentalité, nos intentions, martelait encore le professeur. Notre objectif est d’être en position de gagner cette compétition. On sait combien il est difficile de la gagner, mais c’est évident que ça nous renforce. » « Tout le monde, le staff, est en train de faire du super boulot. Je suis très heureux. On n’a pas de limite », embrayait Marquinhos au micro de Canal+. Reste désormais à voir si après avoir insufflé tant de confiance, Enrique peut aussi prévenir son groupe de ses excès avant la suite des opérations. Pour le PSG, cette probable double confrontation contre l’un de ses ex avec qui l’histoire s’est mal finie sera une magnifique occasion de mesurer le chemin parcouru. Y compris sur son banc de touche.
Par Tom Binet