Le paradoxe Greenwood

« Je suis toujours derrière mes joueurs pour qu’ils ne se reposent pas sur leurs lauriers. Si quelqu’un s’entraîne mal, il ne jouera pas, peu importe son nom », a prévenu Roberto De Zerbi avant la rencontre face à Lens. Une phrase qui a pris tout son sens lorsque le onze de départ olympien a été communiqué samedi soir et que pour la première fois de la saison, Mason Greenwood a commencé le match sur le banc. Il n’aura fallu qu’une mi-temps avant de voir l’ancien joyau de Manchester United arborer le flocage « Wo = Man » sur la pelouse du Vélodrome. Une entrée fade et insipide, à l’image de ses dernières sorties. Celui qui souhaite désormais jouer pour la Jamaïque, après avoir été mis au ban de la sélection anglaise à la suite des accusations de tentative de viol et de violences conjugales, qui ont finalement été abandonnées, ne pourra pas cette fois se prémunir d’un but comme totem d’immunité.

Un talent irrégulier

L’histoire de Mason Greenwood avec l’Olympique de Marseille a pourtant démarré sur les chapeaux de roues. Cinq buts et une passe décisive en trois rencontres, il en a depuis inscrit dix de plus, dont celui victorieux face à Monaco début décembre, et ajouté deux passes décisives supplémentaires à son compteur. Des statistiques qui en font le deuxième meilleur buteur du championnat avec 15 buts en 25 matchs, à cinq longueurs d’Ousmane Dembélé. Pourtant, la nonchalance de l’Anglais commence à fortement agacer dans la cité phocéenne. Selon La Provence, Greenwood et Luis Henrique ont subi les foudres du coach transalpin au cours de la semaine, une colère qui aurait surpris le reste du vestiaire.

Mason Greenwood sera sur le banc des remplaçants au coup d'envoi d'une rencontre officielle de l'@OM_Officiel pour la 1ère fois depuis son arrivée dans le club phocéen en juillet 2024. #OMRCL https://t.co/ulMlPWI3RC

— Stats Foot (@Statsdufoot) March 8, 2025

Le joueur de 23 ans est loin d’avoir retrouvé sa dynamique de la première partie de saison. De Zerbi, toujours enclin à le préserver lorsqu’il se présente devant les journalistes, est désormais le premier à en vouloir plus de la part de son attaquant : « Mason Greenwood, je l’ai voulu ici. C’est le premier joueur que j’ai appelé. J’avais appelé son père avant de signer ici. J’en attends plus de sa part, car ce qu’il fait ne nous suffit pas. S’il veut maintenir ses attentes de champion, il doit être plus constant, plus décisif. Ses performances font un peu des vagues, et je n’aime pas beaucoup ça », expliquait le technicien olympien avant la rencontre de samedi. Le ton était beaucoup plus cinglant quelques minutes après le revers subi face à Lens : « On n’était pas dans notre meilleure forme physique. Luis Enrique et Mason Greenwood n’étaient pas à 100% de leur condition physique. Je l’ai vu d’ailleurs cette semaine, c’est aussi pour ça qu’ils n’ont pas joué au début. » L’ancien de Brighton n’a pas non plus hésité à critiquer le rendement offensif de ses joueurs, et en particulier de Greenwood : « Quand on a Greenwood et Luis Henrique, […]  forcément on s’attend à plus, on s’attend à ce qu’ils réussissent à générer plus d’occasions, ce soir ça n’a pas été forcément le cas. »

Un système de jeu repensé pour ses qualités

Si Roberto De Zerbi se montre de plus en plus exigeant envers Greenwood, ses coéquipiers n’hésitent pas à voler au secours de leur coéquipier. À l’image de Geoffrey Kondogbia avant la rencontre face à Nantes : « Il a du talent, de l’instinct, créatif. On a besoin de lui, de ses qualités. Il est très calme, c’est sa nature. C’est positif pour nous, il va nous aider jusqu’à la fin de saison. » Même son de cloche du côté de Gerónimo Rulli cette semaine : « Greenwood est un joueur fondamental pour nous. On a plus de chance de gagner avec lui. Il a beaucoup progressé depuis qu’il est avec nous. Il devrait défendre un peu plus, mais il a l’humilité pour reconnaître quand il commet des erreurs. Le meilleur Greenwood, on ne l’a pas encore vu sur le terrain, c’est un nouveau poste pour lui. »

Si le portier marseillais parle d’un « nouveau poste » pour Greenwood, c’est parce que De Zerbi a repensé son système du début de saison, après la mauvaise passe de ses ouailles à l’automne, pour permettre à l’Anglais de performer. Contre Lens lors du match aller, le tacticien lombard semblait avoir trouvé la bonne recette avec un milieu plus fourni avec l’ajout de Valentin Rongier, même si c’est désormais Ismaël Bennacer qui évolue à ce poste. Adrien Rabiot a été propulsé un cran plus haut, tandis que Greenwood, de son côté, est désormais positionné plus proche du but et se trouve quelque peu délesté du travail défensif. Pour le pire, comme le meilleur selon le coéquipier placé derrière lui. Une machine bien huilée qui commence donc à s’encrasser, comme souvent lorsque l’OM a la possibilité de prendre une avance considérable sur ses poursuivants. Sa place de dauphin, heureusement, reste en sécurité après la défaite de Nice contre Lyon (0-2), avant d’aller défier Paris dimanche prochain. Une rencontre où l’ensemble des Marseillais devra répondre présent physiquement, techniquement et tactiquement afin d’aller droit au but au Parc des Princes. Mason Greenwood en tête.