S’abonner au mag
  • France

En Ligue 1, vivons moins nombreux, vivons heureux

Par Enzo Leanni
5 minutes

Après le mercato estival, les clubs de Ligue 1 comptent 27 joueurs en moyenne dans leur effectif. Une baisse drastique simple à expliquer par la crise économique actuelle, mais qui pourrait en réalité être une bonne chose pour la gestion des entraîneurs.

En Ligue 1, vivons moins nombreux, vivons heureux

La saison 2024-2025 s’est terminée en apothéose pour Chelsea, récompensé par un doublé en Ligue Conférence et au Mondial des clubs. Entre les deux finales, les Blues avaient le luxe de changer quatre noms dans leur onze de départ. Un chiffre presque faible pour ce groupe composé de 58 joueurs. Le futur serait donc promis, comme au basket ou au rugby, aux clubs capables de pouvoir aligner (au moins) deux équipes types ? Pas vraiment, puisque la tendance est largement à la baisse cet été. D’après Transfermarkt, les effectifs de plus de 30 joueurs sous contrat sont de plus en plus rares : aucun en Espagne, deux en France, quatre en Angleterre et en Allemagne et neuf en Italie. Même Chelsea a drastiquement dégraissé, ne comptant plus que 32 joueurs dans son squad, soit autant que l’OM et le TFC.

C’était mieux avant ?

En France, cela s’explique « tout naturellement par le contexte, la situation économique du football français et le peu de visibilité sur l’avenir », pose Fabien Safanjon, vice-président de l’UNFP. Dans l’attente des résultats de Ligue 1+, les clubs sont contraints de réduire la voilure. « Tous ceux qui se sont retrouvés en fin de contrat ou qui n’étaient plus sportivement en phase avec les attentes du club ont été poussés vers la sortie », explique le dirigeant du syndicat des joueurs, qui estime une diminution de 200 joueurs dans les divisions professionnelles françaises. Où sont-ils passés ? Il prend l’exemple du stage de l’UNFP FC pour y voir plus clair : « Sur 44 joueurs, on a eu 23 signatures dont les deux tiers à l’étranger. Les joueurs sont partis là où il y a de l’offre. Quand on s’aperçoit qu’ils partent à l’étranger, c’est forcément qu’il y a plus d’offres là-bas ou qu’elles sont plus intéressantes. »

Les fois où j’ai eu des effectifs plus importants que d’habitude, j’ai dû gérer plus de problèmes.

Olivier Dall’Oglio

À titre de comparaison, il y a dix ans, toutes les formations de Ligue 1 comptaient plus de 30 joueurs, jusqu’à 42 pour Bordeaux. Si le portefeuille était plus épais, ce n’était pas forcément mieux avant, car un effectif pléthorique n’est pas gage de qualité. Olivier Dall’Oglio en connaît un rayon, lui qui a réussi à monter dans l’élite avec Dijon, en 2016, avec 29 joueurs, puis avec Saint-Étienne, en 2024, avec 39 joueurs. S’il pointe une différence au niveau du centre de formation des deux clubs, ainsi qu’à Brest où il s’est maintenu avec 28 contrats pros, il préfère gérer des bolides moins larges. « Les fois où j’ai eu des effectifs plus importants que d’habitude, j’ai dû gérer plus de problèmes, je devais passer plus de temps à communiquer, les entrevues individuelles prennent plus de temps parce qu’elles sont plus nombreuses. Le directeur sportif doit aussi gérer ça avec les agents », remet-il. Ces dernières années, Monaco, Marseille ou Lyon se sont justement plaints de groupes trop chargés et les lofts se sont multipliés.

Une réduction bienvenue

« Il y a un réel problème à animer des séances d’entraînement à plus de 30 joueurs, explique Olivier Dall’Oglio. Il faut d’abord faire une sélection, ceux qui s’entraînent avec l’équipe une et ceux qui vont avec l’équipe une bis. Il faut déléguer à un autre coach, obligatoirement. Une opposition concerne 22 joueurs, ceux qui ne débutent pas doivent donc être gérés à côté. Quand il y a trois joueurs potentiellement titulaires en concurrence, l’un d’eux sera forcément mis de côté et donc frustré, c’est presque ingérable. » Les joueurs sont effectivement en première ligne de cette gestion particulière et notamment les jeunes. Sur ses 32 contrats pros, Toulouse compte par exemple 15 garçons de moins de 20 ans, et hormis Guillaume Restes, Dayann Methalie et les recrues Santiago Hidalgo et Julián Vignolo, peu d’entre eux fouleront régulièrement les pelouses de Ligue 1. « Faire trois ans en pro sans faire un match de pro, ce n’est pas leur rendre service », estime Fabien Safanjon. L’UNFP doit parfois ramasser à la petite cuillère ces jeunes, à l’image de Bryan Nokoué, passé par le stage de cet été et parti au HAŠK Zagreb.

Le TFC a l’effectif le plus chargé de Ligue 1 avec l’OM.
Le TFC a l’effectif le plus chargé de Ligue 1 avec l’OM.

L’équilibre est bien difficile à trouver, tant pour les clubs que pour le syndicat. Pour y remédier, la LFP avait émis l’idée, en 2022, de fixer une limite à 25 joueurs par effectif, calquée sur le modèle de l’UEFA. Cela se basait sur une étude de la DTN de l’année précédente prouvant que 90% du temps de jeu global ne se partageaient qu’entre seize joueurs et que le 26e temps de jeu de l’effectif ne jouait en réalité que 0,1% des matchs. « Je pense qu’il vaut mieux avoir un effectif plus restreint, mais où tout le monde peut jouer », tranche Olivier Dall’Oglio. Même son de cloche du côté de l’UNFP : « Raisonnablement, il faut réduire les effectifs. Cette réglementation n’a pas encore été acceptée par les clubs. On peut imaginer que les gros clubs ont besoin de plus de joueurs avec les compétitions européennes, mais avoir 30 ou 40 joueurs sous contrat, ça veut dire qu’on est plus dans l’idée de faire du trading et de la spéculation. » Ou alors, dans l’optique de remporter la Coupe du monde des clubs.

Quel est le plus beau maillot de l'histoire de la Ligue 1 ?

Par Enzo Leanni

Tous propos recueillis par EL.

À lire aussi
Les grands récits de Society: Aramburu : quand l'extrême droite tue
  • Terrorisme
Les grands récits de Society: Aramburu : quand l'extrême droite tue

Les grands récits de Society: Aramburu : quand l'extrême droite tue

Le 19 mars 2022, un ancien joueur professionnel de rugby, Federico Aramburu, était tué en plein Paris par Loïk Le Priol, militant du GUD.

Les grands récits de Society: Aramburu : quand l'extrême droite tue
Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • La revue de presse foot des différents médias, radio et presse française/européenne, du lundi au vendredi en 3 à 4h!
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine