S’abonner au mag
  • Enquête
  • Foot et jeux de société

Les jeux de société de foot sont-ils tous nuls ?

Par Émilien Hofman
Les jeux de société de foot sont-ils tous nuls ?

À la question « Y a pas de foot à la télé ce dimanche, on fait quoi ? », il arrive encore que certains parents proposent un jeu de société pour oublier le temps maussade des mois d'hiver. Reste à savoir maintenant s'il est possible de jouer à un jeu de société… et au foot en même temps.

« Jetez les dés pour déplacer les joueurs, puis jetez les dés pour tenter un tir, et le gardien jette les dés pour essayer d’arrêter le tir. » À peu de choses près, cette phrase constitue à elle seule les règles à comprendre pour jouer à Lignes d’attaque, ce jeu de société créé en l’honneur du FC Sochaux-Montbéliard et sponsorisé par Peugeot. Nombreuses ont été les tentatives d’auteurs de lancer sur le marché des jeux de société de foot, rares ont été les réussites, que ce soit du côté de la mécanique du jeu, ou du côté commercial. Entre le statique Kicker ou l’innommable Buteur, les avis divergent sur la question de savoir si jeu de société et football sont compatibles…

« Le jeu de sport n’a pas évolué »

Depuis les années 2000, le jeu de société moderne a connu un énorme boom. Fini les interminables parties de Monopoly où l’on connaît le vainqueur dès le troisième tour, fini les jeux où seul le dé décide du gagnant. Désormais, les jeux sont adaptés à leur époque, les mécanismes sont plus complexes, plus recherchés. On trouve ainsi des jeux où tout le monde joue en même temps – c’est fini d’attendre que tonton Jacques réfléchisse cinq minutes pour savoir où il va placer sa carte – on trouve des jeux où il n’y a même plus de dé, avec des thèmes aussi variés que les 7 merveilles du monde, le débarquement de Normandie, la formation des monstres, etc. « Le problème, c’est que le jeu de sport est une des seules branches du jeu de société qui n’a pas évolué, explique Sébastien, vendeur de jeux. Alors que sur console, en revanche, les jeux se sont énormément développés, jusqu’à être devenus extrêmement réalistes. C’est donc bien plus facile de se brancher à la PlayStation et de trouver un joueur que de déballer sa boîte en disant« Qui veut jouer ? »avec 20 pages de règles à expliquer… »

Le marché se retrouve inondé de produits tels Le Buteur, jeu à la dynamique nulle où il s’agit de placer des cartes qui font bouger un ballon bien seul sur son mini plateau de jeu. Le mécanisme est donc à revoir, même si pour certains, c’est peine perdue. « Il n’est pas possible de retrouver le plaisir d’un match de foot dans un JDS, on ne peut pas reproduire fidèlement les sensations du foot, lance Thomas Provoost, éditeur de jeux de société. C’est un peu comme avec Johnny Hallyday : les gens aiment le voir chanter, mais pas le voir jouer dans des films. Pour le foot, les gens aiment avoir le ballon, ce qu’ils n’auront pas en jouant à un jeu. » Le foot trop complexe pour le retransmettre sur un simple plateau ? Certains ont donc pensé à simplement reprendre l’image « football » pour vendre leur création.

Monopoly PSG et cartes à collectionner

« On a souvent réfléchi à adapter Time’s Up au football, confesse Thomas Provoost. Mais ça ne reproduit pas exactement un match, c’est comme un jeu-quiz, quoi. » De même, de nombreux éditeurs de jeux de société sortent des Monopoly à l’effigie d’une équipe, comme l’inoubliable version du PSG où Ljuboja valait plus cher que Pauleta et où l’on pouvait s’offrir Ronaldinho pour 400€. « Il n’y a rien d’original, s’emporte Provoost. On a juste collé des images de foot sur un mécanisme qui fonctionnait déjà. C’est comme les cartes à collectionner d’équipes nationales juste avant une Coupe du monde par exemple, ce ne sont pas des jeux de foot. Ça fait vendre, mais c’est juste parce qu’il y a la photo des joueurs dessus. »

Ça semble clair : les vrais jeux de foot sont rares, tout simplement parce qu’ils ne se vendent pas. Le public du jeu de société et celui du football sont sensiblement différents, et les fans cherchent encore le jeu qui réussit à combiner les deux passions. Actuellement, rares sont les éditeurs qui acceptent encore des prototypes de jeux de société sur le foot. « On a déjà reçu des offres de gens qui pensent que ça va se vendre, explique Provoost. Mais on n’y croit pas. Ils viennent avec la fausse bonne idée que tous les fans de foot vont acheter le jeu… Mais non : les fans, ils regardent les matchs en buvant des bières avec leurs potes, ils ne vont pas jouer. » Pourtant, certains férus ont trouvé leur compte dans des jeux qui, bien qu’éloignés des grands mécanismes du foot, mettent quelques principes de ce dernier en valeur.

Coupe du monde de Subbuteo

« LeSubbuteoa pas mal marché, mais c’était plutôt un jeu d’adresse où on place ses joueurs. » Thomas Provoost ne s’y trompe pas, le Subbuteo a encore son bon lot de fans. Ce jeu se déroule sur un tapis d’environ 1m40 sur 90cm. Les deux adversaires possèdent chacun 11 figurines posées sur un socle sphérique, de sorte qu’elles puissent glisser suite à une pichenette. Chacun à leur tour, les joueurs vont donc pichenetter un de leurs footballeurs (avec ballon pour l’attaquant, sans pour le défenseur) avec bien entendu l’objectif de foutre le cuir au fond des buts.

Créé en 1947 par l’Anglais Peter Adolph, ce jeu s’est incroyablement développé, jusqu’à proposer une Ligue des champions, une Ligue Europa et même une Coupe du monde, organisée cette année à Rochefort, en Belgique. « De Singapour aux États-Unis, 250 joueurs et 22 nations étaient présents, explique Valery Dejardin, organisateur. Tout le monde était logé dans des gîtes des environs. » Avec huit titres sur douze mis en jeu à Rochefort, ce sont les Italiens qui se sont montrés les plus forts, eux qui ont également 14 Coupes du monde à leur palmarès. Mais avec toute cette organisation, le Subbuteo en est-il encore au stade du jeu de société ? « Je suis fan de foot, mais je n’ai pas d’attirance particulière pour les jeux de société, concède Dejardin. Selon moi, leSubbuteoest plus un sport qu’un jeu, à partir du moment où on fait beaucoup de compétitions, qu’on passe des heures à s’entraîner, etc. »

Autres pays, autre passion : le Futebol de Mesa – littéralement le football de table – est extrêmement populaire au Brésil et… en Hongrie. À l’aide d’un petit disque en plastique, les joueurs exercent une force vers le bas pour déplacer les boutons en fibre de verre qui représentent les footballeurs. Dans le but, un gros bloc rectangulaire qui essaie de stopper les frappes de ces flippos améliorés. « Tous les Brésiliens ont le rêve de devenir footballeur professionnel, ne nous apprend pas Paulo Quartarone, fan brésilien de foot de table. Mais une fois que j’ai réalisé que je n’y arriverais pas, j’ai réalisé mon rêve en jouant auFutebol de Mesa. Pour y arriver, vous devez avoir de la stratégie, de la précision, de l’équilibre et de l’entraînement. » Avec de multiples compétitions à travers tout Brésil, le football de table a offert une « autre » Coupe du monde au mois de juin dernier.

Stratégie, placement et forces adaptées

Le foot est donc régulièrement repris comme thème d’un jeu de société dont le mécanisme est quant à lui bien différent. Mais l’inverse est-il possible ? Peut-on développer un mécanisme propre au football dans un jeu de société ? « Oui, la stratégie, pense Sébastien, le vendeur. En gros, on peut imaginer un plateau de jeu divisé en trois ou quatre parties. Avec des cartes, il serait possible d’activer et d’avancer des joueurs dans des zones définies du terrain… Comme c’est sur des cases, il y a bien sûr le hasard des cartes, mais il y a aussi l’intelligence du joueur qui peut activer certains footballeurs et donc créer une stratégie. Après, on pourrait aussi développer des profils de joueurs différents avec des forces adaptées à leur poste ou à leurs capacités : l’attaquant est meilleur à la finition, le milieu stoppe plus facilement les attaques adverses… » Le côté « sport » reste donc difficile à développer, mais pour le côté « tactique » , cela reste envisageable. C’est sûrement ce que se sont dit Frank Crittin et Grégory Largey quand ils ont créé Helvetia Cup.

Dans ce jeu, vous incarnez le coach d’une équipe de foot. Pendant les matchs, le but est de faire sa composition, gérer la stratégie et les remplaçants. Entre les matchs, ce sont les entraînements, la fatigue, les blessures et les cartons des joueurs qu’il faut pouvoir administrer. Helvetia Cup se joue avec des équipes composées de cinq joueurs aux capacités différentes. « Nous ne sommes pas très loin de reproduire l’exactitude des mécanismes du foot avecHelvetia Cup, expliquent les auteurs. Mis à part le nombre de joueurs et le fait que le ballon ne peut quitter les limites du jeu… » D’après les créateurs – qui ne veulent néanmoins pas dévoiler de chiffres de vente -, Helvetia Cup a été très bien reçu par la critique des jeux de société, alors que les jeux de sport ne sont pourtant pas les favoris des joueurs de jeu de plateau. « Pour l’instant, l’accueil a été aussi positif chez les joueurs que chez les amateurs de foot… Pourvu que cela dure » , se réjouit-on du côté des auteurs. Reste à savoir si les fans de Sochaux vont aller jusqu’à troquer leur Lignes d’attaque

Par Émilien Hofman

Articles en tendances
41
Revivez la victoire du PSG contre Lyon (4-1)
  • Ligue 1
  • J30
  • PSG-Lyon
Revivez la victoire du PSG contre Lyon (4-1)

Revivez la victoire du PSG contre Lyon (4-1)

Revivez la victoire du PSG contre Lyon (4-1)
32
Revivez Real Madrid-Barcelone (3-2)
  • Liga
  • J32
  • Real Madrid-Barcelone
Revivez Real Madrid-Barcelone (3-2)

Revivez Real Madrid-Barcelone (3-2)

Revivez Real Madrid-Barcelone (3-2)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine