- Jeux olympiques (M)
- Gr. A
- Mexique-France
Les Bleus sont Ă Tokyo, faites vos JeuxâŻ!

Ce jeudi Ă lâheure de la pause cafĂ© (ou des croissants pour les vacanciers), les Bleus olympiques entament leur tournoi face au Mexique. Et plutĂŽt que l'indiffĂ©rence, cette Ă©quipe de bric et de broc mĂ©rite justement tout notre soutien.
Dans cet article :
La foudre dâUsain Bolt, la rage de Teddy Riner, la Dream Team de Jordan, lâinsouciance de Laure Manaudou, les larmes de Brahim Asloum. On a tous une image qui vient spontanĂ©ment en tĂȘte lorsquâil est question des Jeux olympiques. Mais celle-ci est rarement en lien avec le football. Et encore moins avec le football français, Ă moins dâavoir Ă©tĂ© devant son poste de tĂ©lĂ©vision pour les buts de François Brisson et Daniel Xuereb face au BrĂ©sil, le 11 aoĂ»t 1984, offrant la mĂ©daille dâor Ă lâĂ©quipe dâHenri Michel aux Jeux de Los Angeles. De lâautre cĂŽtĂ© du Pacifique, 37 ans plus tard, et surtout 25 ans aprĂšs la derniĂšre participation dâune Ă©quipe de France masculine, câest une toute nouvelle gĂ©nĂ©ration qui cherchera Ă combler les pages vides de cet album photo. «âLes JO reprĂ©sentent mon enfance, mon attrait pour les autres sports : basket, handball, athlĂ©tisme, judo⊠Ătre au milieu de tous ces athlĂštes, câest un truc de malade, jubilait AndrĂ©-Pierre Gignac en confĂ©rence de presse. En plus nous, lâĂ©quipe de France de football, cela fait trĂšs longtemps que nous nây sommes pas allĂ©s et câest donc encore plus un honneur.â» De plus, les garçons ne pourront pas partager ces honneurs avec leurs homologues fĂ©minines, absentes cette annĂ©e. Pour rĂ©sumer : tous les regards seront braquĂ©s sur Tousart, Bernardoni and co.
Pourtant, ces Bleus devront laisser le poids de cette (non-)histoire derriĂšre eux. Dans des conditions Ă foutre le cafard, la faute Ă la Covid et Ă une bulle plus drastique que jamais, ce sont des Olympiades inĂ©dites quâils sâapprĂȘtent Ă vivre. Pourtant, lâexpĂ©rience en vaut la chandelle, et Sylvain Ripoll pourra leur rappeler la chance quâils ont. «âJâai priĂ© trĂšs fort pour ĂȘtre dans le groupe du Japon et donc au village olympique (les matchs auront lieu dans la grande mĂ©tropole de Tokyo, NDLR), pour vivre lâĂ©vĂšnement au cĆur du rĂ©acteur, rapportait le sĂ©lectionneur Ă lâAFP. Il y a une envie de partage, de dĂ©couverte, de connexion avec tous ces champions. JâespĂšre que ça va nous porter de sentir partout le haut niveau, la performance.â» Ă peine dĂ©barquĂ©s, certains croquent dĂ©jĂ Ă fond dans le charme de lâolympisme. «âCâest totalement diffĂ©rent de ce quâon a lâhabitude de connaĂźtre. Normalement, on est au vert et on ne croise personne. LĂ , on mange tous ensemble au self avec les autres athlĂštesâ», assure Florian Thauvin Ă LâĂquipe. Mais comme le dit Ripoll : «âVivre vraiment lâĂ©vĂ©nement, câest aussi avoir beaucoup dâambition et lâenvie de faire des rĂ©sultats.â»
«âCe qui est important, câest ce quâon crĂ©e entre nousâ»
Et câest lĂ , contre le Mexique, lâAfrique du Sud puis lâhĂŽte japonais, que les choses se joueront. Un groupe a priori abordable sur le papier, mĂȘme si AndrĂ©-Pierre Gignac pourra se rappeler que la derniĂšre fois que la France Ă©tait opposĂ©e Ă El Tri et aux Bafana Bafana, les choses se sont gĂątĂ©es. Mais cette joyeuse troupe devra Ă©crire son propre roman, alors mĂȘme que la prĂ©face a Ă©tĂ© pleine de ratures. La faute Ă des clubs pas forcĂ©ment trĂšs corpo et qui ont obligĂ© le staff Ă revoir sa copie, en retenant des joueurs comme le Rennais Eduardo Camavinga, le Lillois Jonathan IkonĂ© ou le Niçois Amine Gouiri. Autant de garçons qui avaient gagnĂ© le droit de voir Tokyo grĂące Ă leurs performances avec les Espoirs, mais qui devront rester en France pour des amicaux contre Levante, Porto ou lâUnion Berlin. Les 21 embarquĂ©s dans lâavion ne sont donc pas tous du premier choix, mais les prĂ©sents assurent que le collectif reste cohĂ©rent. «âSylvain nâa pas piochĂ© non plus les joueurs au hasard. Il y a des mecs dĂ©cisifs en L1, Ă lâAC Milan (Pierre Kalulu), Ă la Real Sociedad (Modibo Sagnan), ce nâest pas rien. Sâils sont lĂ , câest parce que Sylvain les a choisis et quâils avaient quelque chose, garantit par exemple le capitaine Gignac, dans les colonnes de LâĂquipe. Ce qui est important, câest ce quâon crĂ©e entre nous. Je ne lâĂ©changerais surtout pas contre des joueurs de renom, car je suis heureux dâĂȘtre avec ces mecs.â»
Bon an, mal an, lâancien coach des Merlus a rĂ©ussi Ă finir son casting et semble sây retrouver : «âIl y a vraiment de bonnes ondes dans ce groupe, avec cette mixitĂ© trĂšs riche entre de plus anciens qui apportent leurs expĂ©riences, des jeunes avec leur fougue et leur gĂ©nĂ©rositĂ©, et dâautres qui connaissent bien la catĂ©gorie pour sâĂȘtre qualifiĂ©s.â» Les trois vieux briscards Thauvin, Gignac et Savanier pourront peser de toute leur expĂ©rience et de leurs playlists avec du Sardou dedans. Mais si les Jeux sont beaux, câest aussi parce quâils permettent de se laisser sĂ©duire par de nouveaux visages, des amours dâĂ©tĂ© ou plus si affinitĂ©s, quâil ou elle soit kayakiste, Ă©pĂ©iste ou footballeur/se. Ainsi, on pourra dĂ©couvrir le dĂ©fenseur valenciennois IsmaĂ«l DoukourĂ©, prĂ©sentĂ© comme le nouveau Dayot Upamecano, le milieu cannais Alexis Beka Beka, qui a impressionnĂ© APG par sa maturitĂ©, le meneur Enzo Le FĂ©e Ă la baguette ou encore lâattaquant de poche rĂ©mois NathanaĂ«l Mbuku. Un mot dâordre : rien Ă perdre et donc tout Ă gagner. Et il nây a plus quâĂ laisser lâesprit olympique sâoccuper du reste.
Dans cet article :
Par Mathieu Rollinger