Lens : l’Envers du Nord

Mercredi 27 février 2008 : sortie nationale du film de l’année, du siècle, de l’histoire…Le tsunami médiatique Bienvenue chez les Ch’tis ravage tout ce qui se dresse sur son passage, y compris le paysage du football hexagonal. Outre l’illégitime blabla résultant de la fameuse banderole de feu les Boulogne Boys, les joueurs et le public français engloutissent les mimiques et les répliques du navet, avant de les gerber à toutes les sauces : dans les couloirs de l’hôtel Novotel d’Amiens (Fabrice Fiorèse) ou en guise d’accueil quand on leur passe un coup de fil (Rio Mavuba), les footeux parlent ch’ti, car le Nord de la France est plus que jamais tendance.

Mercredi 27 février 2008 : même jour, même heure, même euphorie, le RCL remporte au Mans son plus joli succès de la saison (4-5, demie de la Coupe de la Ligue). Une victoire synonyme de billet pour le Stade de France, mais qui coïncide surtout avec le coup d’envoi du chemin de croix lensois. Ainsi, depuis cette orgie, les matches se suivent et se ressemblent presque tous.

Avec quatre nuls et quatre défaites au cours des huit dernières journées de championnat, les Sang et Or filent tout droit vers l’étage inférieur. Les espoirs de redressement qui avaient accompagnés le come-back de Daniel Leclercq s’amoindrissent au fur et à mesure que les entrées aux Gaumont et UGC s’accumulent.

Depuis 2005 et la mort de Peter Bachelet, les supporters débitent en chœur les lyrics des Corons. Ces derniers temps, force est de constater que ce chant est de loin le plus en vogue dans les travées de Bollaert. La légendaire “Lensoise” scandée (notamment) lors de la présentation des équipes faisait jusqu’alors figure de symbole de la ferveur des supporters de l’équipe de foot lensoise.

Victimes indirectes du remplissage de poches de Dany Boon, les fidèles de Félix-Bollaert arborent désormais plus facilement leur attachement au patrimoine et à l’accent local qu’aux onze joueurs censés les représenter sur le rectangle vert.

L’amoureux de la région et du folklore nordiste semble clairement se dissocier du statut de supporter du RCL. Les authentiques Sang et Or, éclipsés par les beuglements régionalistes, ne réussissent plus à se faire entendre et leur mécontentement concernant par exemple la gestion de l’aspect sportif peine à arriver aux oreilles de Jean-Pierre Papin.

Conséquence de cette cacophonie, Leclercq et JPP se confortent dans des choix douteux. Symptomatique du malaise du club du Pas-de-Calais, la répétition de performances honnêtes de Toifilou. Avec quatre pions inscrits en onze titularisations, l’ancien Marseillais déçoit rarement, ce qui n’est pas forcément bon signe pour la collectivité et révélateur du niveau général.

S’accrochant à la bouée maoulidienne, les vétérans Monterrubio et Carrière effectuent une saison honorable et alimentent la maigre colonne des satisfactions artésiennes.

A la décharge de Dany Boon, on peut s’apercevoir que la descente aux enfers de Lens n’en est pas vraiment une. Le club n’a en effet jamais été dans le coup cette saison, se baladant de la 14ème à la 19ème place depuis le mois d’aôut.

En exhibant un visage souvent frileux et irrespectueux des anciennes cuvées lensoises, le Racing 2007/2008 crèche néanmoins pour l’heure à une dix-septième place suffisante pour sauver sa place au sein de l’élite nationale. Yohan Demont et consorts peuvent compter sur leurs confrères de misère (Strasbourg, Paris, Toulouse, Auxerre, Monaco, Caen) pour préserver leur billet pour la prochaine saison de L1.

Battus au Moustoir la semaine dernière (1-0, but-tacle de Saïfi de l’extérieur de la surface !) malgré une domination évidente, les ouailles de Gervais-j’en-veux n’ont désormais plus le choix et doivent s’imposer face à Sochaux ce samedi s’ils veulent s’éloigner d’une zone de relégation qui leur tend les bras.

Plus que jamais, l’or du maillot lensois vire au jaune canari version 2007.

Matthieu Pécot