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Le match que vous n’avez pas regardé : Al Hilal-Al Khaleej

Par Julien Duez, à Riyad

Un coup d’envoi tardif, un kop en feu, une remontée au classement et des rumeurs de transferts clinquants, tout ça c’était le match (en retard) entre le mastodonte Al-Hilal et le promu Al-Khaleej en D1 saoudienne et c’est le match que vous n’avez pas regardé.

Le match que vous n’avez pas regardé : Al Hilal-Al Khaleej

Riyad a beau être la capitale d’un pays fièrement arabe, ça ne l’empêche pas d’avoir un côté très américain, que ce soit dans le plan quadrillé de ses rues ou le rapport de ses habitants avec la bagnole. Ici, un Uber se commande avec la même facilité qu’on prendrait le métro en Europe et, d’après le chauffeur au volant de ce trajet vers le stade du Prince-Fayçal, « ce n’est pas près de changer », dit-il en désignant d’un coup d’œil une station de métro dont l’entrée est cerclée de barrières, et c’est loin d’être une exception. En effet, alors que sa mise en service était prévue au 1er juin 2022, le réseau est toujours en travaux, et leur date de fin toujours inconnue. Résultat, pour rejoindre l’enceinte qui porte le nom d’un des fils du roi Fahd et ancien président de la fédération de football, il faut s’armer de patience dans les bouchons. Mais le jeu en vaut la chandelle, à en croire Abdullah Al-Omran, directeur de la communication d’Al-Hilal, champion en titre et club le plus titré d’Arabie saoudite avec pas moins de 18 titres de D1 à son actif. « Là, c’est un peu calme, pose-t-il en guise d’introduction. Mais c’est normal, la rupture du jeûne a eu lieu il y a seulement trois heures, et les gens la passent en famille, donc ils devraient arriver à la dernière minute. » Pour coller en effet avec les habitudes des fidèles pendant le mois de ramadan, le coup d’envoi de cette rencontre en retard et comptant pour la 16e journée démarre à 22 heures. Pas la peine, donc, de compter sur un parcage d’Al-Khaleej, dont le siège se situe à Saihat, au bord du Golfe persique (d’où le nom Al-Khaleej, qui signifie le Golfe en VF), à quatre heures de route de la capitale. « Si des supporters adverses viennent, c’est qu’ils sont basés à Riyad, croit savoir un steward. Mais dans tous les cas, ils ne seront pas nombreux. »

Du côté des locaux en revanche, on est immédiatement frappé par le bloc des ultras, le Blue Power. Considéré comme le groupe le plus important du pays – voire d’Asie, se vantent certains -, il rassemble plusieurs milliers de membres à chaque rencontre et compte des sections locales dans toutes les grandes villes d’Arabie saoudite, de telle sorte que, partout où il joue, le club au croissant ne marche jamais seul. Lorsque le speaker rompt le silence qui règne pendant l’échauffement, les supporters applaudissent respectueusement chaque nom de la feuille de match. Parmi les têtes connues, l’ancien Mancunien Odion Ighalo, l’international saoudien Mohamed Kanno et surtout, Moussa Marega, de retour dans le XI de départ après six matchs sans jouer.

En avant, tambour battant

Et puis il y a l’autre star : Mohammad. En pénétrant sur sa nacelle, le capo provoque une explosion de joie chez les partisans d’Al-Hilal. Autour de lui, une sono d’un autre âge et deux haut-parleurs fixés à l’aide de serflex, un troisième étant tenu à bout de bras par un autre ultra pour faire résonner ses chants le plus loin possible. Son bloc est plein et bien garni, des assistants se sont chargés de répartir harmonieusement les retardataires si bien que lorsque l’arbitre portugais João Pinheiro siffle le coup d’envoi, c’est un véritable tsunami bleu qui se met en branle. Au rythme du bendir, de la darbouka, de la caisse claire et de la grosse caisse, Mohammad entonne les chants d’une voix aux antipodes du son crié que l’on retrouve habituellement dans les tribunes européennes. Dit autrement : s’il n’était pas ultra, le capo aurait toute sa place dans un studio à enregistrer des disques de chansons d’amour. Et d’amour, c’est précisément ce dont il s’agit tout au long du match. Le public en dégouline, et les champions en titre le leur rendent bien. À la 39e minute, Mohammed Al-Burayk sert Ighalo dans la surface, côté gauche. Le Super Eagle contrôle, se retourne et enrhume deux défenseurs en marquant en force du gauche dans un angle impossible. Les chants « Ighalo ! Ighalo ! » qui s’ensuivent parachèvent la montée en température.

C’est superbe, mais ce n’est pas fini ! Très actif lui aussi, Moussa Marega envoie quelques minutes plus tard une bastos dans la tronche du pauvre gardien adverse, et alors que tout le monde voit un corner, l’arbitre va quant à lui consulter la VAR en raison d’une potentielle faute du défenseur Izuchuckwu Anthony. Effectivement, le tacle par-derrière est indiscutable, comme la biscotte qui l’accompagne. Le Nigérian, lui aussi, est bien moins en réussite que son compatriote qui se charge du break en transformant le penalty tout aussi fort dans le temps additionnel du premier acte. À la pause, Mohammad essuie son visage en sueur et profite d’un coup de flotte bien mérité pour se rafraîchir la glotte. « C’est tout le temps comme ça, jure-t-il, satisfait de l’ambiance mise par ses ouailles. Mais quand on joue nos gros matchs de championnat ou de Ligue des champions au stade du Roi Fahd(où évolue également la sélection nationale, NDLR), c’est encore plus impressionnant ! » On veut bien le croire, tant la ferveur est palpable. Tout est prétexte à applaudir et envoyer des vivats. Comme ces supporters qui, à la faveur d’un tirage au sort effectué à l’aide de la caméra du stade, remportent un ballon ou un téléphone portable. De quoi rendre la soirée encore plus agréable pour les heureux gagnants.

Messi ? Mais oui !

Si la deuxième mi-temps est du même tonneau en tribune, sur le pré, Al-Hilal ne parvient pas à enfoncer davantage le clou et ce, alors qu’Al-Khaleej rappelle sans mal que sa section de prédilection est celle de handball, avec laquelle elle a remporté autant de titres nationaux que son adversaire du soir. Les rares incursions dans la surface adverse sont accueillies à grands coups de claques sur les sièges en plastique et cela semble suffire pour totalement les déstabiliser. À la manière du Rapid-Viertelstunde, bien connu du côté de la capitale autrichienne, les supporters du Croissant passent en mode repeat pour le dernier quart d’heure : « Allez Al-Hilal ! Tous tes supporters sont derrière toi ! Tout le stade tremble ! » Ad libitum.

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Mission accomplie, les trois points sont dans la musette et, avec encore un match en retard, les espoirs de titre sont encore bien vivants pour l’actuel quatrième du classement. « Moi j’y crois, on va encore finir champions et garder notre couronne, tonne un ultra. Si on gagne le prochain, on aura seulement quatre points de retard sur Al-Nassr au moment du derby (prévu le 18 avril, NDLR). » De fait, ce troisième succès d’affilée est de bon augure pour remonter la pente. Le leader Al-Ittihad n’est qu’à huit longueurs devant, avec 50 points tout rond. Mais pour espérer le faire tomber, il faudra d’abord passer par la case CR7, que tout le monde attend de pied ferme. Et si ça casse, tant pis. Les supporters d’Al-Hilal semblent déjà avoir acté le fait qu’ils auront eux aussi leur arme de destruction massive la saison prochaine. Son nom ? Il suffit de tendre l’oreille au moment où le président du club passe devant le kop : « Meeeessi ! Meeeeeeessi ! Meeeeeeessi ! » « Depuis que Cristiano est arrivé, les matchs d’Al-Nassr sont diffusés en Europe, rappelle ce fan bien informé. Attendez que Leo arrive ici et vous allez faire connaissance avec le plus grand club d’Arabie saoudite. » Pari tenu.

Al-Hilal bat le record du nombre de victoires consécutives

Par Julien Duez, à Riyad

Tous propos recueillis par JD.
Photos : JD et Al-Hilal.

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