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Le Graët, l’âpre de Noël

Par Nicolas Kssis-Martov
Le Graët, l’âpre de Noël

Alors que la période actuelle demanderait un président visionnaire et capable de penser l’après à la tête de la FFF, le discours de Noël Le Graët semble déconnecté de la réalité.

« Depuis six mois, on a l’impression qu’il ne faut pas y aller, que c’est honteux. Le Qatar va bien organiser les choses, j’en suis sûr. » Auprès de nos confrères de L’Équipe, Noël Le Graët persiste et signe. « Il aurait fallu en parler avant. Les querelles d’aujourd’hui sont un peu tardives. Lorsque la Coupe du monde a été attribuée, il y a plus de dix ans (en 2011), je n’ai pas vu beaucoup de manifestations », s’agaçait-il déjà sur le plateau de Télématin, l’émission de France 2. Une stratégie de défense complètement hypocrite. Depuis au moins 2014, ONG, syndicats et presse internationale, dont française, tirent la sonnette d’alarme, notamment sur les conditions de vie et de mort des travailleurs immigrés, principalement originaires d’Asie. Enquêtes, investigations, rapports détaillés, reportages, statistiques, tout était déjà là. Des syndicalistes népalais aux antennes de la BBC, il fallait être sourd ou coupé des réseaux sociaux pour l’ignorer. Ce mutisme satisfait colle à la France le rôle du mauvais élève en la matière, du moins au sein de l’UEFA. Ainsi, tandis que des fédérations européennes ont renvoyé la FIFA dans les cordes après une lettre leur intimant « de se concentrer maintenant sur le football », l’ancien maire socialiste de Guingamp, en bon légitimiste, suit la ligne officielle du parti : « On n’est pas associés à cela pour le moment. Mais si quelque chose ne me plaît pas sur place, je le dirai, peut-être même avant ceux qui ont signé. Pour ma part, j’ai de bonnes relations avec Gianni Infantino. »

Un président ne devrait pas dire ça

Même attitude pusillanime face aux discriminations. Certaines équipes, dont les Bleus, sont censées voir leur capitaine (Hugo Lloris en l’occurrence pour les Bleus) porter un brassard à ce sujet. La réaction de Noël Le Graët entend d’abord ne pas froisser les Qataris : « On va en discuter. Mais j’aime autant qu’il ne le fasse pas. On va jouer dans un pays que l’on doit respecter. Mais s’il faut le porter, on le portera. Ce n’est pas que je ne suis pas favorable à ce brassard, mais parfois, je me dis que l’on veut être tellement donneurs de leçon qu’il faudrait regarder aussi ce qui se passe chez nous. » En effet, il pourrait commencer par s’interroger sur « ce qui se passe » dans sa FFF, sur ce qu’il fait ou plutôt ce qu’il s’abstient de faire. Car les polémiques se multiplient, sur le fonctionnement de la fédé, sur la frilosité, pour rester courtois, dans la lutte contre l’homophobie, entre autres. La FFF est également sous le coup d’un audit de son ministère quant à d’éventuels dysfonctionnements internes révélés par les médias ces dernières semaines. « Il y a un audit en cours. Il va se terminer assez vite. Je suis parfaitement serein sur son issue. Ensuite, concernant ce qui est paru dans la presse, il y a une plainte de ma part, une autre de la Fédération et une de Florence Hardouin. Pour moi, cette affaire est terminée. J’ai fait ce qu’il fallait. Et je n’ai jamais fait ce qui m’est reproché. » Sur tous ces dossiers, il peut certes avoir le sentiment désormais que la nouvelle ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, qui s’était montrée inflexible dans un premier temps, a quelque peu adouci sa position, à en croire ses récentes interviews : « Noël Le Graët m’a dit qu’il n’était pas l’auteur des fameux SMS, qu’il avait ce respect pour les femmes, qu’il avait des filles et une femme à laquelle il était attaché. Il se dit très respectueux du cadre de travail. Je ne veux pas faire de procès d’intention avant la lettre. »

Rien ne semble le désarçonner. Pas même le doute autour de la sélection de Jordan Veretout dans la liste du Mondial, avec un potentiel conflit d’intérêt autour de Bachir Néhar, intendant des Bleus et employé comme « Team Manager » , depuis 2020, par VV Consultation, l’agence de Vadim Vasilyev, ancien président de Monaco, qui serait intervenu dans le transfert du joueur vers l’OM. De fait, Noël Le Graët paraît déjà se concentrer sur son avenir, et celui de Didier Deschamps, comme s’il était évident que ce serait à lui d’en décider. « On est bien d’accord tous les deux, on se verra tout de suite après la Coupe du monde. Si on va en demi-finales, c’est lui qui a le choix. S’il se sent motivé pour continuer, on ne discute même pas. Si on n’est pas dans le dernier carré, on discute… » Il continue d’ailleurs d’exercer son pouvoir, en offrant notamment le scalp de Pascal Garibian, à la tête de l’arbitrage depuis dix ans, aux clubs professionnels, qui ciblent les hommes en noir comme la cause de tous leurs soucis depuis le début de la saison. Il est convaincu « d’aller au bout de mon mandat. J’ai deux ans derrière la Coupe du monde. » Heureusement que la loi l’empêche de se représenter.

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