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Le fabuleux destin d’Héctor Herrera

Par William Pereira
5 minutes
Le fabuleux destin d’Héctor Herrera

Énorme en Ligue des champions, notamment face BATE il y a 15 jours, buteur contre l'Academica samedi dernier, et auteur d'une belle Coupe du monde au Brésil, Héctor Herrera commence à faire parler de lui. Mais il manque encore de constance pour aspirer à faire partie du gratin. Retour sur la vie d'un jeune homme qui, adolescent, gagnait des courses cyclistes et des concours d'équitation.

Les mêmes oreilles décollées, le même front, la même gueule accidentée, la même envie, le même sens de l’improvisation, la même dégaine disgracieuse. Héctor Herrera (24 ans) est le sosie parfait d’Ángel Di María (26 ans). Mais certaines différences demeurent encore entre les deux hommes. L’Argentin court plus vite et, surtout, il a déjà explosé au plus haut niveau. De fait, le Mexicain n’a intrinsèquement pas grand-chose à envier aux meilleurs. Sa prestation lors du BATE Borisov-FC Porto du mardi 25 novembre (0-3) est là pour le montrer (un but génial et deux passes décisives). Mais briller de temps en temps ne suffit pas pour être grand. À Héctor Herrera, il manque une certaine constance sous le maillot portista.

Car en équipe nationale, tout va bien. D’ailleurs, les Mexicains sont d’accord pour désigner leur Gollum national comme étant le meilleur d’entre eux. C’est simple : à chaque fois qu’il joue avec le Mexique, il en ressort toujours un but d’extraterrestre ou des « Vines » de dribbles insolents. À Porto, c’est différent. Malgré une générosité à toute épreuve, Herrera connaît autant de hauts que de bas. Il peut tout rater et perdre des ballons dans l’axe à 30 mètres de ses buts, comme dribbler trois joueurs avant de servir un coéquipier sur un plateau d’argent. Il sait tout faire, sauf être régulier. Mais promis, Héctor se battra pour corriger ce défaut. Il s’est toujours battu, même quand tout semblait perdu d’avance.

Cycliste ou footballeur?

Né à Tijuana, quelques lieues au sud de la frontière américaine, Héctor Herrera ne marche ni ne parle encore quand ses parents déménagent un peu plus au sud, en Basse Californie, du côté de Playas Rosarito. Si le décor est paradisiaque – des plages de sable blanc devancent l’océan bleu azur -, l’enfance du petit Héctor, elle, le sera moins. À défaut d’être vide, la table des Herrera est rarement bien garnie. Pas de festin à s’en éclater la panse pour le petit Héctor, donc. Heureusement que le terrain Emiliano Zapata et sa terre poussiéreuse pénétrant narines et bronches au moindre coup de pied ou rebond du ballon sont là, à quelques mètres de la maison. Les gamins du coin s’y rendent pour jouer au baseball ou au foot US, pas lui. C’est balle au pied que le jeune Mexicain voit son avenir, et c’est comme ça qu’il grandit, évolue, s’améliore et devient un… redoutable buteur. Dans le coin, personne ne fait mieux.

Jusqu’à ses 14 ans (il reculera au milieu de terrain à cet âge-là), il enquille but sur but, et plus grand monde ne doute du fait qu’il jouera un jour dans les plus grands stades du monde. Bien vu. Sauf qu’Héctor Herrera aurait aussi très bien pu briller sur les routes du Tour, du Giro et/ou de la Vuelta. Car si jouer au football n’était pas à la mode à Playas Rosarito, les courses cyclistes, elles, prennent une place importante dans la vie de la ville. Herrera tombe rapidement amoureux du vélo et dispute de nombreuses courses locales. Il en gagnera quelques-unes malgré un désavantage technique certain. « Il avait toujours le vélo le plus pourri » , raconte Norberto, un ami d’enfance, sur le site portugais Maisfutebol. Ce dernier se souvient bien de la plus mémorable des courses sur lesquelles l’actuel milieu du FC Porto s’est aligné. « Il était de loin le plus résistant de tous. » Herrera fait péter sa VO2 dès le premier kilomètre. « Il a fait toute la course devant. » À un kilomètre de l’arrivée, c’est la chute. « Il s’est écorché les deux genoux, c’était moche. Une poignée de concurrents l’ont dépassé. » La fin ? « Il a quand même fini par gagner. »

Larmes et sueur

Héctor Herrera est plein de surprises. La selle de son vélo n’était pas la seule sur laquelle il excellait. Il n’était pas rare de le voir déambuler dans les rues de sa ville à cheval, ce qui faisait l’objet de moqueries de la part de ses potes, qui lui conseillaient « de faire les Jeux olympiques sur ton cheval au lieu de continuer le football » . L’intéressé a beau s’inscrire à quelques concours d’équitation pour s’amuser, il n’a d’yeux que pour le ballon rond. C’est pour ça qu’il s’entraîne dur et sue plus que les autres. Cela payera. Pachuca l’invite à faire un test alors qu’il vient de souffler ses 15 bougies. Pour la première fois, Héctor quitte le foyer familial. Il avouera plus tard avoir beaucoup pleuré en serrant son oreiller dans le dortoir où dix autres gamins et lui dormaient sur un matelas fin, mais ne dit rien à sa mère sur le coup pour ne pas l’inquiéter. Fier et fort, il sèche ses larmes et se remet au travail. À Pachuca, beaucoup de gamins sont meilleurs que lui. Il faut donc trimer encore et encore pour faire partie des premiers choix de l’entraîneur. Il finit par y signer un contrat professionnel.

La gloire est proche, mais Pachuca ne compte toujours pas sur lui. Beaucoup ont craqué dans le même cas. Pas lui. Patience et persévérance font partie de ses vertus. Il accepte donc d’être prêté au club-filiale de Pachuca, Tampico Madero (D2 mexicaine). Un pas en arrière, trois en avant. L’année suivante, c’est l’éclosion. Comme à Porto. Avant de s’imposer comme un titulaire indispensable aux yeux de Julen Lopetegui, le mordu de cyclisme est passé par l’équipe B et donc la D2 portugaise, ses stades vides, ainsi que ses terrains accidentés. C’est là-bas qu’il a pris le temps de s’adapter au football européen, « plus rapide, plus technique » avant de gravir une nouvelle marche. Son parcours en équipe nationale ne déroge pas à la règle. Après des débuts timides, le sosie de Di María explose complètement lors du Mondial rbrésilien. Une marche de plus. Car au final, qu’est-ce que la carrière d’Héctor Herrera sinon un gigantesque escalier. Un escalier que le guerrier qu’il est fera tout pour franchir afin d’arriver tout là-haut. De ce point de vue, jouer dans le meilleur « club-tremplin » du monde pourrait bien lui être utile…

Jack Wilshere au chevet de son club formateur

Par William Pereira

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