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Lassana Diabaté : « Porter le maillot des Girondins, ça me fait quelque chose »

Par Victor Lamand

En marquant le but de l’égalisation lors du premier match des Girondins en N2 face à Poitiers la semaine dernière, le gardien Lassana Diabaté, héros d’un jour, est entré à sa manière dans la grande histoire du club au scapulaire. À 21 ans, il espère retrouver le plaisir de jouer et contribuer à la reconstruction d’un club qu’il affectionne. Un Diabaté en Gironde, ça ne peut que fonctionner.

Lassana Diabaté : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Porter le maillot des Girondins, ça me fait quelque chose<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Parmi tous les scénarios que l’on pouvait imaginer pour le premier match de Bordeaux en N2, on n’avait pas forcément pensé à un match nul arraché à la dernière minute sur un but du gardien.

Je ne pouvais pas mieux débuter, c’est sûr ! Pour mon premier match, avec les Girondins, j’entre dans l’histoire.

Raconte-nous, comment ça s’est passé ?

Au départ, je n’étais pas censé monter. C’est le coach (Bruno Irles) qui me dit d’y aller. Je le regarde pour être sûr que c’était bien à moi qu’il s’adressait, et il me le confirme. Du coup, j’y vais, j’essaie de me placer au deuxième poteau. Dès que le ballon est parti, j’ai vu qu’il allait arriver dans ma zone. Je ne me suis pas posé de question et j’ai foncé dessus pour placer mon coup de tête. J’entends le gardien à ma gauche qui dit « j’ai », mais je ne le sens pas proche de moi. Je sens qu’il n’est pas sur le ballon. Donc j’y vais à fond, je touche le ballon, le gardien me percute un peu après. Quand je le touche, je ne me dis pas qu’il va rentrer. (Rires.) J’y vais juste pour me sacrifier au début. Et quand je la vois au fond, je suis un peu choqué. (Il se marre.) Ce n’est pas une chose qui arrive tout le temps pour un gardien. Après, j’ai vraiment savouré en célébrant.

Tu as d’ailleurs dû improviser ta célébration.

Ah oui, je n’avais rien prévu du tout. (Rires.) En plus, la veille du match, on avait un media day où on devait préparer une célébration pendant les photos et j’ai dit que ça ne servait à rien que je célèbre, car je ne marque jamais ! Finalement, le lendemain, je me retrouve à marquer, donc c’est assez bizarre. Après, je donne un coup de pied dans le poteau de corner, mais c’était une sorte de libération.

 

À quoi tu penses quand tu vois le ballon franchir la ligne ?

Je pense à la saison dernière (à Valenciennes en Ligue 2, NDLR) qui était très compliquée pour moi. Et là, je débarque à Bordeaux, dès les premiers jours tout me sourit. J’y pense beaucoup à ce moment-là.

Comment ça s’est passé ensuite dans le vestiaire ?

J’étais un peu le héros, car je permets à l’équipe de ramener un point. Je n’aime pas m’accorder tout le mérite, je souligne quand même que c’est un travail d’équipe. C’est avant tout le fruit du travail de la détermination de toute l’équipe. Il y a eu beaucoup de rigolades aussi parce que c’est un moment unique. Franchement, ils m’ont bien chouchouté.

La saison dernière, à Valenciennes, on s’entraîne et je marque de la tête. Je regarde mes coéquipiers et je leur dis : “Un jour je vais marquer, vous allez voir je vais marquer !”

C’est donc la toute première fois que tu te retrouves à marquer ?

En jeunes, ça m’était déjà arrivé, oui, mais c’était surtout sur des coups francs ou des coups de pied arrêtés. À l’entraînement, ça m’est déjà arrivé aussi, mais jamais en match officiel.

C’est quelque chose que tu travailles de temps en temps ?

Je ne vais pas vous mentir, je me suis préparé à ça. La saison dernière, à Valenciennes, on s’entraîne et je marque de la tête. Je regarde mes coéquipiers et je leur dis : « Un jour je vais marquer, vous allez voir je vais marquer ! » (Rires.) Je les avais prévenus, et depuis samedi, ils m’envoient plein de messages en me disant : « T’as raison, tu nous avais prévenus. » Ce but, je m’y étais un peu préparé dans ma carrière quand même. Il est arrivé un peu tôt (il a 21 ans, NDLR), mais il est arrivé !

Tu as rejoint les Girondins lors d’un été marqué par la rétrogradation en N2. Le National 1 avec Valenciennes, ça ne te branchait pas ?

Bien sûr que si. Je suis un joueur formé au club. La descente, ça ne m’a jamais freiné, que le club joue en National ou peu importe. Mais je savais que je n’allais pas avoir beaucoup de temps de jeu. Et j’étais à la recherche de ça justement. Je voulais un projet dans lequel je puisse m’épanouir aussi. Quand Bordeaux est venu vers moi, franchement je n’ai pas hésité. Ils m’ont contacté un vendredi, je suis arrivé le lundi.

 

On t’a promis que tu serais le gardien titulaire ?

Je n’ai pas eu de discussion particulière avec le coach là-dessus, mais si je venais ici, c’était vraiment pour jouer.

Quand tu vois le maillot de Bordeaux avec le badge du N2 sur le bras, ça te fait quoi ?

Ça montre que j’arrive dans un contexte particulier, mais après peu importe la division, les Girondins de Bordeaux auront toujours la même valeur. Que ce soit Ligue 1, Ligue 2, National, National 2… Quand j’étais plus jeune, je regardais le club jouer, j’avais même assisté à la finale de Coupe de France en 2013 (victoire 3-2 face à l’Évian Thonon Gaillard NDLR). Porter ce maillot aujourd’hui, ça me fait quand même quelque chose. Je sais où j’arrive, je sais où je mets les pieds, je sais ce que je représente aussi.

Comment elle est venue, cette passion pour les Girondins ?

Dans ma première année de foot, j’étais à l’US Créteil, dans ma ville natale, et il y avait un match de Coupe de France entre Créteil et Bordeaux. On peut dire que c’est là que ça a un peu commencé. Créteil avait perdu aux tirs au but, mais j’avais eu un peu ce truc-là envers les Girondins. Ensuite, j’ai continué à suivre le club.

Tout le monde sait que le club n’est pas à sa place. C’est un grand club historique du football français qui doit retrouver les sommets, je ne dirais pas au plus vite, mais avec une bonne reconstruction.

Comment tu as vécu la saison passée avec Valenciennes ?

Sur le plan sportif, on est descendus, donc ça n’allait pas trop, mais sur le plan mental et moral aussi, ça a été une saison vraiment compliquée, très très longue, et j’ai eu du mal à la digérer. En arrivant à Bordeaux, en marquant dès mon premier match et en créant un peu tout ce mouvement de folie, ça m’a fait oublier tout ce qui s’était passé avant, et ça me donne beaucoup de confiance pour la suite.

Comment tu appréhendes cette saison où la montée sera forcément un objectif. Ça te met un peu de pression ou ça te booste ?

Non, ce n’est pas quelque chose de pesant. Tout le monde sait que le club n’est pas à sa place. C’est un grand club historique du football français qui doit retrouver les sommets, je ne dirais pas au plus vite, mais avec une bonne reconstruction. Ça met une petite pression, car on sait que l’objectif n’est pas donné à tout le monde, mais c’est quelque chose qui me donne beaucoup de courage et qui me permet aussi de me reconstruire.

Comment ça se passe au quotidien ?

C’est sûr que ce n’est pas un club de N2 à la base. On a un coach qui connaît le haut niveau, on a pas mal de joueurs qui ont connu le niveau du dessus. On a des infrastructures vraiment pas mal, donc il faut avoir des ambitions qui nous permettent de revenir au plus haut.

Vous parlez souvent de ces ambitions entre vous ?

Oui bien sûr, ça nous arrive, mais ce n’est pas quelque chose dont l’on discute tout le temps. On essaye aussi de penser à autre chose.

Et ta nouvelle vie à Bordeaux, elle se passe bien ?

Je vous avoue que pour le moment, je n’ai pas encore visité, je n’y suis allé qu’une fois, mais c’est une ville pas mal. J’y étais déjà passé étant jeune, et je me souviens que c’est vraiment une très belle ville.

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