L1 : Un championnat qui tire moins la gueule…
Ellune était une fieffée salope, avare en buts et qui ne laissait entrevoir que ses chevilles, soit pas grand-chose d'affriolant. Au terme de la 23ème journée, soit presque aux deux tiers du championnat, il était tentant de faire un mini bilan du championnat de France. Même partiel, il semblerait que le bilan soit «globalement positif»...
Bon, pour commencer un indice. Le 0-0. Le “zérozéro”, la bête immonde du championnat de France… Alors une stat made in Sofoot.com : il n’y a eu que 23 fois 0-0 depuis le début de saison. Sur 23 journées et 227 matches, donc un seul par journée : soit 10% tout rond. Euh… Précisons juste qu’il y a trois matchs en retard pour cause d’intempéries qui seront joués fin février. Mais ça n’altère pas la stat (comme on dit chez Ipsos). C’est lors de la 16ème journée qu’il y a eu le plus de 0-0 : quatre en tout. Pour comparaison, après 23 journées les deux saisons passées, on en était à 26 fois 0-0 en 2006-07 et 28 fois 0-0 en 2007-08. Soit, à peu près la même moyenne. Juste pour dire qu’on a souvent l’impression qu’il y a « énormément de matchs de L1 où l’on ne marque pas » , alors qu’en fait c’est juste en gros 1 match sur 10. Une stat qui vaut ce qu’elle vaut mais qui contredit une idée reçue. Reste la moyenne de buts marqués par journée. Là, on sait que la France est globalement derrière les quatre “grands” (Espagne, Italie, Angleterre, Allemagne).
Autre tendance qui se confirme : la présence des grosses cylindrées historiques du championnat français au sommet de la L1. Le PLM (Paris, Lyon, Marseille) dans le désordre + Bordeaux (2ème) aux quatre premières places. Une élite, qui au vu des budgets respectifs, se reconstruit enfin et qui assume sa puissance financière. Un bémol : on n’assiste pas en France au train d’enfer au sommet qu’on connaît en Angleterre, en Italie et même en Espagne. Lyon demeure leader avec 4 points d’avance en n’ayant pas gagné ses quatre derniers matchs à domicile. L’Inter, le Barça, Liverpool et Manchester ne connaissent pas de tels passages à vide. Du coup, si on assiste bien à un resserrement des valeurs en tête du championnat, ce retour à la concurrence n’atteste pas d’une assez grande compétitivité. C’est ce facteur d’émulation exacerbée qui manque en gros aux clubs français en Coupes d’Europe, à la différence des clubs anglais. Ceci dit, un Barça qui se ballade un peu trop en Liga pourrait tomber sur l’os lyonnais qui, confronté à une concurrence plus soutenue qu’avant, est plus dans la logique de “combat continuel”. A voir…
La dernière journée a été révélatrice de la bonne tenue d’ensemble des leaders de L1, dans le jeu et les stats (buts marqués et buteurs au rendez-vous : Gignac, Benz, Luyindula, Giuly, Frau). L’OM et Bordeaux ont livré un grand match, plein d’intensité, d’engagement et d’occasions de buts. Bordeaux avait joué mercredi au Parc en Coupe de la Ligue, et ça a sans doute pesé dans la dernière demi-heure (n’est-ce pas Gourcuff ???). Lyon est allé gagner à Nice 3-1. Même si les Azuréens avaient eux aussi joué en Coupe de la Ligue mercredi (avec prolongations, contre Vannes, donc “vannés”), l’OL a bien déroulé. Paris a balayé Nantes 4-1 à la Beaujoire, Toulouse a battu Le Mans 2-0 et Lille a coulé Sochaux 3-2, après avoir été mené 2-0. Matchs plaisants et victoires convaincantes au sommet, donc. Dans le détail, les “stars” ont été au rendez-vous. A Lyon, Benz a marqué et Ederson (qui monte) est sur les trois buts. A Marseille, Mandanda a été très bon, Rodriguez a mieux stabilisé la défense et Wiltord confirme que la L1 sait encore faire valoir ses trentenaires. Au PSG : plus de fond de jeu, plus d’automatismes, plus de maîtrise avec un Luyindula retrouvé, Giuly qui est toujours là (cf. comme Wiltord) et Sessegnon qui explose. A Toulouse (5ème à 5 points de l’OL), ça bosse sérieux et Gignac (meilleur buteur avec 14 buts) confirme match après match qu’il peut revendiquer à terme une place chez les Bleus. Lille (6ème à 7 points de Lyon) confirme qu’il est la puissance montante du foot français : attention aux Dogues dans la dernière ligne droite. Même la défaite de Bordeaux à Marseille n’inquiète pas sur le fond.
Côté buteurs, on sent toujours un manque de vrai killer (OM, Lille), ou une certaine continuité dans la performance (Benzéma, Cavenaghi). Ceci dit, au classement des buteurs de L1, on retrouve quatre joueurs français sur les 5 premiers (dans l’ordre : Gignac, Hoarau, Cavenaghi, Benzéma et Savidan). Plutôt encourageant : outre Savidan (trentenaire) et Cavenaghi (Argentin), les Gignac, Hoarau et Benzéma sont encore jeunes. A titre de comparaison : en Angleterre, on trouve un “national” parmi les 5 meilleurs buteurs, 2 sur 5 en Italie, 1 sur 5 en Espagne et 1 sur 5 en Allemagne. Aucune xénophobie derrière ces stats ! Juste pour dire que le foot français “fabrique” encore des avants-centres “crédibles”. A charge pour eux de confirmer plus tard au meilleur niveau…
Chérif Ghemmour
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