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Kiko : « Le Real peut tuer un adversaire en à peine deux secondes »

Propos recueillis par Javier Prieto-Santos
Kiko : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le Real peut tuer un adversaire en à peine deux secondes<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Attaquant frisson des 90's, Francisco « Kiko » Narvaez a tout connu avec l'Atlético Madrid : le doublé historique en 96 et l'enfer de la D2. L'homme qui se transformait en archer quand il marquait est donc bien placé pour causer de son Atleti', quelques heures avant le derby. Interview.

Comment définiriez-vous le derby madrilène ?C’est un match spécial parce qu’il se vit vraiment en trois temps : avant, pendant et après les 90 minutes de jeu. Avant le match, t’as les supporters de chaque équipe qui chauffent les moteurs en passant une semaine à se vanner. Dans les écoles, c’est la même chose, les gamins ne causent que de ça à la recréation. Et les médias, je ne t’en parle pas… Après, t’as le match qui dure 90 minutes et puis t’as au moins une semaine de digestion avec son lot d’analyses, de coups de sang et de polémiques. Le derby, c’est le match le plus long de la saison.

Pour un joueur de l’Atlético, c’est difficile de préparer un match contre le Real ?C’est le match le plus facile à préparer. Des fois, il faut aller chercher la motivation avant d’affronter des équipes, mais tu n’as pas ce genre de problèmes avec le derby. Quand j’étais joueur, les semaines de derby, tout le monde venait me voir. Au cinéma, le mec qui était assis à coté de toi te glissait un petit mot d’encouragement pendant le film. Quand j’allais au supermarché, toutes les petites vieilles venaient me parler de ce match. Du coup, t’as envie de gagner pour faire plaisir à ces gens-là. Et parce que c’est le grand rival, en face. Ne me demande pas pourquoi, je me rappelle surtout du trajet en bus jusqu’au Bernabéu. Pendant quelques kilomètres, tu reçois les derniers encouragements des tiens, tu vois des drapeaux partout. Et puis, j’aimais bien me faire escorter par la police, j’avais l’impression d’être un chef d’état ! Franchement, j’avais l’impression d’être un privilégié. Tous les regards étaient posés sur nous. Il y avait une pression énorme sur nos épaules, mais j’aimais cette sensation. C’est pour vivre des moments comme ça que je voulais être footballeur.

Que représente le derby pour les Colchoneros ? On est conscients que le compte en banque de l’Atlético n’est pas aussi bien garni que celui de notre grand rival. Quand l’Atlético a la chance d’avoir un grand joueur dans ses rangs, on sait qu’on va finir par se le faire voler par des clubs plus puissants. Et le Real fait partie de ces clubs-là. C’est un club acheteur. Ces dernières années, l’écart entre le budget du Real et de l’Atlético est devenu encore plus important à cause de droits TV injustes. Le budget du Real est cinq fois supérieur à celui de l’Atlético. On est réalistes : on sait que le Real Madrid est plus riche que nous. Mais sur un match, on a l’occasion de leur montrer, que les « pauvres » peuvent leur faire passer un mauvais moment.

L’Atlético a redoré son image ces dernières années… (il coupe)C’est vrai, mais l’écart économique est de plus en plus grand entre les deux grands et le reste. Le suspense n’existe quasiment plus en Liga, et c’est dommage. Ces dernières années, il fallait 100 points pour devenir champion. Qui peut atteindre une telle barre mis à part le Real et le Barça ?

Justement, la saison dernière, Diego Simeone a déclaré que la Liga était « ennuyeuse » à cause du monopole des deux grands. Vous êtes d’accord avec lui ? Oui, pour moi la Liga ressemble au championnat écossais. Comme les autres, le Barça et le Real disputent 38 matchs de championnat, mais c’est très rare de les voir perdre des points. Ils gagnent quasiment tout le temps, car ils peuvent se permettre de se payer les meilleurs joueurs et de doubler les postes correctement. Le titre de champion concerne deux équipes, mais après il y a du suspense un peu partout. La Liga n’est pas ennuyeuse, mais elle serait plus attractive s’il n’y avait pas le Barça, le Real et les autres. Des fois, je trouve que ça manque d’émotions. Quand je vois la Premier League, je suis un peu jaloux. Si tu me demandes qui va gagner ce championnat, je ne peux pas te le dire : City, United, Liverpool, Arsenal, Chelsea… C’est indécis, c’est pas comme chez nous.

Malgré leur bon début de saison, vous ne considérez pas les Colchoneros comme une alternative sérieuse aux deux grands ? L’alternative du Cholo pour le moment, c’est de se focaliser sur le match à venir. Et il a raison. Simeone a donné de l’équilibre, de la confiance et beaucoup d’égo à l’Atlético. Ça faisait longtemps qu’on n’était pas aussi fringants. Sur un match, je pense que l’Atlético peut battre n’importe quelle équipe, mais la régularité, c’est ce qui te permet d’être champion, et ça, il va falloir attendre un peu avant de savoir si l’Atlético peut être capable de tenir la cadence imposée par le Real et le Barça. Ce serait génial si c’était le cas, mais c’est évidemment très difficile.

Qu’est-ce qu’a apporté Simeone à l’Atlético selon vous ?Quand il est arrivé il y a un an et demi, l’Atlético était à trois points de la zone de relégation. L’équipe était la même qu’aujourd’hui, mis à part qu’il y avait Falcao. Simeone est arrivé et il a revitalisé à lui tout seul cette équipe. Il est le pilier le plus fort de l’Atlético actuellement.

Diego Costa était quasiment mis au placard avant l’arrivée du Cholo. Et aujourd’hui, il est l’un des meilleurs buteurs de Liga. C’est quoi le secret de Simeone pour tirer autant profit du potentiel de ses joueurs ?Je crois qu’il n’y a pas de méthode Simeone. Quand Diego te parle, tu l’écoutes. Il a été mon capitaine à l’Atlético et c’est quelqu’un qui a beaucoup de charisme. Quand il était joueur, il pensait déjà comme un entraîneur. Tu sais, j’ai eu la chance d’être champion olympique avec Guardiola. En 92, lui et moi, on avait 20 ans et, à cette époque-là, il analysait déjà tout. Quand l’entraîneur nous demandait de courir ou de faire tel ou tel exercice, il se demandait toujours ce que ça allait apporter au groupe : « Mister, mais pourquoi on va à droite et pas à gauche ? » Il était curieux. Et le Cholo, c’est pareil. Il fait attention aux détails, il est très méticuleux, mais il est aussi très fort pour créer un esprit de groupe. C’est un leader naturel. Il l’a toujours été. Je pense aussi que l’une des clés du succès, c’est qu’il laisse pas mal de liberté à ses joueurs. Il ne veut pas qu’ils passent les 24h de la journée à penser football. Résultat, la valeur marchande de tous les joueurs a grimpé en flèche depuis son arrivée. Koke et Mario sont devenus indispensables, Filipe Luís a été convoqué avec le Brésil, Gabi est devenu le chouchou du Calderón, Diego Costa lutte avec Messi pour le titre de Pichichi et Arda Turan est reconnu comme un très grand joueur partout en Europe…

« Avec Jesus Gil, ça se finissait à coups de poings » Combien de derbys avez-vous gagnés ?On a gagné deux fois contre le Real et, ces deux fois-là, j’étais absent parce que j’étais blessé. Quand le derby approchait, j’avais plusieurs coéquipiers superstitieux qui venaient se foutre de ma gueule : « Hé Kiko ! T’as pas mal aux adducteurs ? Ça serait bien que tu te blesses parce que le derby approche ! » (éclats de rires)

Jesus Gil venait aussi vous voir avant les derbys ?Lui, c’était un personnage ! Il venait nous voir avant tous les matchs, pas seulement pour le derby. Gil, il fallait le connaître parce que c’était quelqu’un de sanguin. Quand il venait nous voir et qu’il était de mauvaise humeur, il valait mieux ne pas faire attention à ses critiques, parce que sinon ça se finissait à coups de poings. Il était viscéral, passionné, mais c’était un type extraordinaire. Il était toujours bouillant, donc le jour du derby tu ne voyais pas vraiment la différence ! (Rires)

Pour la première fois depuis très longtemps, on a l’impression que l’Atlético est presque favori contre le Real. Vous êtes d’accord ?Je ne sais pas, mais ce dont je suis sûr c’est que ce derby va être bouillant. Avant, le Real prenait le match à la légère, parce qu’à ses yeux, son seul rival était le Barça. Là, c’est différent. Si l’Atlético l’emporte, ils peuvent creuser un bel écart en championnat. Le Real va prendre l’Atlético au sérieux, et ça, c’est la grande nouveauté de ce derby.

Filipe Luís a dit que le derby se jouait avec le cœur et pas avec le compte en banque, en référence à la possible titularisation de Bale. Vous en avez pensé quoi, de ce transfert à 100 millions d’euros ?J’ai été jaloux. J’aimerais bien qu’un jour l’Atlético puisse gaspiller autant d’argent dans un seul joueur. Pendant que le Real sort le chéquier, nous, on est obligés de se serrer la ceinture… El Nino, Falcao et Agüero sont partis pour renflouer les caisses. Toulalan, Soldado, Diego Ribas et Negredo ne sont pas venus parce que le club n’avait pas de quoi leur offrir un bon contrat… Le jour où on n’aura plus à compter nos sous comme le Real peut le faire, ce sera génial.

Vous qui avez gagné le doublé en 96, vous pensez qu’il faudra attendre encore combien de temps avant que l’Atlético regagne le titre ?Oufff, si les contrats TV ne sont pas renégociés, je crois qu’il va falloir être patient avant de fêter de nouveau un titre. J’ai envie de garder espoir, mais c’est difficile. 38 matchs c’est long, trop long pour un club avec le potentiel économique de l’Atlético. Si on jouait le championnat argentin, avec le Clausura et l’Apertura, on aurait plus de chances de soulever le titre, mais la Liga, c’est un compétition qui n’admet aucun faux pas.

Vous n’avez pas peur que Simeone quitte le club pour un projet plus ambitieux ?Non, car c’est un Colchonero pur et dur. Il fait partie de l’histoire du club et il a l’écusson gravé dans son cœur. Simeone, c’est un homme de valeurs qui aime l’Atlético. S’il doit choisir, il pensera d’abord aux intérêts du club avant les siens.

Selon vous, quelles vont être les clés du derby ?Il va falloir que l’Atlético soit très efficace en attaque et mette à profit tous les coups de pied arrêtés tirés par Koke. Après, il va aussi falloir surveiller les longues diagonales du Real Madrid. Pour moi, c’est l’équipe la plus véloce du monde. Ils peuvent tuer leurs adversaires en à peine deux secondes.

À Elche, le Real a gagné avec plusieurs cadeaux de l’arbitre. Vous pensez que cette polémique peut jouer en faveur de l’Atlético ?Ce qui s’est passé à Elche, c’est surréaliste… Sergio Ramos aurait dû être expulsé et le penalty sur Pepe, bon, ben tout le monde l’a vu… Après, je continue à croire en l’honnêteté de l’arbitre. Si l’Atlético joue bien, il n’aura pas besoin de l’arbitre pour gagner.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans l’Atlético actuel ?Le fait que ce soit une équipe et pas seulement des individualités qui jouent chacune de leurs cotés. Arda Turan et Koke sont des joueurs très classieux, mais ils ne rechignent pas au travail défensif. Diego Costa, quand tu le vois jouer, t’as l’impression qu’il a le diable qui le poursuit tellement il court. Et puis, tu as Filipe Luís. Avant, c’était un enfant, et maintenant, c’est un homme. Il a du caractère, comme tous les autres. Non, vraiment c’est une équipe ultra-compétitive.

Vous avez oublié le gardien de but…Ahhh Courtois. Pour moi, c’est l’un des 5 meilleurs gardiens du monde à l’heure actuelle. Il est tout simplement extraordinaire. L’Atlético a un gardien qui lui donne des points et ça, c’est extraordinaire.

Vous seriez prêt à faire quoi aujourd’hui pour rejouer un derby madrilène ?J’irais voir le coach en lui disant que j’ai mal à la cheville pour être sûr que l’Atlético l’emporte ! ( rires)

Propos recueillis par Javier Prieto-Santos

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