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« Ça fait 40 ans que j’attends cette finale »
Ils attendaient ça depuis des années. À peine le PSG qualifié pour la finale de la Ligue des champions, les supporters parisiens ont transformé les Champs-Élysées en tribune géante. Des klaxons aux feux d’artifice, c’est tout un peuple qui s’est rassemblé à la gloire du Paris Saint-Germain.

22h54, le coup de sifflet final tout juste donné : « Gooooo direction les Champs-Élysées ! », crie un jeune Parisien à son groupe de potes, alors dans un bar à Châtelet. D’autres affluent directement du Parc des Princes, ou de son parvis où la tension avait grimpé avec les forces de l’ordre. Et c’est parti, que la fête commence pour les milliers de Parisiens qui se sont rassemblés sur la plus belle avenue du monde après la qualification du Paris Saint-Germain en finale de Ligue des champions. « Mec laisse tomber la joie de fou ! Là, je vais rester sur les Champs avec mes amis, on va passer une bête de soirée, la belle vie, quoi ! », lâche Lucas tout juste majeur, maillot de Khvicha Kvaratskhelia sur le dos. « C’est que du bonheur, on va kiffer ce soir », s’égosille Mathis, 22 ans, couvert d’un grand drapeau sur les épaules. Ni une, ni deux, le jeune homme fonce à toute allure pour chanter avec les siens.
Explosion de joie sur les Champs
« On est en finaleeee, on est en finaleeee », est scandé aux quatre coins de « la plus belle avenue du monde », sous la présence indispensable de fumigènes rouges et bleus. Tant pis pour les consignes de la préfecture de police, interdisant toute bamboche sur la voie publique, des centaines de Parisiens dansent tous ensemble sur les trottoirs bondés, certains le téléphone à la main pour capturer ces moments de magie. Devant la boutique Zara, c’est le cocktail d’odeurs dignes des plus grosses soirées : tabac, alcool, pots d’échappement, cannabis, la totale. Les plus investis sortent le grand jeu avec des dizaines et des dizaines de feu d’artifice lancés vers le ciel pendant toute la durée des célébrations.
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Les CRS sont de la partie aussi. Ils étaient plus de 2 000 à être réquisitionnés par la préfecture de Paris. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que leur présence se fait remarquer avec d’innombrables fourgons alignés de l’avenue Georges-V jusqu’à la rue Pierre-Charron, gyrophares allumés en probable hommage au club de la capitale (non). Sur l’avenue, la circulation est possible mais peu recommandée, avec un accès à l’Arc de Triomphe réduit à néant aussi bien pour les automobilistes que pour les piétons. Malgré l’ambiance généralement bonne, des incidents sont à signaler. Trois personnes ont été percutées par un véhicule « dans une rue perpendiculaire à l’avenue des Champs-Élysées dans des circonstances indéterminées à ce stade (acte volontaire non avéré en l’état) », a précisé la préfecture de police. Un blessé a été pris en charge « en urgence absolue et les deux autres en urgence relative ». Plus loin, un véhicule a été incendié selon l’AFP. À 1h30, dix-neuf interpellations avaient été effectuées selon un premier bilan de la préfecture de police.
Un bordel qui s’est montré aussi plus festif, illustré par ces jeunes supporters parisiens qui font parler leur talent de grimpeurs ce mercredi soir. Perchés en haut des kiosques, des panneaux de signalisations, mais aussi… d’échafaudages. Ceux situés juste devant le chocolatier Jeff de Bruges en font les frais. Une fois nichés à plusieurs mètres de haut, ces jeunes hommes craquent des fumigènes et lancent des chants. « Après des annéeees, de galères et de combaaaats… », repris à l’unisson devant le store du PSG, comme si ces âmes n’en formaient qu’une seule le temps d’une soirée.
« Ça fait combien de temps que je n’avais pas vu des replis défensifs des attaquants ? »
Ces périodes de « galères et de combats », Pascal, 54 ans, les a bien connues. « Ça fait 40 ans que j’attends cette finale. Celle de 2020 on ne pouvait pas y être, elle ne comptait pas. Y a pas de mot pour ça, je peux mourir demain ce n’est pas grave !! » Le quinquagénaire est aux anges. « Et puis être avec mon fils de 10 ans pour lui faire découvrir ça, c’est tellement beau », dit-il avant de le prendre sur ses épaules pour chanter avec les siens. Bien que fortement animés, les Champs-Élysées accueillent Gilles, un autre père de famille de deux garçons et une fille. « Ils sont contents les enfants, je le suis pour eux, et pour moi aussi quand même », confie tout sourire l’homme de 48 ans, juste avant de se faire interrompre par un chant à la gloire d’Ousmane Dembélé. « Dembélé Ballon d’or, Dembélé Ballon d’or… »
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Le sentiment qui règne pour la plupart des fans, c’est celui de nouveauté. Oui, Paris a atteint la finale il y a cinq ans. Mais c’était au Portugal et dans des conditions sanitaires très particulières. À la maison solo ou sur les Champs à plusieurs, ça n’a pas la même saveur. « La première finale, on ne l’a pas vraiment vécue à cause du Covid, estime Jonathan, habillé du maillot third, porte-bonheur du club cette saison. La campagne était crescendo, on est monté en puissance et on la doit surtout à un homme : Luis Enrique. Ça fait combien de temps que je n’avais pas vu des replis défensifs des attaquants ? Un gardien qui est au top, et Marquinhos qui montre qu’il est un vrai capitaine. Franchement c’est incroyable ce que l’on vit. »
Alors que la fête bat son plein et que minuit est passé, un fan d’Arsenal se distingue parmi la myriade de supporters victorieux. C’est Jules, 23 ans, qui souhaite rentrer chez lui après une triste rencontre passée dans un bar. « Forcément très déçu, mais il faut avouer que Paris a été meilleur sur les deux matchs. Je suis quand même assez impressionné par les supporters parisiens, avec beaucoup de bordel, mais je les comprends ! Ça donne envie de vivre la même chose… » Une telle réaction, quelques minutes après une telle désillusion, chapeau. De leur côté, les Parisiens peuvent préparer leur voyage en Bavière dans les jours à venir. « Ce soir, je fête ça sobrement, en revanche, j’ai déjà tout prévu pour aller à Munich ! J’y serai à 100% », explique fièrement Mathis, 26 ans. Sur les Champs, la fête continue, les visages brillent et les rêves s’envolent déjà vers l’Allemagne. Ce soir, Paris est en finale de la Ligue des champions. Et ça, supporters parisiens, ça se vit, ça ne se raconte pas. Rendez-vous le 1er juin à minuit pour, qui sait, récidiver une fois le sacre final empoché.
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