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Javier Aguirre : « Simeone mérite un monument »

Propos recueillis par Thomas Goubin, au Mexique
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Entraîneur de l'Atlético Madrid de 2006 à 2009, Javier Aguirre a participé au redressement de l'édifice colchonero. L'ex-sélectionneur du Mexique lors des Coupes du monde 2002 et 2010 confesse son admiration pour Diego Simeone et nous cause aussi d'El Tri.

J’imagine que vous avez toujours le cœur colchonero. Comment avez-vous vécu la finale de Ligue des champions ?

Il me reste ce goût amer au fond de la bouche. Cette minute fatidique… L’Atlético était si proche d’être champion d’Europe, quelque chose d’inédit dans son histoire. Cela aurait été la récompense d’un immense travail. Dès l’égalisation, le sort du match était jeté, car l’Atlético n’a pu tenir la distance lors de la prolongation. Ils étaient abattus, et pourtant c’est une équipe foncièrement généreuse, courageuse, avec un grand amour-propre.

Que leur a-t-il manqué ?

De la chance. Rien de plus. L’Atlético a fait ce qu’il fallait pour l’emporter, même si le but inscrit par les Colchoneros fut un peu étrange. Ils ont bien maîtrisé l’adversaire. Il leur a manqué ce soupçon de chance qu’ont les champions, comme cela est souvent le cas avec l’Atlético (rires). Mais comme entraîneur, tu ne peux pas prendre cet élément en compte. Je dis toujours à mes joueurs que je ne peux pas maîtriser deux éléments : l’arbitrage, et le facteur chance.

Est-ce plus dur de gagner avec l’Atlético qu’avec une autre équipe ?

Oui. Je les ai entraînés trois ans et même dans la victoire, il y a beaucoup de souffrance avec l’Atlético. Comme si la victoire coûtait plus cher. Mais lors des dernières années, je crois que l’Atlético est parvenu à conjurer le sort, à dépasser sa propre histoire. Son avenir s’annonce sous les meilleurs auspices. Aujourd’hui, le club est quasiment sain financièrement, son centre de formation est l’un des meilleurs d’Espagne, et El Cholo a fait un travail exceptionnel, qu’il va sans doute poursuivre.

Cette saison, l’Espanyol s’en est bien sorti face à l’Atlético. Vous avez été parmi les rares à les battre (1-0) et avez concédé une courte défaite à Madrid. Sur quels points insistiez-vous dans votre préparation ?

Qu’il fallait égaler leur intensité. Ils mettent beaucoup de rythme dans le jeu et disputent chaque ballon comme s’il s’agissait du dernier. Dès la saison dernière, je citais cette équipe en exemple à mes joueurs. Même si on s’est effondrés dans la dernière ligne droite, on leur ressemblait : on était intenses, on fermait bien les espaces, beaucoup de sacrifices, de solidarité …. Les deux matchs face aux Colchoneros ont été particulièrement fermés et se sont joués sur des détails. Pour prendre à revers leur défense, c’était difficile. Cela requiert beaucoup de mobilité, il faut aussi travailler énormément les mouvements sur coups de pied arrêtés. C’est une équipe intraitable.

Vous vous reconnaissez donc dans le travail de Simeone…

Ce qui est très fort chez Simeone, ce n’est pas qu’il ait convaincu son groupe, mais qu’il a aussi entraîné dans son sillage le public, ses dirigeants, et même la presse. Il a réussi cela grâce à ses résultats bien sûr, mais aussi grâce à sa cohérence.

Pensiez-vous que l’Atlético tiendrait la distance ?

La vérité, je ne pensais pas qu’ils pourraient rivaliser avec les deux grands sur la longueur, et même les devancer. Ce qu’a fait El Cholo, c’est merveilleux, incroyable. Je crois qu’il faudrait déjà ériger un monument à sa gloire, ou donner son nom à une place. Ce qu’il a fait est historique et ce sera très dur à rééditer.
Le foot mexicain a progressé. On a gagné deux Coupes du monde U17, le tournoi de Toulon, les Jeux olympiques, on a aussi de plus en plus de joueurs en Europe.

Parlons désormais de la Coupe du monde. En 2002, vous dirigiez le Mexique. Quelles leçons avez-vous tirées de cette première expérience ?

Que tu ne peux pas improviser. En huitièmes de finale (face aux États-Unis), j’ai modifié mon système de jeu quand on a encaissé un but. Quelque chose qu’on n’avait pas travaillé lors de notre préparation, et les joueurs ne sont pas parvenus à s’adapter. Je ne crois pas qu’il faut forcément mourir avec ses idées, mais tu peux seulement appliquer ce que tu as travaillé. Pour ma défense, je dirigeais la sélection seulement depuis treize mois, pas un temps suffisant pour travailler un grand éventail de systèmes.

Quelle est la clé d’une bonne préparation ?

Certains sélectionneurs préfèrent de longues préparations, d’autres n’être que dix jours avec leur groupe. Certains multiplient les matchs amicaux, d’autres non. Franchement, tout se vaut. L’important est que les joueurs se présentent le jour du premier match convaincus qu’ils peuvent l’emporter et qu’ils puissent jouer 90 minutes à bloc. En terme de préparation physique, il faut se limiter à de l’entretien. Le fond, les joueurs l’ont acquis pendant la saison. Personnellement, j’insistais sur la préparation mentale. Au Mexique, peut-être plus que dans d’autres pays, le thème de la nationalité est important. On joue pour la patrie. Un match de Coupe du monde n’est pas seulement un match de foot. Des millions de gens déposent leur confiance en toi. La sélection est un thème d’orgueil national.

Cet enjeu ne peut-il pas faire plier les joueurs sous la pression ?

Oui, mais tu choisis justement ceux que tu penses préparer pour supporter cette pression. Ça peut te conduire à laisser de côté un joueur talentueux.

En 2010, vous aviez préféré Óscar Pérez, 37 ans, à Memo Ochoa, qui avait été titulaire pendant les éliminatoires. Une question de confiance ?

Pas du tout. Memo est très fort mentalement. Il jouait à l’América, l’un des grands clubs mexicains, où la pression est énorme chaque week-end. J’ai simplement considéré qu’Oscar Pérez répondait davantage au style que je voulais développer. Memo est un excellent joueur, un très bon coéquipier, et les trois années passées en France l’ont fait progresser, s’enrichir de nouvelles influences.

Depuis 1994, le Mexique ne parvient pas à franchir le cap des huitièmes. Pourquoi ?

Déjà, il faut relever que le Mexique est la seule équipe avec le Brésil et l’Allemagne à s’être qualifiée pour chaque huitième depuis 1994. L’Angleterre, la France l’Argentine ou l’Espagne ne l’ont pas fait. Ensuite, si on n’atteint pas les quarts, c’est sans doute que c’est notre niveau. On ne peut pas parler de contre-performance. Reste que dernièrement le foot mexicain a progressé. On a gagné deux Coupes du monde U17, le tournoi de Toulon, les Jeux olympiques, on a aussi de plus en plus de joueurs en Europe. Après, il faut aussi un peu de chance. Tout dépend dans quel groupe tu tombes, de quel adversaire tu hérites en huitièmes. Cette année, avec le Brésil, le Cameroun et la Croatie, ce ne sera pas facile.

Le sélectionneur actuel, Miguel Herrera, a été nommé à la veille des barrages. Dans ces circonstances est-il vraisemblable qu’El Tri passe la phase de poules ?

Il faut se rendre compte qu’on n’est aussi pas les seuls à avoir des problèmes. La Croatie a déjà perdu trois joueurs, le Cameroun a aussi changé de sélectionneur. De plus, Miguel est quelqu’un qui se distingue par sa capacité à transmettre sa confiance en lui, en son travail, il est audacieux, courageux, et travaille très bien avec ses équipes sur le terrain.

Pour terminer, selon des médias mexicains, un club français aurait voulu vous engager. Vous confirmez ?

Oui. Il n’y a pas longtemps, j’ai été en contact avec un club français, mais ça ne s’est pas concrétisé. Je suis actuellement en fin de contrat avec l’Espanyol, je n’ai pas souhaité poursuivre avec eux, mais je souhaite rester en Europe. On verra…
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Propos recueillis par Thomas Goubin, au Mexique

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