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Jacques Cardoze : « Les supporters de l’OM ont fait un Complément d’enquête sur mes tweets »

Propos recueillis par David Doucet
Jacques Cardoze : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Les supporters de l’OM ont fait un Complément d’enquête sur mes tweets<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Le mercato n’a pas encore commencé, mais c’est d’ores et déjà le transfert le plus inattendu de l’année. Rédacteur en chef et présentateur du très sérieux Complément d’enquête sur France 2, Jacques Cardoze rejoint le cadre bouillonnant de l’Olympique de Marseille en prenant la tête de la direction de la communication à partir de la fin du mois de juin. Alors que ses collègues ne s’en sont toujours pas remis, le journaliste de 51 ans raconte les coulisses de l’opération. De ses réunions Zoom avec Frank McCourt en passant par l’examen de ses tweets par les supporters de l’OM.

Avec Complément d’enquête, vous présentiez l’une des plus belles émissions du service public et beaucoup ont été étonnés de vous voir rejoindre un cadre aussi bouillonnant que celui de l’OM où les directeurs de la com’ ne durent pas longtemps. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Ce qui me motive, c’est la passion que j’ai pour ce club. Je suis l’OM de façon très assidue depuis ma plus tendre enfance. C’est l’envie de découvrir cet univers de l’intérieur et de pouvoir y apporter mon expérience. Certains s’étonnent de mon choix, mais il est temps qu’en France, on réalise que l’on n’est pas contraint de faire le même métier toute sa vie. Nous allons aller vers des générations où les gens vont changer plusieurs fois de métier et de secteurs au cours de leur carrière. J’ai vécu en Grande-Bretagne et aux États-Unis et ça n’a rien d’étonnant là-bas. Je suis admiratif d’entrepreneurs qui se sont construits en passant de l’industrie aux nouvelles technologies par exemple. Je suis un homme de médias et je resterai journaliste au plus profond de moi-même, car j’aime ce métier et ce qu’il véhicule. Je reste dans l’univers des mots, de l’explication, du décryptage, donc je ne serai pas trop dépaysé. Ce n’est pas comme si je devenais neurochirurgien…

Votre amour pour l’OM remonte à quand ?J’ai commencé à aimer le foot à partir de la Coupe du monde 1978 en Argentine. J’ai ensuite suivi de près l’épopée de l’équipe de France de Platini de 1982 à 1986. J’étais ado quand Bernard Tapie a repris l’OM et j’ai tout de suite été supporter du club. Je garde une grande admiration pour ce qu’il a fait de ce club. C’est lui qui a réussi à le propulser sur le devant de la scène européenne. À travers l’OM, j’ai vécu cette adéquation parfaite entre la passion et le beau jeu. J’ai toujours été un fan absolu de football. J’ai appris la géographie française grâce aux clubs de Ligue 1 et Ligue 2 dont j’apprenais les effectifs par cœur. Tiens, l’autre jour, j’étais en bagnole avec mon fils et l’on passe devant une pancarte Louhans-Cuiseaux. Mon premier réflexe a été de me tourner vers lui pour dire que cette ville était en Ligue 2. J’ai toujours le foot comme référentiel. Mon père m’a rappelé récemment que lorsque je suis entré en 1992 à France Inter en stage au service des sports, il m’avait dit que j’allais apporter les cafés. Mais ça ne s’est pas passé comme ça, lorsque les journalistes ont vu arriver quelqu’un qui connaissait toutes les équipes de manière encyclopédique, ils m’ont fait confiance. Faut dire qu’à l’époque, je passais mon temps à découper les articles sur toutes les équipes du championnat. Je les classais par dossier, j’apprenais les noms par cœur. Je passais mon temps à ça, il n’y a pas d’autres mots.

J’aime les mecs qui mouillent le maillot. Je crois que l’on rêverait tous d’avoir Zidane ou Messi dans son équipe, mais quelqu’un qui a moins de technique, mais qui se donne corps et âme, peut être adulé par le Vélodrome.

Vous connaissez l’équipe de l’OM par cœur alors ?Je pense que si vous me faites passer un quizz, on réussira toujours à me coincer, mais vous pouvez essayer. (Rires.)

Est-ce que vous voyez qui est Fabrice Apruzesse ?Oui, je m’en rappelle très bien. Il avait été recruté pour la réserve et il avait joué un match de Ligue 1 avec l’OM. Je me rappelle aussi du formidable coup de l’OM en 2006 qui avait aligné ses minots face au PSG et qui avait arraché un match nul au Parc des Princes. Ce sont ce genre de moments qui font aussi la magie de ce club.

Il y a des joueurs qui vous ont particulièrement marqué ?Il y en a plein. D’abord le trio magique Waddle, Pelé, Papin, ensuite je pourrais citer les travailleurs comme Pardo, Di Meco, Barton, Lucho ou Beye, mais aussi les artistes qui jouent devant comme Niang, Drogba, Bakayoko, Payet… J’aime les mecs qui mouillent le maillot. Je crois que l’on rêverait tous d’avoir Zidane ou Messi dans son équipe, mais quelqu’un qui a moins de technique, mais qui se donne corps et âme, peut être adulé par le Vélodrome. Actuellement, je reçois beaucoup de messages de supporters. Je les lis, et c’est ce qui ressort. Je suis d’ailleurs persuadé que si vous avez onze mecs qui se défoncent sur le terrain, vous pouvez gagner des titres et aller titiller de grosses équipes. C’est ça aussi que j’aime dans le foot, à savoir qu’une équipe plus petite puisse renverser l’ordre établi. Mais la vraie place de Marseille, c’est de jouer les premiers rôles.

Pablo Longoria m’a dit qu’ils voulaient des gens 100% passionnés autour de lui et je crois qu’il a perçu cette sincérité chez moi.

Comment vos collègues de Complément d’enquêteont-ils réagi à cette annonce ?
Ils étaient estomaqués, ils n’y croyaient pas. La nouvelle a fuité dans la presse, et comme nous étions en période de confinement, nous n’avons pas pu nous réunir. Ça s’est fait lors d’une réunion Zoom. J’ai passé deux heures et demie à leur expliquer, et l’ambiance était très pesante. Je me suis dévoilé personnellement et ils ont eu l’impression de me redécouvrir à ce moment-là. Certains ont compris mon choix, d’autres un peu moins. J’ai énormément défendu cette émission et j’y suis attaché, mais ça fait 30 ans que je suis journaliste. J’ai une grosse carrière derrière moi et notamment sur le terrain. J’ai été correspondant de guerre en Afghanistan, en Irak ou bien même au Darfour. Je n’aurais peut-être pas fait ce choix à 30, 40 ou 45 ans, mais aujourd’hui j’ai 51 ans et j’ai la chance de pouvoir accomplir l’un de mes rêves d’enfant. Car comme me le dit mon fils : « Toi tu n’aimes pas le foot, tu aimes l’OM. » Il m’arrive de ne pas suivre l’épopée européenne d’un club français alors qu’il est totalement impensable que je rate une seule seconde du moindre match de l’OM, même si c’est un simple tour de qualification. J’ai toujours un espoir qu’il se passe quelque chose. Je vis pour ce club. Alors, je suis très attaché à Complément d’enquête, mais je ne pouvais pas laisser passer cette opportunité. Et en plus, pour ne rien vous cacher, j’ai reçu au même moment une proposition forte d’une radio qui aurait pu être complémentaire avec la télévision, mais mon choix était acté. Je n’avais aucune raison de partir, mais quand vous avez une envie dévorante en vous, c’est difficile de la contenir.

Comment s’est opéré votre recrutement par Frank McCourt ?Pour ne rien vous cacher, j’étais très triste de ce qui s’est passé après les incidents à la Commanderie avec les groupes de supporters. J’ai donc écrit au groupe McCourt via la procédure d’embauche américaine afin de proposer mes services. Ma candidature est tombée à un moment où s’opérait une restructuration à la tête du club. J’ai ensuite vu Anne Méaux qui fait la communication de Frank McCourt avec son agence Image 7. Elle a validé mon profil. J’ai ensuite passé plusieurs entretiens aussi bien au sein du club à Marseille qu’aux États-Unis et donc en anglais avec les membres du groupe McCourt avant de m’entretenir avec Frank McCourt lui-même ; tout cela a duré plus de deux mois. Le point crucial, c’était l’entretien avec Pablo Longoria, tout s’est bien déroulé, le courant est tout de suite passé entre nous. Ce qui m’a étonné, c’est qu’il avait visionné plusieurs émissions avant de me recevoir et qu’il m’a dit qu’il aimait ma façon de faire. C’est quelqu’un de sérieux qui ne laisse rien au hasard. Pablo m’a dit qu’ils voulaient des gens 100% passionnés autour de lui et je crois qu’il a perçu cette sincérité chez moi.

Quand un recrutement est annoncé au club, les supporters fouillent souvent ses comptes sur les réseaux sociaux pour vérifier qu’il est bien OM compatible. On a l’impression que vous avez réussi à passer cette épreuve du feu alors que votre prédécesseur Hugues Ouvrard avait échoué puisque des tweets pro-PSG avaient été déterrés…Il y a eu un moment dans le processus d’embauche où la question de mes profils sur les réseaux sociaux s’est posée. J’ai fouillé dans ma mémoire et j’en ai même parlé avec mes enfants, mais je me suis dit que je n’avais rien à cacher, car j’ai toujours supporté l’OM. Au moment où les supporters épluchaient mes messages, l’un d’entre eux m’a envoyé un message en me disant : « On est en train de faire un complément d’enquête sur vos tweets. » J’ai trouvé ça excellent. Ils ont retrouvé des messages que j’avais complètement oubliés comme un tweet d’encouragement à Gignac lors de sa dernière saison au club. Je suis content que les supporters eux-mêmes m’aient validé sur les réseaux sociaux, car j’ai vécu cette période avec un peu d’appréhension. (Rires.)

J’ai hâte de débuter, car c’est vraiment une nouvelle vie qui commence pour moi.

Jacques-Henri Eyraud a perdu sa présidence sur le flanc de la communication. Vous avez conscience que vous êtes attendu au tournant ?J’ai pleinement conscience que la communication est un point extrêmement sensible et je pense que c’est précisément pour cela que le groupe McCourt et Pablo Longoria ont voulu marquer le coup en faisant appel à quelqu’un qui est homme de média. Ce n’est pas un blanc-seing, mais je pense qu’ils voulaient quelqu’un de capé, pour faire face à tous les pièges de la communication. Avec la nouvelle équipe dirigeante, on a envie de faire totalement corps avec la région, la ville et ses supporters. On a besoin d’eux. Dans mon processus de recrutement, on en a beaucoup parlé et on s’est mis d’accord sur des axes de travail, mais je ne peux pas encore les divulguer.

Vous pouvez quand même dire en quelques mots ce que vous allez faire au poste de directeur de la communication du club ?La seule chose que je peux vous dire aujourd’hui, c’est que ça sera une direction de la communication au sens large du terme avec une place importante aux côtés de Pablo et Pedro Iriondo (directeur de la stratégie de l’OM, NDLR). Et j’ai hâte de débuter, car c’est vraiment une nouvelle vie qui commence pour moi.

Peut-on vous conseiller une tisane pour tempérer cette impatience ?Je n’ai pas besoin de tisane. (Rires.) J’ai envie de vivre ma passion à 100%.

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