S’abonner au mag
  • Ligue 1
  • J4
  • Metz-Angers

Jonathan Fischer : « Apprendre, c’est un jeu »

Propos recueillis par Ulysse Llamas, avec Mathieu Rollinger
7 minutes

Le nouveau gardien du FC Metz est un ancien professeur des écoles au Danemark, a une femme artiste et un gros sourire. Il vient d’effectuer sa rentrée dans un nouveau pays et commence son année par trois défaites en trois matchs. Tout cela valait bien quelques questions.

Jonathan Fischer : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Apprendre, c’est un jeu<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Toi l’ancien instituteur, as-tu noté des liens entre une rentrée des classes et une arrivée dans un club ?

En quelque sorte, oui. Pour ta première journée à l’école, petit, tu es excité. Tout est nouveau, intéressant. Quand tu arrives dans un nouveau club, c’est pareil, tu apprends plein de choses différentes. C’est chouette.

Souvent, un enfant ne dort pas lors de la dernière nuit avant la rentrée. C’était ton cas la veille de ton arrivée à Metz ?

Non. Tout est allé très vite. Je n’ai même pas eu le temps de comprendre ce qu’il m’arrivait : j’ai joué le vendredi avec Fredrikstad, mon club norvégien, et le dimanche j’étais à Metz pour signer mon nouveau contrat.

Comment est ton nouveau prof, Stéphane Le Mignan ?

Stéphane et Christophe (Marichez), l’entraîneur des gardiens, sont excellents. Ils sont très intelligents, compréhensifs et pédagogues dans leur façon de transmettre le foot. Tout ça, ça m’intéresse. Ça diffère de ce à quoi j’ai été habitué : ici, on apprend à avoir plus le ballon, à être dominateurs. Il ne s’agit pas de juste lancer la balle devant et voir ensuite.

Le français, c’est vraiment galère. Quand je prononce le son « ant », je dois vraiment faire un effort pour ne pas prononcer le T à la fin. Vous dites « enfant », et pas « enfante » par exemple. Ça, c’est super difficile.

Jonathan Fischer

Comment apprends-tu le français ? Tu es plutôt adepte de Duolingo ou tu as un prof particulier ?

Un peu des deux : j’ai un prof particulier et j’utilise Babel sur mon téléphone. Je suis arrivé pendant les vacances d’été, donc c’était un peu galère de trouver un prof en France. En plus, celui du club était en vacances. Alors j’en ai trouvé un au Danemark et aujourd’hui, je prends aussi des cours en plus de ceux du club, avec ma copine. On fait ça en ligne, via nos ordinateurs, ça marche bien. C’est plus facile pour moi d’apprendre le français directement par le danois plutôt qu’en passant par l’anglais, qui n’est pas ma langue maternelle. À l’école, j’ai appris l’anglais et l’allemand, et bien sûr le danois, mais le français, c’est vraiment galère. Quand je prononce le son « ant », je dois vraiment faire un effort pour ne pas prononcer le T à la fin. Vous dites « enfant », et pas « enfante » par exemple. Ça, c’est super difficile.

C’est plus facile d’apprendre en compréhension orale ?

Le mieux, c’est d’être immergé, d’entendre une nouvelle langue et de la parler. L’important au niveau pédagogique, c’est d’avoir une combinaison d’un peu de tout. C’est ce que j’essayais de dire aux enfants quand j’étais prof : écoute, parle et fais. C’est quand tu commences à faire les choses par toi-même que tu commences à les comprendre, à associer les mots dans ta tête. Ça veut dire qu’elles sont digérées. Apprendre, c’est un jeu.

 

Fischer serre les boulons.
Fischer serre les boulons.

Beaucoup de tes coéquipiers à Metz parlent anglais, ça aide.

Au moins un peu, chez Cheikh (Sabaly), Jean-Philippe (Gbamin), Gauthier (Hein), Benjamin (Stambouli), Terry (Yegbe), qui vient d’arriver, Abu (Giorgi Abuashvili), Tsita (Giorgi Tsitaishvili) et d’autres. Tout le monde est capable de se comprendre. Ce n’est pas un problème dans un vestiaire, mais c’est toujours mieux de comprendre ce qu’il se passe.

J’ai été assez surpris par Metz. C’est une belle ville. C’est un peu comme la vieille ville de Copenhague. Et puis les gens sont accueillants.

Jonathan Fischer

Si on revient en juillet, qu’est-ce que tu connaissais de ta nouvelle classe ?

Pour être franc, pas grand-chose. J’avais regardé par curiosité les barrages contre Reims. Mais au niveau de la ville, non, pas du tout. J’ai été assez surpris. C’est une belle ville. Ma copine aime beaucoup se balader et dessiner, et à Metz, on voit plein de vieux bâtiments, d’églises, celles au bord de l’eau notamment, et bien sûr la cathédrale. C’est un peu comme la vieille ville de Copenhague. Et puis les gens sont accueillants.

Et ta nouvelle école, la Ligue 1 ?

Si on la compare avec le championnat norvégien, c’est sûr que c’est d’un meilleur niveau. En Norvège et au Danemark, on parle des cinq plus grands championnats, ce n’est pas pour rien. Donc oui, c’est une bonne expérience.

Est-ce que c’est facile de démarrer des jours d’école avec trois défaites et sept buts encaissés ?

C’est très difficile. Prendre des buts, c’est dur. Mais on vient de revenir en Ligue 1, on a des nouveaux joueurs, on doit apprendre à se connaître. Quand je regarde et joue les matchs, je sens que c’est de mieux en mieux.

 

Au niveau du jeu, tu t’attendais à ça ?

Quand je suis passé de la deuxième division danoise à la première division norvégienne, mon interrogation portait sur la vitesse de jeu, si j’allais être capable de jouer plus rapidement. Et en Norvège, ça peut aller vite, surtout dans certaines équipes comme Bodø/Glimt, mais en France, chaque équipe peut le faire. La qualité des joueurs est meilleure, personne ne fait d’erreurs. En Norvège, on envoie encore de longs ballons, alors qu’en France, on combine.

Tu avais discuté avec Mika Biereth, Pierre-Emile Højbjerg et Peter Schmeichel de la Ligue 1 ?

Non. J’aime bien arriver sans horizon d’attente, et me faire ma propre opinion. J’aime bien peindre ma propre toile. Je ne veux pas que les gens m’influencent. C’est comme quand je regarde un film ou lis un livre, je ne veux pas être spoilé. Et à Metz, je ne suis pas surpris !

Tu dessines ton match. Quand tu fais un arrêt, tu traces une ligne de plus, tu continues ton dessin.

Jonathan Fischer

Ta copine est artiste. Peut-on comparer un clean sheet d’un gardien et une page blanche ?

Je pense que ce sont des parfaits opposés. Un clean sheet, c’est un objectif pour moi en tant que gardien, un but. Tu dessines ton match. Quand tu fais un arrêt, tu traces une ligne de plus, tu continues ton dessin. Alors que pour un artiste, la page blanche est la chose la plus redoutée. Un dessin ou une peinture terminés, c’est un clean sheet en fait.

Pourquoi as-tu eu envie de devenir instituteur ?

J’avais le rêve de devenir joueur de foot professionnel, mais je ne voulais pas mettre toute mon énergie dans le foot. Surtout que le foot, ce n’était pas à plein temps. Au Danemark, je m’entraînais quatre après-midi par semaine, plus la gym le soir et le match du week-end. Une journée, c’est long, donc je voulais gagner un peu d’argent, vivre seul, et aussi apprendre des choses. Être instituteur, c’était aussi une belle manière de mélanger le foot et la volonté d’apprendre sur toutes les matières.

 

Tu penses que cette expérience t’aide à te concentrer sur le terrain ? 

Plutôt oui, parce c’est bien de pouvoir aussi se concentrer sur autre chose, en dehors du foot. C’est un rêve devenu réalité, même si c’est très prenant. Ma copine me demande comment je continue à apprécier le foot tout en y passant de plus en plus de temps, je lui réponds que c’est comme elle avec la peinture. Une carrière, c’est court, donc j’ai envie d’apprécier et d’aller au bout des choses.

Y a-t-il une école des gardiens danois ? Kasper Schmeichel est toujours là, Filip Jørgensen à Chelsea, Mads Hermansen à West Ham… ?

Je ne pense pas. Pour moi, être gardien est quelque chose de très internationalisé maintenant. Depuis une dizaine d’années, partout dans le monde, on demande les mêmes choses aux gardiens. On regarde tous les matchs sur nos téléphones, on voit les arrêts et les dribbles sur nos téléphones. Les entraîneurs des gardiens s’inspirent entre eux, échangent, voient les différences. Donc je ne pense pas qu’on puisse parler d’une école des gardiens danoise. En revanche, on a des qualités semblables. On est des bons stoppeurs. On va vite au sol, on a des réactions rapides et on est bons au pied. Je pense que ce sont nos qualités premières.

As-tu perçu une différence entre ton passage au Danemark et celui en Norvège ?

Je pense que j’utilisais plus mes pieds en jouant au Danemark qu’en Norvège, ça c’est vrai, mais je ne sais pas si c’est général. Notre entraîneur des gardiens en Norvège insistait sur le fait de garder la balle par exemple.

Quelle est ton ambition avec Metz ?

Grandir, me développer, et bien jouer. C’est un peu évident, mais l’idée est de continuer à progresser, de rester en Ligue 1 et d’être meilleur.

Le nouveau latéral gauche du FC Metz a connu l’AC Milan

Propos recueillis par Ulysse Llamas, avec Mathieu Rollinger

À lire aussi
Les grands récits de Society: Silence de mort
  • Michel Fourniret
Les grands récits de Society: Silence de mort

Les grands récits de Society: Silence de mort

Juges, avocats, psychologues, ils ont fait face au tueur en série des Ardennes, Michel Fourniret. Et n’en sont pas sortis indemnes. Ils racontent.

Les grands récits de Society: Silence de mort
Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • La revue de presse foot des différents médias, radio et presse française/européenne, du lundi au vendredi en 3 à 4h!
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine