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Ils ont marqué le foot allemand, de 10 à 6

Par Ali Farhat, Charles Alf Lafon, Sophie Serbini et Côme Tessier
Ils ont marqué le foot allemand, de 10 à 6

Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On continue avec l'Allemagne, avec les joueurs classés de la 10e à la 6e place.

10. Günter Netzer

Düsseldorf, 21 juin 1973. La finale de la Coupe d’Allemagne oppose les deux clubs rivaux que sont le Borussia Mönchengladbach et le 1.FC Cologne. Wolfgang Overath est sur le terrain, Günter Netzer sur le banc. Le score est de 1-1 après 90 minutes. Au début de la prolongation, Christian Kulik, milieu du BMG, s’effondre devant son banc. Il est cuit. « Je me suis levé et je suis allé le voir » , se rappelle Netzer. « Je lui ai demandé :« Est-ce que tu peux encore jouer ? » Il m’a répondu :« Je ne peux même plus me lever, je suis mort. » J’ai enlevé mon survêtement, je suis passé devant Weisweiler et je lui ai dit :« J’y vais, maintenant. » » La suite fera entrer Günter Netzer dans la légende : une-deux avec Rainer Bonhof, et frappe du gauche dans la lucarne de Gerhard Welz. Le but de la victoire, trois minutes après son entrée en jeu. Son dernier avec les Fohlen – il rejoindra quelques semaines plus tard le Real Madrid. « Je n’ai parlé de cette histoire qu’après le décès de Weisweiler, par respect pour lui. Aujourd’hui encore, je ne peux pas expliquer ce qui s’est passé à ce moment-là. Kulik n’était plus en capacité de faire quoi que ce soit, je suis rentré et… ce sont ces histoires-là qui font qu’on aime le football ! La preuve, on en parle encore 40 ans après… »

Aujourd’hui encore, Günter Netzer reste le joueur génial qui incarnait parfaitement le style du Borussia Mönchengladbach : jeune, fougueux, insolent dans le jeu, le tout avec un certain penchant pour la réussite. Avec Weisweiler sur le banc et Netzer en chef d’orchestre, Gladbach connaîtra tour à tour la montée, les joies du titre, puis celles de la Coupe. Netzer, lui, profite pleinement de la vie, quitte à rendre parfois chèvre son entraîneur, avec qui il entretient une histoire d’amour-haine. De 1971 à 1973, il possède une discothèque, le « Lover’s Lane » . « Quand Weisweiler a vu ça, il a pensé que c’était la fin pour moi. Ce fut tout le contraire : j’ai été élu joueur de l’année en Allemagne en 72 et 73 ! » Tout sourit à cet homme qui aime les grosses bagnoles et qui a la cote auprès des filles. C’est tout juste s’il a un regret : ne pas avoir été un des hommes de base lors de la victoire à domicile en Coupe du monde, après avoir guidé la Nationalmannschaft à la victoire à l’Euro, en 1972. En mauvaise condition physique, il ne jouera que 22 minutes avant de se faire choper sa place par son éternel rival et ami Wolfgang Overath. « C’est une insulte quand on me décrit comme un champion du monde. » L’artiste Netzer, un éternel rebelle. AF

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9. Uwe Seeler

Au pays de la gagne, Uwe Seeler fait figure d’exception. Malgré un palmarès peu fourni, l’ancien petit attaquant (1,68m) du Hambourg SV sera toujours au panthéon du football allemand, pour une raison simple : tout au long de sa carrière, Seeler a su rester un joueur brillant, un homme fidèle et humble. Auteur de plus de 400 buts avec son HSV (dont 30 lors de la première édition de la Bundesliga sous sa forme actuelle, dont il finira meilleur buteur), Uwe Seeler aurait pu succomber à la tentation avec les années et filer à l’Inter Milan ou au Real Madrid, qui lui promettaient des sommes folles. Il finira par rester dans sa ville chérie, auprès des siens. S’il était parti, il aurait pu vivre sans avoir à travailler le restant de ses jours ; seulement, son emploi comme représentant d’Adidas (à une époque où le professionnalisme tardait à se pointer) lui importait énormément. Un travail qui ne l’a jamais empêché de marquer tous les week-ends, et même en sélection. Celui qui a marqué à 43 reprises en 72 capes restera aussi dans l’histoire pour avoir disputé parmi les rencontres les plus légendaires de la Nationalmannschaft : la finale perdue de 66, le quart de finale de 70 (face à des Anglais tellement sûrs d’eux qu’ils sortirent Bobby Charlton pour le reposer en vue de la suite du tournoi) et, bien entendu, le « match du siècle » face à l’Italie. Longtemps seul joueur à avoir marqué au moins deux buts au cours de quatre Coupes du monde, Uwe Seeler n’aura jamais connu les joies de la victoire finale, celle-ci arrivant avant (54) et après (74) son mandat. Néanmoins, son œuvre le propulse quand même Ehrenspielführer (capitaine d’honneur) de la Nationalmannschaft, au même titre que Fritz Walter, Franz Beckenbauer et Lothar Matthäus, qui ont tous les trois soulevé le trophée mondial. Seeler, lui, s’estime malgré tout heureux de la carrière qu’il a eue. La seule chose qui lui importe aujourd’hui, c’est le HSV, pour lequel il se « fait du souci » , une expression régulièrement reprise par l’Allemagne du ballon rond pour se moquer de lui. Gentiment, bien sûr. Parce que le jour où il arrivera malheur à celui qu’on appelle « Uns’ Uwe » (notre Uwe), il n’y a pas que Hambourg qui pleurera. C’est toute l’Allemagne qui sera en deuil. AF

8. Sepp Maier

« Ce qui m’a le plus plu, c’est que lorsqu’il avait bien plu, je pouvais me vautrer dans la boue. » Comme il le dit dans sa biographie, heureusement que le chat d’Anzig était un peu cochon. Sans cela, un des meilleurs gardiens de l’histoire du football n’aurait jamais vu le jour. Au départ, Sepp Maier voulait être attaquant et n’est pas mauvais à ce jeu-là. Il marque régulièrement pour le TSV Haar. Contre sa volonté, son entraîneur choisit un jour de le mettre gardien de but. Le rôle le séduit. Maier accepte donc de jouer dans les cages et il s’y fait remarquer par le Bayern lors d’un match de coupe – son équipe en prend pourtant douze dans les dents. Il est invité à passer un test pour intégrer les équipes de jeunes. Il a trouvé son club de toujours. À 18 ans, il devient professionnel avec le Bayern. À 21 ans, il monte en Bundesliga. Quatre ans plus tard, il est champion d’Allemagne. D’août 1966 à juin 1979, Sepp Maier ne rate aucun match, aucune seconde, soit 442 matchs consécutifs à empiler les victoires et les titres. Entre-temps, il inscrit le doublé Euro 72 / Coupe du monde 74 à son palmarès. Il est évidemment du triplé 74/75/76 en Ligue des champions – les poteaux carrés étaient gardés par lui, de toute manière. Sepp Maier gagne tout avec la bande de Franz Beckenbauer et Gerd Müller. Il gagne également le cœur du public de l’Olympiastadion grâce à des facéties dignes de son idole, l’acteur de cabaret Karl Valentin : feinte de dribble avant de mettre la balle en touche loin de son but, tours de magie sur la ZDF, chasse aux canards en plein match… Il avoue que « c’était par pur ennui » , dans une équipe du Bayern trop forte pour le reste de l’Europe, même si hors des terrains, Maier fait aussi le magicien. Mais ce serait le réduire à des drôleries, alors que Maier est aussi capable d’arrêts réflexes et d’une agilité exceptionnelle pour aller loger la balle entre ses mains et la serrer fort, comme lorsqu’il dormait avec un ballon enfant. « J’avais un rapport privilégié avec lui, j’en étais amoureux. » Comme quoi, en fait, dès la petite enfance, Sepp Maier était destiné à être le meilleur gardien allemand de son siècle.

7. Phillip Lahm

Avec sa tête de délégué de la 5e B et ses sapes toujours bien repassées, Philipp Lahm incarne à merveille la nouvelle Allemagne des années 2000, bien gentille et propre sur elle. Mais derrière cette façade hyper lisse se cache le meilleur défenseur du siècle actuel et surtout un des meilleurs footballeurs tout court. Depuis plus de 10 ans, Philipp Lahm fait tout mieux que tout le monde. Il tacle mieux, déborde mieux, centre mieux, frappe mieux, porte mieux le chapeau bavarois, porte mieux le brassard de capitaine, fait mieux de l’air guitar, joue mieux la comédie, et accessoirement ne jouera pas le match de trop avec la NM puisqu’il a eu la bonne idée de prendre sa retraite juste après un titre mondial. C’est assez simple, sa perfection fait limite froid dans le dos – si seulement il n’avait pas cette voix nasillarde aussi insupportable, on douterait même de son existence. Philipp Lahm a dû faire environ cinq mauvais choix dans toute sa carrière et on ne se rappelle aucun. Même son autobiographie bidon parue en 2011 et dans laquelle il dézinguait pas mal de monde, dont Jürgen Klinsmann, a été complètement oubliée depuis longtemps. Seul Michael Ballack, à qui Lahm a « volé » le brassard de capitaine de la Nationalmannschaft, continue de crier sur tous les toits sa haine du bonhomme. Mais comme personne n’a jamais pris Ballack au sérieux, Philipp Lahm peut dormir tranquillement sur ses deux oreilles. Il sera toujours le mec à qui tu ne mettras jamais de petit pont, alors qu’il attend encore de finir sa croissance. SS

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6. Paul Breitner

Facile de ne résumer Breitner qu’à une grande gueule à tendance rouge, surplombée d’une moustache et d’une afro. L’homme n’a rien fait pour s’en préserver, à grands coups de déclarations fracassantes : « À l’âge de 16 ans, la mort de Che Guevara a une profonde influence sur moi. Ça a été un moment important dans mon développement » ou « La Bundesliga est un gros business. Presque tout tourne autour de l’argent. Il n’y a pas de place pour le socialisme. Je dois garder mes idées privées pour le public, mais mes amis savent que je suis resté la même personne. » Dès son arrivée au Bayern, l’attaquant reconverti latéral (gauche évidemment) par nécessité ne se cache pas, comme le note Die Zeit : « À l’âge de 20 ans, Paul Breitner répondait aux questions stupides des journalistes avec des réponses provocantes. « Qui admirez-vous le plus ? » « Mao ! » « Qu’est-ce que vous lisez ? » « Marx ! » « Quel est votre vœu le plus cher ? » « Une défaite des Américains au Vietnam ! » » Ce Bavarois de naissance a aussi tenté de se soustraire au service militaire en se planquant, avant de se rendre de peur d’être arrêté. Malgré tout, Breitner reste un insoumis, souvent en guerre avec ses dirigeants au Bayern ou en équipe nationale. Le fait est qu’il avait de quoi répondre sur le terrain. En finale de la Coupe du monde 1974, alors que les Hollandais mènent déjà 1-0 et que l’Allemagne de l’Ouest obtient un penalty, Gerd Müller, qui en a raté plusieurs en Buli, ne se sent pas. Breitner y va et transforme. Fort, puissant, décisif, il avait pourtant d’autres ambitions : « La chose la plus importante est de jouer avec beaucoup d’idées, de la technique et de la créativité. »

Dans la foulée du triomphe de 74, il envoie tout valser, Bayern et NM, pour partir au Real devenir un milieu de terrain avec Netzer. On le dit indéfiniment brouillé avec ses dirigeants, lui avance une autre explication des années plus tard au Times : « J’ai quitté l’Allemagne pour l’Espagne parce qu’au fond, je voulais jouer pour le Real. C’était un rêve. En plus, je voulais évoluer et élargir mon expérience non pas seulement de vie, mais aussi de jeu. J’avais l’impression que mon jeu pourrait se développer dans un style latin où il existe une plus grande liberté d’expression que dans le plus compact style teuton. L’argent lui-même n’est pas une fin en soi. La fin, j’espère, c’est d’ouvrir un jour une école pour les enfants défavorisés. » Pour finalement tenter d’adoucir les déclarations de sa jeunesse : « C’est vrai que les enseignements de Mao sont d’une grande importance pour moi, mais une lecture plus d’ensemble est d’un grand intérêt et importante pour ma pensée et ma personnalité. » Parce que derrière la caricature du marxiste, Breitner est revenu. D’abord à l’Eintracht Braunschweig, où son mirobolant salaire est payé par Günter Mast, Mr Jägermeister. Puis au Bayern, il forme le Breitnigge avec Kalle, et en NM également. Il aimait les belles voitures, l’argent, adore encore aujourd’hui qu’on parle de lui. Après tout, son palmarès le mérite : 5 Buli, une C1, 2 Liga, un Euro et une Coupe du monde. Et contrairement aux autres monstres de la génération 70, Paul aura eu le mérite de réussir à s’exporter, et de revenir. Le « 17 Stunden Bundestraîner » (nommé à la tête de la NM en 1998, le lever de bouclier fut tel qu’il ne resta en poste que 17 heures) est ainsi depuis membre du board du Bayern. Où il continue de dire ce qui lui passe par la tête. CAL

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