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Hommage à Gary Speed

Par Ronan Boscher (tous propos recueillis par RB)
Hommage à Gary Speed

L’onde de choc n’a sans doute pas atteint la France du foot comme elle a percuté de plein fouet le Royaume-Uni. Gary Speed, un de ses hommes parfaits, à 42 ans, a remis sa vie à une simple corde dans un garage. Tragique.

Au Pays de Galles et en Angleterre, le choc est terrible et a ce triple goût de profonde tristesse, d’effroi et d’incompréhension. Devant leur petit écran, samedi midi, à l’heure du lunch, les suiveurs britanniques de Premier League en étaient restés à un Gary Speed souriant, de très bon poil, comme toujours, bon esprit, poli, l’analyse fine lors du show TV Football Focus. Il prévoyait même de partir en vacances au Portugal avec Alan Shearer et sa famille, parlait d’une partie de golf avec Gary McAllister et phosphorait sur l’avenir de la sélection galloise des Ramsey et Bale. Puis dimanche matin, à 7 heures, Louise, sa femme, le retrouve pendu dans son garage, un suicide confirmé par les enquêteurs mardi soir. A l’image, Shay Given, un très proche ami, commençait sa rencontre contre Swansea en larmes alors que Dalglish, plus tard, retenait pudiquement et difficilement ses sanglots. Hors image, l’absence du Gallois Craig Bellamy, abattu par la nouvelle avant de jouer Man City, ne donnait qu’encore plus de résonance à cette sombre actualité. Les fans ont déversé quantités de maillots de foot signés, petits mots, fleurs devant les stades qui ont vu passer Gary Speed. L’Elland Road de Leeds, le Goodison Park d’Everton, le St James Park de Newcastle ou encore le Reebok Stadium de Bolton. Le drapeau gallois est baissé à mi-mat à l’Assemblée. Hommage identique à l’UEFA de Platini et à la FIFA de Blatter.

Guitare et canapé

L’homme, de l’autre côté de la Manche, est un « monument » selon son ancien coéquipier Olivier Bernard. Gary Speed est le premier footeux de Premier League à passer la barre des 500 matches, dépassé seulement pour l’instant par Ryan Giggs et David James. La sélection galloise s’offre à lui 85 fois, ce qui fait de lui le deuxième Gallois le plus capé, derrière Neville (92), loin devant Ryan Giggs (64). A Leeds, il laisse une trace indélébile, quatrième larron à 22 ans du quatuor du milieu de terrain avec David Batty, Gordon Strachan et Gary McAllister, puis Canto devant, lors de l’année du titre en 1992. Dans les clubs suivants, positionné de plus en plus souvent, avec les années, au poste de demi-défensif, Speed a toujours fait partie des meubles. A Everton, son « rêve de gosse » , il met une année à devenir capitaine. A Newcastle, il devient rapido vice-capitaine, avec Rob Lee et le patron Alan Shearer. A Bolton, il est tellement le taulier qu’il assure l’intérim pendant deux mois après Allardyce. Joueur redoutable dans le jeu de tête, dans la percussion durant ses jeunes années à Leeds ou dans son harcèlement défensif et son sens de la relance, « on pourrait le comparer à un Källström dans le jeu » dixit Olivier Bernard. Il ressort de tous les témoignages livrés que ce Gary Speed était un homme à l’écoute. Baladé de poste en poste à ses débuts à Leeds, « le mec, il a toujours deux mots sympa, le sourire, un geste, il ne se plaint jamais » dit de lui son ancien coéquipier Laurent Charvet. « J’ai eu la chance de jouer à Chelsea avec Mark Hughes, eh ben lui, c’est du même genre. Gary Speed c’est quand même une légende. Franchement, respect, voilà c’était un grand joueur » . Pour l’ancien défenseur français, guitare et canapé peuvent être d’autres mots-clés lorsqu’il repense simplement à Monsieur Gary : « Souvent après les matches, j’étais invité à manger chez Alan Shearer, chez Shay Given, Warren Barton, Rob Lee et lui. J’étais le Français. A cette époque-là, on n’était que deux ou trois. Je le revois avec sa guitare, tchater sur le canapé et les autres qui se marraient et chantaient autour. Dès qu’il y avait un concert, un truc, j’étais souvent invité et d’ailleurs sa femme, sa famille elles sont adorables. Franchement, cette histoire, ça m’a beaucoup touché. C’était un mec exemplaire » . Tellement carré qu’il est du genre à tendre sérieusement l’oreille sur ce qui paraissait une denrée rare dans le foot britannique : le fitness, les étirements et la nutrition.

« Crie mon nom, et je te couvre« 

Olivier Bernard, qui se souvient d’un mec « à la vanne british, bien poli, bien posé, discret et souriant » remercie surtout Gary Speed pour lui avoir fait aimer un poste qu’il ne portait pas dans son cœur : « C’est lui qui m’a appris à comprendre le jeu anglais et à aimer jouer arrière gauche, parce que je suis attaquant de formation. Il me disait: ‘Je sais que t’as les jambes, que tu peux faire les montées-descentes. Ce que tu fais, c’est qu’à chaque fois que tu montes, tu cries mon nom et moi je mets en couverture’. Pour mon premier match contre Blackburn, je marque un but, alors que je suis arrière gauche et lui marque le deuxième. On gagne 2-1. C’était un exemple pour moi. Pour commencer une carrière, être à côté de quelqu’un comme lui, c’est fantastique. Pas une personne ne vous dira un mauvais mot sur lui, pas un » . A son tableau de chasse, catégorie incubateur, Gary Speed a eu d’autres cibles de choix. Christian Roberts, jeune joueur gallois des divisions professionnelles britonnes inférieures (Cardiff, Exeter, Bristol, Swindon Town) et ami de Craig Bellamy, précise : « Speed, il a inspiré de nombreuses personnes. Prenez l’exemple de Bellamy. Lorsqu’ils ont joué ensemble à Newcastle, il l’a particulièrement aidé à atteindre un niveau d’international » . Déclaré par tous ses pairs comme l’ultime footballeur professionnel modèle, « ambassadeur » du foot gallois pour l’admiratif Roberts, le BG gendre idéal pour les nanas, décoré par le Prince Charles pour services rendus au football, Gary Speed est rapidement devenu un exemple, un très bon exemple, jamais avare d’offrir sa notoriété pour lever des fonds ou ses fesses pour s’asseoir à des dîners de charité. Retiré des pelouses en 2010, il fut appelé à la rescousse d’une sélection galloise en train de gâcher avec Toshack la génération des Ramsey, Bale et compagnie. « Il était en train de transformer le visage de la sélection de façon remarquable. Les Gallois commençaient à reprendre plaisir avec leur football » regrette encore Christian Roberts. Bref, pas une seule fausse note.
Pas même cette anecdote mystérieuse soulevée par le Guardian. Durant sa carrière de joueur, Speed dût remplacer au pied levé son coach complètement torché pour le speech de la mi-temps. Le Gallois décida par la suite de quitter ce club en raison de l’événement. L’identité de l’équipe concernée n’est à ce jour toujours pas révélée, Speed ayant signé et toujours respecté un accord de confidentialité sur cet incident peu commun. Un secret qu’il a emporté avec lui en décidant de se donner la mort dimanche matin. RIP Mr. Speed.

Par Ronan Boscher (tous propos recueillis par RB)

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