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Gomis, la panthère rosse

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Gomis, la panthère rosse

L'OL version Puel est une équipe « chiante à jouer ». C'est aussi celle qui marque le plus en L1. Une place qu'elle doit en grande partie à Bafétimbi Gomis qui a prouvé ces derniers que, sans être ni Sonny Anderson, ni Benzema, il pouvait le joueur le plus indispensable sur le front de l'attaque lyonnaise.

Une question d’habitude sans doute. Le 26 octobre dernier, au soir d’une sortie en Coupe de la Ligue face au Paris Saint-Germain, on ne donnait plus cher de la peau de Bafétimbi Gomis. Non pas à cause de cette partie où il resta fidèle à lui-même, combattant de l’impossible, envoyé s’essouffler dans la profondeur par ses coéquipiers à gratter ces ballons de bout de course qui finissent hors cadre. La faute plutôt à ce genre de sale période, celle du club plutôt que la sienne, qui se termine toujours par le sacrifice de l’attaquant qui a bien voulu se dévouer pour mener les basses œuvres de devant. Sans doute lassés de recevoir trop de coups et de devoir laisser la lumière à d’autres, coupables surtout de ne pas suffisamment cadrer avec le rêve le mieux partagé par tout un club, celui du grand attaquant qui saura faire oublier Sonny Anderson, ces gars-là ont tous fini dans la peau des grands sacrifiés de l’institution pour peu que ça se mette à tanguer un soir d’élimination en Ligue des Champions ou quand s’annonce une saison sans titre.

Black Panther partie

Rincés par leur passage entre Saône et Rhône, Carew, Fred ou Piquionne n’en sont jamais tout à fait revenus. Avec sa douzaine de buts la saison, son statut de retour de hype, celle de 2008 qui l’amena à sécher sur la ligne Ben Arfa pour une place dans les 23 lors de l’Euro austro-suisse, et cette obsession, toujours la même, de Bernard Lacombe, de trouver l’ersatz à ces grandes gigues de Pizarro ou de Chamakh qui se sont dérobés à ses avances, Gomis avait la tête de l’emploi pour incarner la prochaine victime de cette grande lessiveuse qu’a souvent été l’attaque lyonnaise. Ce qu’il ne fallait pas oublier, c’est que Bafétimbi Gomis (25 ans) a toujours su faire le vide. A ses débuts pour faire oublier la méchante réputation du grand gaillard tellement sûr de son physique qu’on lui reproche de la jouer trop facile pour les terrains de Ligue 2 où le sens du combat ordinaire l’emporte sur tout le reste. A son retour dans l’effectif stéphanois pour faire dégager le plancher à la concurrence. Au temps de la splendeur de Drogba pour renvoyer au loin la rumeur d’Outre-Manche qui l’annonçait comme le Didier super du futur. A son arrivée à Lyon pour léguer, sur demande express de Lacombe, les célébrations façon Black Panther à l’ASSE – et à l’épaule de Romeyer qui s’en fera un tatouage. Devant son aquarium, une fois chez lui, pour faire tomber ces montées d’adrénaline des soirs de match qui manquent de le paralyser jusqu’au malaise (vagal).

Quand à l’automne dernier les sifflets sont montés un cran plus fort depuis les tribunes de Gerland à chacune de ses sorties et qu’il s’est retrouvé dans l’œil du cyclone qui menaçait d’emporter l’OL en ce début de saison duraille, Gomis s’est contenté de sortir sa panoplie du parfait petit maître zen. Là où d’autres auraient tout misé sur ces quelques piges alignées entre deux histoires d’ego ou de muscle qui se froisse du côté de Lisandro, il comprend qu’il vaut encore mieux reprendre à son compte l’idée qu’on se fait d’un club de foot à Lyon. Pour se mettre à peser dans le jeu, suffit juste de savoir lire entre les lignes du bilan comptable et de construire sa place quelque part entre les 26 millions de Gourcuff et de Lisandro.

Bafé sourit et dégomme

Comme bien souvent dans ces cas-là, novembre peut alors accoucher du monstre. Après une première mi-temps sonnant comme une nouvelle déroute, Puel envoie Gourcuff et Licha ranimer son équipe sur la pelouse de Bollaert. L’Argentin à gauche, le Breton à la baguette et Bafé dos au but. Quarante-cinq minutes plus tard, le 4-3-3 lyonnais n’a peut-être plus vraiment de pointe comme on l’entend, mais il tient avec Gomis un joueur indispensable pour faire jouer ses deux têtes d’affiche au niveau où on les attend. Un pivot qui offre la place dont a besoin Lisandro pour occuper cette place d’électron libéré qui décroche et propose des solutions dans les intervalles. Un point d’appui pour Gourcuff qui retrouve dans ce rôle de soutien à l’attaquant un peu de la complicité avec Chamakh qui avait fait le bonheur de ses années girondines. Un modèle de travail au service du collectif sur lequel peut s’appuyer Puel pour encourager les corps impatients du banc à rester concernés en vue d’une fin de saison qui exige de remettre à jour le turn over un temps délaissé.

Autant dire qu’on est déjà prêt à parer de toutes les vertus cette histoire de panthère rose. Celle du joueur qui sort désormais sous les vivas après avoir goûté aux sifflets. Celle du type qui a su trouver la lumière à force de jouer les travailleurs de l’ombre. A la faveur de ce huitième retour encore teinté d’espoir grâce à ce but arraché lors de la première manche, la réalité peut tout aussi bien redevenir prosaïque. Et rappeler Gomis à ce rôle d’attaquant lyonnais comme les autres, sorte de belle promesse qui finit par s’évanouir avec tout le reste lorsque se referme la parenthèse de la Ligue des Champions.

Serge Rezza

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