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Gillet : «La Serie A, c’est trop bon quoi»
Son club est bon dernier de Serie A et dimanche, il rend visite à l'Udinese, la machine à buts du championnat. Pourtant, Jean-François Gillet, portier belge de Bari depuis dix ans, croit dur comme fer à un miracle.
La semaine dernière, l’Udinese en a passé sept à Palerme. Dimanche, vous leur rendez visite. Vous avez préparé ça comment ?
C’est vrai que ça peut faire peur. Les mecs sont très chauds, surtout leurs deux attaquants, Di Natale et Alexis Sanchez, qui sont dans une forme incroyable. Il va falloir redoubler d’attention en défense, mais pas seulement. Une grosse prestation individuelle et collective nous attend. En même temps, c’est stimulant de préparer et de jouer ce genre de matches, même si l’on sait que ça va être dur de sortir indemnes du Frioul.
Un plan anti-Di Natale et anti-Sanchez a-t-il été évoqué ?
Pas vraiment non, c’est difficile de prévoir quoi que ce soit face à eux. Ils sont tellement rapides, tellement imprévisibles. S’ils ont réussi à marquer quatre buts à Milan, trois à l’Inter, quatre au Genoa et sept à Palerme, c’est bien parce que personne n’a réussi à trouver la solution.
L’an dernier, Bari a été la révélation de la saison, en terminant dixième. Cette saison, vous êtes en grande difficulté. Comment expliquez-vous ça ?
On a bien commencé la saison. Au premier match, on bat la Juve 1-0 à domicile. Au deuxième, nul sur la pelouse de Naples. Et puis, à la 6ème journée, on perd à Gênes avec un but à la 95ème de Toni. Ça a été un coup de massue. Au même moment, on a perdu quasiment la moitié de l’équipe, des gars qui faisaient la différence et qui se sont blessés pour trois ou quatre mois. Ensuite, c’est l’effet boule de neige, tu dégringoles, et à chaque match, tu te mets la pression. Et c’est pire lorsque tu es dernier. En plus, on est dans le Sud, l’ambiance chauffe assez vite. Mais nous sommes tous coupables, joueurs, entraîneurs et dirigeants.
Il reste onze matches avant la fin et vous avez douze points de retard sur le premier relégable. Comment abordez-vous la fin ?
On dit que l’espoir fait vivre. C’est la vérité. Tant que mathématiquement, nous ne sommes pas condamnés, on y croit. Il faut honorer le maillot, jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière seconde. Un miracle est toujours possible. Il suffit d’enchaîner deux victoires pour que l’enthousiasme renaisse.
Sur le plan personnel, comment jugez-vous votre saison ?
Ça va. Le rendement est là. Le problème, c’est que lorsque l’équipe tombe, tu tombes aussi. Personnellement, j’ai l’impression d’avoir fait de bonnes prestations. Mais je suis très déçu quand même, car je ne pensais pas que l’équipe allait se retrouver à cette position. J’aurais préféré être un peu moins bon et voir l’équipe loin de cette zone de relégation. Donc, satisfait de moi, oui. Mais bon…
Vous aviez connu la Serie A en 2000-01, et vous l’avez retrouvée en 2009. Vous trouvez que le niveau de jeu et la tactique ont évolué ?
Bien sûr. Le football en lui-même évolue. La vision du gardien de but également. Quant à la Serie A, je trouve que le niveau a encore augmenté, comme tous les championnats européens. C’est pour ça que je serais dégouté de la quitter, c’est trop bon quoi. La différence entre la Serie A et la Serie B est trop grande, notamment sur le plan médiatique.
Quand Bari est descendu en Serie B, en 2001, vous avez décidé de rester. Puis vous êtes devenu le leader de l’équipe. Aujourd’hui, si le club connait le même sort, vous resterez encore ?
C’est difficile de parler de ça aujourd’hui. Là, l’équipe est en difficulté, et si je me mets à parler de mercato, ça fait tout de suite le gars qui veut fuir ses responsabilités. Or, je suis bien à Bari, j’y vis très bien, j’ai l’affection des tifosi, et je donnerai tout pour ce maillot, même dans la douleur.
Vous êtes devenu l’an dernier le joueur le plus capé de l’histoire du club. Fierté ?
Bien sûr. J’ai reçu les clefs de la ville, c’est une symbolique importante. Ce qui est beau, c’est que même cette année où l’équipe est en difficulté, je n’ai jamais été critiqué par les supporters.
Au cours de vos dix saisons à Bari, vous avez vu passer beaucoup de talents. Lequel vous a le plus marqué ?
Lors de ma première saison à Bari, il y avait Cassano. Il était tout jeune, 17 ou 18 ans, mais tu voyais déjà qu’il avait l’étoffe et la classe du futur champion. Il voulait toujours avoir le ballon. Il était complètement foufou, mais quelle classe.
Et l’adversaire qui vous a le plus impressionné ?
J’en ai vu passer beaucoup. Mais je crois que les deux qui m’ont vraiment marqué, ce sont Schevchenko et Zidane. Quand tu as 21 ans, que tu débarques en Italie, et que tu te retrouves face à de grands joueurs comme eux, c’est chaud quoi !
Vous suivez un peu la Ligue 1 ?
Oui bien sûr, surtout parce que j’ai pas mal de potes là-bas. Je suis avec beaucoup d’attention le parcours d’Eden Hazard à Lille, je suis très content pour lui car ils sont premiers. Ce mec est un énorme talent. L’an dernier, je suivais aussi Roland Lamah au Mans, mais ils sont descendus. J’espère pour lui qu’ils vont remonter cette saison.
Vous n’avez jamais pensé à venir jouer en France ?
Avant d’arriver en Italie, en 1999, j’étais en pourparlers avec Bordeaux. Ça m’aurait plu de venir jouer en France, car la Ligue 1 est un très bon championnat. Et puis finalement, ça ne s’est pas fait, et j’ai débarqué à Monza.
Vous avez joué tous les matches cette saison, et donc affronté toutes les équipes. Laquelle vous a fait la plus forte impression ?
Pour moi, c’est l’Inter. Je les ai vraiment trouvés très très forts, aussi bien avec Benitez qu’avec Leonardo. Mais néanmoins, je pense que c’est Milan qui va être champion. Ils ont les épaules solides. J’espère qu’on les aura aussi.
Propos recueillis par Eric Maggiori
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