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Le jour où la France en a passé dix à l’Azerbaïdjan
Vous faisiez quoi il y a 30 ans ? L’équipe de France, elle, pliait l’Azerbaïdjan en dix. Entre le fiasco de 1993 contre la Bulgarie et l’Euro 1996 lançant l’aventure dorée de la bande de Jacquet, il y a eu cette volée mémorable. Une époque où Lebœuf et Zidane avaient des cheveux et où Auxerre recevait les Bleus.

Quasiment deux ans jour pour jour après les 14 buts collés à Gibraltar pour la plus large victoire de son histoire, l’équipe de France a la possibilité de rééditer contre l’Azerbaïdjan. « C’est possible, mais il faudra beaucoup de réussite », indique Vincent Guérin. L’ancien milieu de terrain aux 19 capes chez les Bleus sait de quoi il parle puisqu’il a grandement participé à la deuxième meilleure performance de la sélection dans ce domaine. Le 6 septembre 1995, il inscrit un but et délivre quatre passes décisives, ainsi que « deux avant-dernières passes », selon ses dires, pour mener la France vers un succès 10-0 contre ces mêmes Azerbaïdjanais. Dans les colonnes des médias locaux, cette rouste est surnommée « la tragédie d’Auxerre », tandis que dans l’Hexagone, elle rappelle les prémices d’une génération prête à rouler sur le monde.
La peur au ventre
Avant le coup d’envoi, le groupe d’Aimé Jacquet n’imagine pourtant pas empiler les pions. Alors qu’il ne reste que trois matchs de qualification à l’Euro 1996, l’heure est grave car, à cause de cinq nuls et de seulement deux victoires, les Bleus ne sont qu’à quelques pas d’une deuxième compétition internationale manquée de suite. « On était en pleine réinitialisation de cette équipe parce qu’il y avait eu les déboires de 1993, retrace Frank Lebœuf, double buteur ce jour-là, puis vainqueur de la Coupe du monde 1998 et de l’Euro 2000. Aimé Jacquet essayait de reconstruire. On tâtonnait un peu, mais on y est arrivés ! » Et de quelle manière !
Lanterne rouge du groupe 1, la 149e équipe au classement FIFA n’a jamais perdu de plus de trois buts d’écart et les absences de Jean-Pierre Papin, Éric Cantona, Patrice Loko ou encore Nicolas Ouédec peuvent faire craindre la panne offensive. Il n’en a rien été. Sur la pelouse de l’Abbé-Deschamps, qui accueille l’équipe de France pour la première fois, la fête commence rapidement. Youri Djorkaeff, lui, célèbre sa première titularisation aux côtés de Zinédine Zidane avec un caviar pour Marcel Desailly sur l’ouverture du score et un but de la tête sur un centre millimétré de Guérin. À la demi-heure de jeu, ce dernier marque le troisième d’une frappe lointaine mal sentie par le gardien Elkhan Hasanov. Pas suffisant pour Jacquet, qui pousse une gueulante à la mi-temps. « C’est mon premier souvenir, il trouvait qu’on ne faisait pas assez le taf, donc on s’est fait pourrir. Ça, ça m’a marqué », explose de rire Lebœuf.
Le Cocard tricolore
Le défenseur central, qui arborait encore quelques cheveux et un petit bouc, a bien entendu les critiques du sélectionneur et décide de sortir un deuxième acte de patron. Après un but de Reynald Pedros, sur une erreur de Nazim Sadykhov, remplaçant dans le but adverse, le Strasbourgeois de l’époque inscrit une Madjer aérienne venue d’ailleurs. « Je me suis dit que le gardien n’était pas clair. Depuis, j’ai revu les images, c’est un peu mieux que ce que j’avais pensé sur le coup », souligne celui qui s’est offert un doublé sur un centre de Guérin. Entre-temps, Christophe Dugarry et Zizou s’étaient amusés de la défense azerbaïdjanaise, avant que Djorkaeff n’envoie un petit piqué au fond des filets.
😲 La plus large victoire de l’histoire de l’équipe de France à l’heure actuelle. 🗓 6 septembre 1995 📍 Auxerre, Abbé-Deschamps 🏆 Euro, éliminatoires 🆚 France 10-0 Azerbaïdjan ⚽️ M. Desailly (13e) ⚽️ Y. Djorkaeff (17e) ⚽️ V. Guérin (32e) ⚽️ R. Pedros (48e) ⚽️ F. Leboeuf (53e… pic.twitter.com/DTyc2P4Weh
— 90football (@90footballFr) November 18, 2023
9-0. Le bouquet final ne pouvait venir que de Christophe Cocard. Tout le stade réclamait l’attaquant de l’AJA, au point de siffler David Ginola entré plus tôt, et il lui a bien rendu. Dans la surface adverse, il profite d’une énième sortie ratée de Sadykhov, gratifie le public d’un passement de jambes, et fait vivre une belle galère au tableau d’affichage : afficher un score à trois chiffres. « Pour Christophe, c’était génial. Les gens voulaient voir leur idole, donc c’était plutôt sympa. Entrer et marquer, la fête était parfaite », savoure encore Lebœuf.
Pour moi, je suis toujours détenteur du record de l’équipe de France.
Surtout que Cocard a disputé, ce jour-là, sa dernière sélection. De son côté, Vincent Guérin signe son match référence alors qu’il avait eu du mal à s’imposer en sélection. « J’ai montré un visage positif. Ça a montré ce que je valais. J’avais mis longtemps à entrer en équipe de France, ce match m’a permis d’y rester, rejoue le champion d’Europe Espoirs 1988. Peut-être que ma venue a permis d’apporter une meilleure assise au milieu de terrain. » De quoi composter son billet pour l’Angleterre afin de disputer l’Euro 1996. Avec une nouvelle prestation aboutie en Roumanie (1-3) et un atterrissage en douceur contre Israël (2-0) dans la dernière ligne droite, les Bleus se classent sixièmes – et derniers qualifiés directs – des meilleurs deuxièmes de ces éliminatoires. Un ouf de soulagement avant l’explosion de joie à venir dans les années suivantes. Même s’ils ne détiennent plus le record national, les héros de « la tragédie d’Auxerre » font tout comme. « Je considère qu’on l’a toujours, assure Frank Lebœuf, sûr de lui. Parce que Gibraltar, c’est un territoire britannique, pas un pays. Pour moi, je suis toujours détenteur du record de l’équipe de France. Donc voilà, tout va bien pour nous ! »
France-Azerbaïdjan : les attractions du ParcPar Enzo Leanni, avec Julien Faure
Propos recueillis par JF et EL.