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Garage Rocks

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Garage Rocks

Considéré par ses voisins comme un marginal inoffensif, Josie (Pat Shortt) a passé toute sa vie d'adulte à tenir une station service miteuse, à la périphérie d'une petite ville au fin fond de l'Irlande.

Deuxième film du réalisateur irlandais Lenny Abrahamson, Garage narre le quotidien de Josie, sorte d’idiot du village, tout juste bon à servir l’essence aux clients et dont la personne la plus proche n’est autre qu’un routier se foutant ouvertement de sa gueule. Jusqu’à ce qu’arrive David (14 ans), venu bosser pour la saison dans cette “gas station” perdue au milieu de nulle part. S’ensuit le rapprochement entre ces deux personnages tout sauf hauts en couleurs mais diablement attachants…

Magistralement interprété par Pat Shortt, l’un des acteurs les plus populaires d’Irlande, Garage nous entraîne par son regard sensible dans une aventure humaine à la fois drôle et touchante.

Rencontre avec le réalisateur du film, fan de foot invétéré, qui nous avouera : « J’ai toujours rêvé d’avoir une interview dans un magazine de foot. Bon, il aura quand même fallu que je fasse un film pour y arriver ! »

On raconte que tu es fan de foot ? Yeah ! J’y ai régulièrement joué de ma plus petite enfance jusqu’à l’âge de 34 ans. Je n’ai jamais vraiment été très bon, mais je jouais pour une équipe qu’on avait montée avec des potes. On jouait en 9e division irlandaise. J’étais latéral droit, mais j’étais beaucoup trop lent pour ce poste. Malheureusement j’ai été obligé d’arrêter de jouer car je me suis fait une déchirure des ligaments du genou. Et voilà comment s’est finie ma carrière de footballeur ! Le truc marrant, c’est que j’étais vraiment un joueur merdique mais j’ai quand même réussi à avoir une blessure de pro. Au final, j’en suis assez fier !

Quelle place prend le foot dans ta vie ? En fait, ça a pas mal évolué au fil du temps. Tout petit, j’étais obsédé par le foot, je supportais les Queens Park Rangers. Aujourd’hui, ils sont vraiment à chier, mais pendant une très courte période au début des années 80, ils étaient géniaux (une finale de Cup en 82, un titre de Division Two en 83, et une finale de Coupe de la ligue en 86, vraiment de quoi se taper le cul par terre…Ndlr.). Terry Fenwick, Ian Gillard, c’étaient vraiment de grands joueurs. J’étais littéralement fou d’eux. J’ai un peu lâché le foot pendant mon adolescence, mais vers 20 ans, je m’y suis remis. Je mate au moins un match par semaine à la télé et dès que je suis en Angleterre, je m’arrange pour aller au stade.

Tu trouves le temps de regarder des matchs pendant que tu es en tournage ? Il y a des moments où ce n’est vraiment pas évident, mais une grande partie de l’équipe aime le foot, donc pour les matchs vraiment importants, on essaie d’avoir une télé dans le coin. Par contre quand l’Irlande joue, là, on stoppe quasiment le tournage pour regarder le match !

Je me rappelle qu’à un moment, je tournais une pub et c’était la finale de la Champions League. Celle que Liverpool a fini par gagner face au Milan AC (2005). Ils étaient menés 3-0 et ils sont revenus en deuxième mi-temps. À ce moment, on a carrément arrêté le tournage, une chose qui n’arrive jamais ! Tout le monde a arrêté de travailler ! En plus il y avait pas mal de fans de Liverpool dans l’équipe, alors tu peux imaginer l’ambiance…

A propos de supporters, on ne peut pas dire qu’il y ait énormément de bons clubs irlandais. Du coup qui peut-on bien supporter quand on est soi-même irlandais ? C’est assez marrant parce que les Irlandais sont vraiment furieux quand on leur dit qu’ils sont Britanniques, mais la grande majorité supporte des équipes britonnes. Surtout celles qui ont de grandes connections avec l’Irlande. Liverpool par exemple, parce que c’est vraiment une ville d’immigrés irlandais. Dans le championnat écossais, on supporte plutôt le Celtic vu que c’est l’équipe catholique. On supporte aussi pas mal Manchester United puisqu’ils marchent bien et tout le monde aime les équipes qui remportent des titres ! De plus, il y a eu de grands joueurs irlandais à Man U, Roy Keane, Dennis Irwin etc. Mais beaucoup d’Irlandais supportent des équipes irlandaises. Le problème est qu’on n’entend jamais parler de ces équipes au niveau continental. De toute façon, tous les bons joueurs locaux vont jouer dans des équipes britanniques, là où est l’argent…

Ton sentiment sur l’équipe nationale irlandaise ? C’est une période très triste pour l’équipe nationale ! Vraiment très triste ! Il y a deux gros problèmes. Le premier est que nous sommes un très petit pays donc de temps en temps, nous sommes assez chanceux pour avoir quelques bons joueurs. C’est ce qui s’est passé dans les meilleurs moments de l’ère Roy Keane. On est arrivés en quarts de finale de la Coupe du Monde 1990 (à laquelle Keano n’a pas participé. Ndlr). Actuellement on manque cruellement de bons joueurs, particulièrement au milieu de terrain. Il nous manque trois ou quatre joueurs d’envergure, mais on n’en a de toute façon qu’assez rarement…

Le deuxième gros problème du football irlandais se situe au niveau de la fédération. Ils font en permanence des choix désastreux en ce qui concerne les sélectionneurs. Prends le dernier en date, Steve Staunton. Au final, j’avais plus de peine qu’autre chose pour lui. Ce n’était pas de sa faute le pauvre. Il n’avait aucune expérience d’entraîneur. Comment a-t-il pu se retrouver à la tête de la sélection irlandaise ?!

Enfin, penses-tu qu’il existe des similitudes entre une équipe de foot et une équipe de tournage ? Oui, bien sûr. Ce sont des activités de groupe où il y a une grosse pression, des contraintes de temps, où tu dois faire quelque chose de très complexe. Une équipe de tournage ne peut bien fonctionner que si le réalisateur est bon, qu’il sait exactement où il veut en venir. Dans ce cas-là tout avance vite, les gens sont de bonne humeur, on est comme porté par une vague. Au contraire, si le réalisateur ne sait pas ce qu’il veut, là ça devient catastrophique ! C’est à mon avis vraiment similaire à ce qu’on retrouve dans le foot.

Je pense qu’il y a aussi quelque chose que l’on voit chez les grands joueurs, l’engagement total dans ce qu’ils font, cette sorte de confiance en soi, en son instinct. Parfois on retrouve la même chose avec certaines personnes sur un tournage.

Pablo René-Worms

Garage de Lenny Abrahamson

Irlande, 1h30

Avec Pat Shortt, Anne-Marie Duff, Conor Ryan

Distr. mk2

Sortie le 9 janvier 2008

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