Fulham des guerriers
Aujourd'hui, à 16h, Man City rend visite à l'une des équipes les plus dangereuses qui soit. Car Fulham n'est pas simplement un solide 10e de Premier League. C'est aussi un redoutable client qui vient de coller une fameuse dérouillée à la Juventus avec à la clé un plan de jeu aussi simple qu'efficace fomenté par un Roy Hodgson à l'expérience rare. Oui, il ne fait pas bon croiser la route des Cottagers cette saison...
La Premier League a du nez. En élisant le 6 mars Roy Hogdson “coach du mois de février” et Mark Schwarzer “player of the month”, les Anglais ont fait mouche cinq jours avant la démonstration de Fulham face à la Juventus (4-1) en huitième de finale retour d’Europa League. Ok, la Vieille Dame fait largement son âge cette saison et ils sont quelques-uns à lui refaire le dentier mais tout de même… Fulham, quoi ! Qui aurait parié sur un tel résultat avec deux buts de retard après le match aller et surtout une ouverture du score piémontaise après deux petites minutes de jeu à Craven Cottage ? Pourtant, à bien y regarder, Fulham n’en est pas à son coup d’essai cette année. A l’aller, Manchester United, triple champion sortant, avait pris un court-bouillon salé (0-3) dans l’antre des Cottagers. Du coup, à l’heure de recevoir l’autre club mancunien, City, personne n’exclut une nouvelle grosse perf des Londoniens.
Hodgson, l’Anglais qui avait coaché l’Inter
Le secret de Fulham porte probablement un nom : Roy Hodgson. Anglais, issu de la capitale, le bonhomme présente déjà un pedigree intéressant et rare pour driver le club du sud-ouest de Londres. Mais surtout, beaucoup plus pertinent encore pour un sujet de Sa Très Gracieuse Majesté, Hodgson a pas mal bourlingué un peu partout en Europe, jusque dans des endroits assez improbables. Ainsi, l’ancien joueur de Crystal Palace a débuté sa carrière d’entraîneur sur un banc suédois, à Halmstads en l’occurrence. La suite ? Entre crochets en Angleterre (Bristol, Blackburn), retours en Scandinavie (Örebro, Malmö, Copenhague, Viking en Norvège, la sélection de Finlande avec laquelle il bat le record de points en éliminatoires de l’Euro 2008 hélas, sans la qualification au bout), détours par la Suisse (Neuchâtel, Grasshopper, l’équipe nationale), un petit exil aux Émirats (équipe nationale) et surtout, surtout, un solide passage en Italie. Certains l’ont peut-être oublié mais Roy Hodgson a cornaqué l’Udinese il y a une dizaine d’années mais surtout ni plus ni moins dirigé l’Inter Milan entre 1995 et 1997 en amenant les Nerazzurri à la troisième place de Serie A et en finale de la Coupe de l’Uefa perdue aux tirs au but face à Schlake 04. Un Anglais, Messieurs, à la tête d’un des plus grands clubs italiens, ça vous pose une exception. D’ailleurs, reconnaissant de son savoir-faire, le club lombard en avait fait un ambassadeur du club il y a trois ans. Fort de ce CV digne de celui d’un diplomate, Hodgson s’est forgé un solide vécu et une expérience sans doute supérieure aux trois quarts des entraîneurs de Premier League.
[page]Zamora, le target man par excellence
Et du coup, on est moins surpris. Car Fulham est sans doute l’une des formations anglaises avec le plan de jeu le plus clair, un peu dans la lignée d’un Aston Villa. Oh, rien de bien révolutionnaire en vérité, un bon vieux 4-4-2 des familles, mais sacrément bien huilé. Derrière, du très solide avec un back four bien servi par deux excellents latéraux (Paintsil et Konchesky) et commandé par un Irlandais pur jus Aaron Hughes, adossé à l’impeccable Schwharzer dans les bois, bon pied bon œil malgré ses 37 printemps bien sonnés. Au milieu, c’est l’increvable Danny Murphy qui assure la circulation. L’ancien midfielder de Liverpool aux frappes diaboliques (dans le jeu ou sur phases arrêtées) oriente encore le jeu comme pas deux, sans esbroufe mais sans beaucoup de déchet non plus, bien épaulé il est vrai par l’imposant Etuhu pour faire le ménage dans la zone. Mais la vraie griffe du jeu des Cottagers reste cette incroyable facilité à trouver devant et de manière très directe Bobby Zamora, royal depuis le début de la saison dans son rôle de target man : la cible que l’on cherche de loin. Là, l’ancien attaquant de Tottenham et West Ham varie les plaisirs : soit une déviation pour l’autre pointe remuante (Andy Johnson ou Nevland), soit un décalage vers les flancs, très souvent vers l’infernal Damian Duff, soit une remise en retrait pour Murphy qui peut à son tour opter entre frapper directement ou écarter. Une simplicité biblique mais rudement efficace : depuis fin janvier, Fulham n’a perdu qu’un match (0-3 à MU). Voilà Manchester City prévenu : dans la course à la 4e place, Craven Cottage pourrait bien être un sacré traquenard.
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