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FC Metz : silence, ça coule

Par Mathieu Rollinger

Ce n'est pas la fête du FC Metz, au contraire. Le club lorrain est bloqué dans la zone rouge, pétrifié par un championnat qui avance trop vite pour lui. Et à l'heure de se déplacer à Nantes puis de recevoir Clermont, dans ce qui s'apparente à la dernière chance de déclic, solutions et prises de parole ne se bousculent pas au portillon.

Christophe HERELLE of FC METZ  during the Ligue 1 Uber Eats match between Football Club de Metz and Olympique Lyonnais at Stade Saint-Symphorien on February 23, 2024 in Metz, France. (Photo by Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport)
Christophe HERELLE of FC METZ during the Ligue 1 Uber Eats match between Football Club de Metz and Olympique Lyonnais at Stade Saint-Symphorien on February 23, 2024 in Metz, France. (Photo by Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport)

Le pire, et comme souvent face aux grosses écuries du championnat, c’est que ce match contre l’Olympique lyonnais n’était vraiment pas le plus indigent de la saison. Mais voilà, cette défaite a suffi à faire basculer le FC Metz dans une crise passionnelle. Un envahissement de terrain là où huit mois plus tôt le peuple grenat fêtait en grande pompe son retour en Ligue 1, un cordon de sécurité pour empêcher les grognards d’accéder au vestiaire des joueurs, un président restant sourd aux injonctions de ses tribunes l’exhortant à venir s’expliquer (ou à démissionner), un entraîneur qui en a sa claque des questions « si stupides, si provocatrices » des journalistes sur son départ… Voilà pour le panorama, que n’a pu que commenter le capitaine Matthieu Udol, au micro de Prime Vidéo : « C’est un peu tendu. Je ne le justifie pas (l’envahissement), mais je comprends l’énervement. […] On est arrivé à un stade où l’on fait abstraction de ce qu’il se passe autour, on savait que ce match-là serait assez hostile, même s’ils nous ont encouragés en première période. Mais on a fait des erreurs qui nous ont coûté cher. » Dont une cassure avec un public qui n’avait jamais autant répondu présent que cette saison (84% de taux de remplissage à la mi-saison et un record de 17 000 abonnés). C’est peu dire que les Messins en ont connu des saisons galères, mais celle en cours semble cristalliser énormément de frustrations.

L’art de relancer les autres

Ce ne sera pas encore cette fois que les chiffres mentiront. Les Grenats, du bas de leur 17e place au classement, n’ont plus vu l’ombre d’une victoire depuis le 26 novembre à Lorient (3-2). Dans ce long tunnel, ils ont eu le temps de réveiller les démons de 1950, lorsque Thadée Cisowski et ses camarades avaient, comme ceux de 2024, enchaîné une série de sept défaites consécutives. Ils ont aussi laissé l’opportunité au latéral Matthieu Udol de planter un but de la tête au Parc des Princes et un autre au Vélodrome, permis à Didier Lamkel Zé et Georges Mikautadze de fêter leurs retrouvailles avec Saint-Symphorien avec un joli but chacun et… c’est tout.

Enfin, ils ont surtout aidé à relancer presque tous leurs concurrents au maintien et autres clubs en proie au doute, en attendant les matchs à Nantes dimanche et la réception de Clermont la semaine suivante. Ainsi, Carles Martinez Novell a pu justifier auprès de sa femme que, s’il a raté la naissance de leur fille, c’est parce qu’il ne pouvait pas manquer l’occasion de briser la série de dix matchs sans succès de Toulousains mal en point et en mal de points. Lorient est aussi venu inverser une spirale à Saint-Symphorien, décrochant trois points pour la première fois depuis le 22 octobre 2023. Gennaro Gattuso a sauvé les apparences en grattant un nul après une heure à 10 contre 11. De la même manière, les deux seules victoires de Montpellier depuis début novembre ont été glanées face à ces mêmes sympathiques Lorrains. Ces spécialistes de l’ascenseur réalisent cette fois un dangereux surplace au classement, coincés au même niveau que Clermont avec 17 unités, pendant que tout le reste de la promo leur a mis au minimum 5 points dans la vue.

Bazar à tous les étages

Alors, qu’est-ce qui cloche ? Forcément, pour expliquer tant de revers, quelques fois chèrement payés ou avec quelques honneurs, difficile d’occulter le niveau sportif global. Si le secteur défensif fait ce qu’il peut avec les moyens du bord, c’est dans le domaine offensif que Metz inquiète le plus. Cette équipe, depuis plusieurs saisons, est bâtie pour faire des dégâts en transition. En Ligue 2, ajouté à une force physique, ça a permis de coiffer sur le poteau des rivaux comme Bordeaux et Sochaux. En Ligue 1, malheureusement, un minimum de qualité technique est nécessaire pour survivre. En se séparant provisoirement de Mikautadze, en privant le Géorgien de son principal fournisseur de ballons qu’était Youssef Maziz (parti à Louvain), en voyant Ablie Jallow le plus souvent hors du terrain et en n’ayant que des ailiers percuteurs comme Van den Kerkhof et Sabaly à aligner, László Bölöni n’a pu compter sur la durée que sur le jeune Lamine Camara pour animer timidement les rares phases de possession. Dans ces conditions, garder la tête haute et inverser la dynamique est compliqué. « Sur la volonté et la présence mentale, je ne peux pas les féliciter, mais les joueurs ont fait le maximum de ce qu’ils sont capables. Certains ont même dépassé leurs limites, analysait le coach aux carnets après l’échec lyonnais. Mais ce n’est pas suffisant, et il faut encore attendre pour grandir. »

« Attendre » suppose du temps et de la patience. À Metz, on n’a d’ailleurs souvent que ça à offrir pour supporter la grisaille des résultats. On se repose sur un passé plus ou moins glorieux, mais dans tous les cas lointain et on se camoufle toujours derrière le manque de moyens. C’est d’ailleurs par l’argument économique qu’on explique l’impossibilité de licencier le coach ou la vente de joueurs sans qu’ils puissent réellement faire leurs preuves. Certes, le club dirigé par Bernard Serin est un des rares de l’Hexagone à ne pas être sous perfusion de fonds étrangers. Ainsi, le 16e budget du championnat – selon Sportune – serait donc à sa place. Pourtant avec 45 millions d’euros, il est juste derrière le Stade brestois (48 millions), actuel dauphin du PSG.

Le déficit mosellan est en réalité celui des idées et de la cohérence, avec une direction sportive qui navigue à vue. L’Équipe rapportait récemment que, dans les bureaux, les dissonances étaient de plus en plus fortes entre Pierre Dréossi, le directeur du football, et Bob Tahri, ex-champion d’athlétisme devenu coordinateur du recrutement, et auraient engendré pas mal de cafouillages (Elisor, Tetteh, Estupinan, Nguessan…) et pas mal de coups ratés sur le marché hivernal (dont Louza). À ce jour, virer Bölöni n’assurerait même pas la venue d’un entraîneur porteur d’un projet de jeu plus ambitieux. Les pépites de Génération Foot ne pourront pas être éternellement les seules satisfactions et seules sources de plus-value. Souhaiter le départ de Bernard Serin – qui n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations – impliquerait d’avoir ne serait-ce qu’une piste de repreneurs potentiels. Alors, avant de n’avoir plus qu’une Gambardella pour pimenter la fin de saison (les jeunes Grenats affronteront les voisins nancéiens en quarts de finale), le FC Metz devra trouver les solutions par lui-même, avec ce groupe. Ou repartir pour un énième tour dans l’antichambre et tout recommencer à zéro.

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