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Faut-il un match de foot pour réconcilier la France et l’Algérie ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Faut-il un match de foot pour réconcilier la France et l’Algérie ?

Le serpent de mer d’un France-Algérie vient de ressortir la tête de l’eau. Quelque part au large d’Alger où le président de la République française, Emmanuel Macron, effectue un déplacement hautement sensible en Algérie. Une visite officielle au-dessus de laquelle plane le passé colonial et l’actuelle brouille diplomatique. Mais plutôt que de transformer cette rencontre en un accord politique, ne serait-il pas préférable de la laisser aux deux peuples, et à ces deux footballs qui se doivent tant ?

Emmanuel Macron a toujours su insérer le football à bon escient dans son agenda politique. En visite en Algérie, il a souvent été amené à aborder le passé entre les deux pays, marqué par l’occupation coloniale puis une guerre laissée longtemps, du moins dans l’Hexagone, sans nom. Adepte de la « vérité » et non de la « repentance », il semble avoir décidé de laisser, en revanche, au football, l’une des passions les plus fortes de part et d’autre de la Méditerranée, la lourde tâche de « conjurer le passé » : « On va en parler avec évidemment le président (Abdelmadjid Tebboune) et ses équipes, ce n’est pas à moi de me prononcer, et puis ça déprendra aussi du hasard des compétitions à venir. » La FFF étant soumise à une délégation de l’État, sans parler de la tutelle gouvernementale de la fédération algérienne, ces propos paraissent néanmoins dépasser le simple souhait entre deux balades mémorielles. Surtout en concluant sa réponse avec cette fausse évidence, mainte fois démentie pourtant, « le sport doit réconcilier ».

Emmanuel Macron se doutait qu’il avançait sur un terrain sensible. Le France-Algérie du 6 octobre 2001 avait laissé un goût amer et d’inachevé avec l’envahissement du Stade de France avant la fin de la rencontre. Ces 90 minutes avaient déjà à l’époque pour mission de couronner l’apaisement entre les deux pays. Français le plus aimé selon les sondages, Zinédine Zidane incarnait ce rêve, offrant aux deux nations de se reconnaître finalement à travers leur enfant commun « en garde plus ou moins partagée » . Les plus dures critiques étaient d’ailleurs venues d’Algérie devant le déshonneur subi ce soir-là. Il n’y avait eu ni blessés ni violences, mais le sentiment d’un immense gâchis, que la réaction de Lilian Thuram, saisissant par le col un jeune gars égaré sur la pelouse, avait immortalisé.

Laisser le foot aux deux peuples

Emmanuel Macron est soucieux de laisser son empreinte dans les annales, en particulier à travers le sport. Il attache ainsi une grande importance aux Jeux olympiques, au point d’avoir confié le ministère des Sports et des JO à une proche. La réussite d’un France-Algérie s’inscrirait dans la même perspective, avec une charge historique supplémentaire. S’agit-il cependant de la bonne méthode ? Une impulsion politique, ou plutôt ici une bénédiction, garantira-t-elle le bon déroulement d’un événement aussi problématique et avec en outre le risque d’aggraver le fossé au lieu de solidifier le pont ?

Le foot est politique, il ne peut donc ignorer le contexte. Durant la dernière campagne présidentielle, un candidat n’a pas hésité à reprocher à Zidane de porter le mauvais prénom. Le meilleur joueur français actuel, futur Ballon d’or, est de nouveau un enfant de l’immigration algérienne. Un atout peut-être pour l’organisation de ce match, même s’il ne faut pas oublier surtout combien son rapport à ses origines fut sujet à débat et polémiques (jusqu’à scruter le mouvement de ses lèvres au moment de La Marseillaise). Est-ce vraiment un hasard si l’origine algérienne de la mère de Kylian Mbappé est si souvent tue ? Le moindre drapeau DZ un soir de finale de la CAN excite les obsédés du grand remplacement, bien davantage que par exemple la marée portugaise dans Paris lors de l’Euro 2016.

Le football offre pourtant déjà à la France et à l’Algérie un espace commun, tout comme la musique, de Lili Boniche à Rachid Taha. Un beau ballon trône sur le rond central entre les deux pays. Rien n’est simple ni facile, en témoigne par exemple l’intégration parfois délicate chez les Fennecs des joueurs nés et formés dans l’Hexagone, ou encore le récent cas d’Andy Delort. Le football conjugue malgré tout depuis 1962 une aventure commune, complexe et compliquée, riche et vivante. En 2014, nous n’étions pas passé loin d’une confrontation en quarts de finale au Brésil. Il faudra sûrement encore patienter avant que les astres s’alignent. Ce sera toujours préférable à un match amical organisé précipitamment uniquement pour une belle photo de la tribune officielle. L’enjeu serait alors sportif, la symbolique évidente, la dimension politique incontournable. Aux deux peuples, aux supporters, aux amoureux du foot, de lui donner tout son sens et sa valeur.

Les Girondins, c’était ça !

Par Nicolas Kssis-Martov

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