Euro 2008 : France – Hollande 1-4, fini-foutu ?…
Domenech, le Titanic et l'éthique... Envie de s'écouter « Lost in the supermarket » de Clash... Confondre le bleu fatigue des Français et des Italiens, l'Euro blues du mardi soir... Et puis envie aussi d'aller taper dans un ballon dès samedi matin pour « jouer comme la Hollande » et rester éternellement jeune.
Mettez-vous à la place de Marco Van Basten. Il a 2 victoires, 6 points et + 6 au goal average. Il lui reste un match contre les Roumains. S’il le perd, la Hollande finit quand même première du groupe et la Roumanie finit 2ème avec 5 points quel que soit le résultat de France-Italie. Enfin débarrassé des Bleus et des Azzuri, deux équipes de salopards, deux tigres blessés bien capables de se refaire la cerise pour la suite du tournoi… Vous avez compris : pour les Pays-Bas, faut juste se faire taper par la Roumanie pour renvoyer Domenech et Donadoni outre Alpes. La Hollande va perdre contre la Roumanie. France et Italie sont déjà éliminées. Amen.
Sauf que… Il n’y a rien de plus risqué pour la Hollande que de casser une dynamique de victoire et de se laisser battre. Surtout face à des Roumains qui prendraient un avantage psychologique sur eux avec deux victoires et un nul sur 3 matchs. C’est aussi souvent dans ces matchs joués tout petit bras que les blessures surviennent…Faire jouer les coiffeurs ? Même les coiffeurs auront envie de briller pour espérer jouer le reste de l’Euro ou après l’Euro. Et quand on voit l’appétit monstrueux des Oranje en général, on peut penser que les A’ néerlandais pourraient quand même atomiser les Roumains… D’autant plus que la Roumanie n’est pas réputée pour son endurance physique et qu’elle a usé de la gomme contre la France et l’Italie. Reste l’éthique sportive. On peut la bafouer impunément et perdre sur commande. Après tout, à l’Euro 2000, les Bleus de Lemerre avaient laissé filer le match… contre les Pays-Bas (2-3) ! En fait, les Bleus souhaitaient rester dans leur camp de base en Belgique et les Hollandais rester aux Pays-Bas… Petits arrangements entre amis qui n’avait choqué personne, alors…
Les Hollandais sont avant tout “joueurs et compétiteurs”. Ils peuvent battre la Roumanie et s’offrir le challenge de retrouver sans trembler Italiens ou Français. C’est aussi ça qui fait leur classe. Time will tell…
Sinon le match ? C’est simple. A la mi-temps, les Oranje mènent 1-0. Dès le début de la deuxième période, Marco Van Basten fait rentrer Robben et Van Persie. Deux attaquants. DEUX ATTAQUANTS POUR GAGNER LE MATCH. Tout pour le jeu, l’offensive, le risque, le panache ! Robben a remplacé Engelaar, un milieu défensif !… Pour bien situer la mentalité des coachs hollandais, petit rappel de la finale de C1 95, Ajax-Milan AC. A 20 minutes de la fin, à 0-0, Van Gaal a fait rentrer le jeune Patrick Kluivert. A ce moment l’Ajax est passé à quatre attaquants (Kanu, Overmars, Litmanen et Kluivert). Kluivert a marqué et l’Ajax l’a emporté 1-0… Question de mentalité, de philosophie.
Evidemment, tout réduire au nombre d’attaquants sur le pré et au coaching de Van Basten n’explique pas la raison unique du succès hollandais d’hier soir, mais les Bataves ont fait le break d’entrée avec le but de Van Persie à la 59ème (2-0) et c’est Robben qui a planté le troisième à la 72ème (3-1)… Ray Verbère a fait rentrer Gomis à la place de Fantomalouda à la 61ème et Anelka à la 75ème. Pour quel résultat ?
On va pas revenir sur le jeu de la Hollande. Orange océanique. Tempêtes avec des creux de 15 mètres, falaises laminées et puis marée basse. Tempêtes avec des creux de 15 mètres, falaises laminées et puis marée basse, etc… Une circulation de balle pas croyable portée vers l’avant : le régal, une démonstration. Encore une nouvelle génération de petits footballeurs devant sa télé qui va scotcher pour toute sa vie sur ce foot total, comme les plus anciens avaient flashé sur l’Ajax et la Hollande des seventies ou de 1988. La Hollande est éternelle.
Ça veut pas dire non plus qu’ils vont gagner le tournoi… Au contraire, les deux victoires classieuses contre Italie et France dessinent aussi les contours habituels d’une lose en quarts ou en demies (les Pays-Bas ont tellement merdé dans le passé après des matchs de rêve…). La Hollande concourt donc à la victoire à l’Euro, mais aussi au titre d’éternels perdants magnifiques…
Côté français…
Chérif Ghemmour
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