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Eriksen à Tottenham : perdant-perdant-perdant ?

Par Chérif Ghemmour
Eriksen à Tottenham : perdant-perdant-perdant ?

Dans l’univers merveilleux de Ségolène Royal, tout le monde était gagnant-gagnant. Pas dans la footosphère où Ajax, Tottenham et Eriksen pourraient tous y perdre…

D’abord la vision optimiste : oui, Christian Eriksen (21 ans) a le talent nécessaire pour s’imposer à brève échéance chez les Spurs. Oui, Tottenham s’est offert un futur taulier créatif au milieu. Oui, l’Ajax se remettra de ce départ pour faire monter en grade une nouvelle pépite de sa formation : en somme, pour le club, un mal pour un bien… Tableau idyllique qui pourrait, en effet, prendre corps dans la félicité universelle au son de la 9e de Bétovenn (qui jouait en 9). Sauf que la réalité devra s’accommoder de près ou de loin aux vicissitudes habituelles du footbiz tout pourri. Alors noircissons le tableau avec un gros pinceau bien crade…

Premier fiasco : l’Ajax ?

Le club savait qu’Eriksen partirait prochainement vers un club prestigieux. En octobre 2008, l’Ajax avait déjà signé le jeune prodige danois au détriment de deux concurrents sérieux, Chelsea et Barcelone. Ceci pour rappeler qu’à 16 ans, le n°8 de l’Ajax était déjà considéré comme une des futures stars montantes du foot mondial. Ce qu’il a confirmé à Amsterdam en devenant à 20 ans ce meneur de jeu technique, tactiquement intelligent (vision, timing, précision et sens du but) et pro jusqu’au bout des doigts. Le bilan parle de lui-même : 3 titres de champion des Pays-Bas (2011-12-13) pour 154 matchs et 29 buts. En sélection danoise, ses 35 capes et 3 buts en ont fait un incontournable, présent au Mondial 2010 et à l’Euro 2012. À seulement 21 ans… On mesure la perte pour l’Ajax d’un crack pareil. Hier, dimanche après-midi, les Lanciers privés du liant habituel entre milieu et attaque insufflé par Eriksen n’ont pu qu’arracher le nul 1-1 à Groningue. Christian a manqué aussi dans la transmission et surtout dans la conservation au milieu quand Amsterdam menait 1-0. On regrettera aussi ses redoutables coups de pied arrêtés, direct ou indirects, qui faisaient la différence.

Mais le plus dur pour l’Ajax, c’est le départ précipité (couplé à celui du défenseur Alderweireld parti à l’Atlético Madrid), à trois jours de la fin du mercato et qui fout en l’air tous les plans de Frank de Boer. FDB va devoir vite rebâtir un milieu de terrain pour une Ligue des champions qu’il espérait grandiose (Ajax jouera Milan, Celtic et Barça). Ce weekend, Ajax a donc trouvé un accord avec Heracles Almelo pour signer le bon milieu gaucher Lerin Duarte (23 ans). Manque plus qu’à parapher le contrat. Marc Overmars avait tenté en fin de semaine de se faire prêter Van Ginkel par Chelsea, mais les Blues ont dit niet ! Question finances, l’Ajax est plutôt perdant vu le montant du transfert (on parle de 13,5 millions d’Euro sans les malus). Déjà, en juin 2012, les médias néerlandais avait parlé d’une offre du Barça à environ 20 briques. La saison dernière, Liverpool avait aussi fait une offre de 20 millions. Ceci dit, la proposition manquait de fermeté. Et puis d’autres grands clubs étaient aussi intéressés (Inter, Man City, Chelsea) en pouvant offrir eux aussi plus que les 13 millions des Spurs. Mais ni Ajax ni Eriksen ne savaient si le Danois partirait vraiment ou non au mercato d’été. Tout s’est donc précipité ce weekend, dans l’amertume du board ajacide, FDB le premier. L’Ajax, relayé à l’UEFA par Michael Van Praag (ex-boss de l’Ajax et de la fédé hollandaise), va intensifier son lobbying anti-mercato. Au moins concernant la durée et la fin de cette foire aux bestiaux qui bousille les débuts de saison largement entamés de certains championnats, comme l’est l’Eredivisie. Bien vu, mais mal barré… Enfin, rappelons que même en bonne santé financière, l’Ajax était plus ou moins contraint de vendre Eriksen dont le contrat s’achevait en 2014. Qui plus est, à l’Ajax, on ne retient jamais un joueur qui souhaite partir (à condition qu’une offre valable existe). C’était écrit, Eriksen partirait bientôt. C’est juste le timing et le montant du transfert qui fâchent…

Deuxième fiasco : Eriksen ?

Le très sage Morten Olsen, sélectionneur actuel du Danemark, avait conseillé au petit Christian la saison passée de rester encore un an à l’Ajax en 2013-14. Histoire de prendre encore un peu de bouteille avant le grand saut à l’étranger (hors Hollande). Titulaire dans une équipe compétitive et qui joue la Ligue des champions, tout concourait également à progresser parallèlement en sélection danoise en vue du Mondial 2014 (c’est mal barré pour la Danish dynamite, mais une deuxième place de barragiste est encore jouable). Cette année, l’Ajax, c’était 6 matchs de C1 garantis, plus quelques matchs de C3 si le club y était reversé en finissant 3e. Or, Tottenham ne joue pas la C1 cette année et l’Europa League n’offre pas le même plateau relevé où l’on s’étalonne pour de bon. De plus, Eriksen va arriver dans un club déjà bien fourni au milieu (12 joueurs dans l’effectif officiel) : quid du temps de jeu que Villas-Boas compte lui réserver ? Eriksen est un habitué du 4-3-3 Ajax, qui n’est pas exactement le schéma préférentiel du coach portugais. Il joue entre 8 et 10, une sorte de Valbuena très fort pour jouer entre les lignes, plutôt côté gauche : est-ce le profil recherché par Villas-Boas ? Eriksen est un petit rusé qui joue à merveille l’évitement et la remise directe, le dribble court et la passe sûre. OK… Mais en Angleterre, on passe à l’étage au-dessus : il faudra muscler son jeu. L’Eredivisie est plus gentille, moins vicieuse : la brindille Eriksen (1m75, 17 kilos) devra savoir se faire respecter sur la pelouse. Qui plus est, le petit Danois n’a pas encore le coffre pour tenir une saison complète avec des matchs à 90 minutes. Surtout en Angleterre. Il va donc essuyer du banc. Normal.

Sauf que… Eriksen, c’était le petit Prince d’Amsterdam, choyé et adulé, toujours titulaire. À Tottenham, son ego va devoir apprendre l’humilité et la patience : chez les Spurs, il ne sera plus le roi. Il va falloir être costaud pour survivre dans un vestiaire (bestiaire ?) typique d’une Premier League où les effectifs des grands clubs ressemblent à une jungle hostile peuplée de grands fauves. Heureusement, il pourra compter sur Vertonghen, un ex-coéquipier de l’Ajax qui le chaperonnera. C’est d’ailleurs le très bon axial belge des Spurs qui avait recommandé Eriksen à Tottenham : cadeau empoisonné ? On verra bien. Enfin, il faut arrêter de considérer avec une admiration aveugle tous les joueurs qui arrivent de l’Ajax. On connaît le prestige encore énorme de la formation-maturation des bons jeunes qui auréole encore l’Ajax. Mais ce n’est plus un critère aussi déterminant qu’avant (cf. Sneijder, Van der Vart, etc.) La dernière vague ajacide partie d’Amsterdam ne brille pas vraiment : voyez Emanuelson, Stekelenburg, Babel, Van der Wiel… La faute au « label Ajax » , à ce prestige un peu surfait qui font souvent croire aux joueurs ajacides qu’ils sont plus grands qu’ils ne sont dès qu’ils enfilent la tunique (trop) légendaire. Eriksen semble échapper à ce syndrome. Vaudrait mieux…

Troisième fiasco : Tottenham ?

Tottenham voulait-il vraiment Eriksen ? Il semblerait que oui, vu que les premières approches ne datent pas de cet été. Mais quelles sont les véritables convictions de Villas-Boas sur Eriksen ? C’est très important pour lui, jusqu’ici couvé et protégé par Frank de Boer en club et par Morten Olsen en sélection. Eriksen est encore jeune et marche forcément non seulement à l’affectif, mais aussi au perfectionnement. Il a encore besoin d’apprendre. Or, comment fonctionne Villas-Boas ? A-t-il plutôt le profil Didier Deschamps qui mise surtout sur des joueurs « finis » , déjà prêts à la compète, ou bien a-t-il le profil plus « formateur » à la Jürgen Klopp, remarquable pour bien faire progresser ses joueurs, notamment les plus jeunes ? À ce propos, on peut peut-être regretter que Eriksen n’ait pas atterri à Dortmund cet été, comme il était prévu, en remplacement de Götze… La relation Eriksen-Villas-Boas déterminera en grande partie la réussite ou non de Christian à Tottenham.

Parce que la concurrence va être rude et que les ambitions des Spurs ne souffriront aucune faiblesse, aucun retard vers la route qui doit installer vraiment les Spurs dans le Big Four. Un mauvais départ, des matchs ratés, une longue blessure (Eriksen l’est rarement : un bon point pour lui) ou une trop longue période sur le banc pourraient transformer l’expérience Eriksen en échec, au moins au départ. Avec son aboutissement bien connu : le prêt dans un autre club… Et si Eriksen, comme Van Ginkel à Chelsea, n’était considéré que comme un simple produit de spéculation ? Ou bien ça marche très bien et on garde. Ou bien ça marche tout court et on revend avec bénef à la première offre. Ou bien ça foire et on prête ou on revend à perte. Bizarrement, Tottenham n’avait toujours pas communiqué sur la durée du transfert (jusqu’à dimanche)… Alors Eriksen, futur prince de White Hart Lane et nouveau Modrić ? Why not. Bienvenue en enfer en Angleterre, Christian ! May the force be with you.

PS : la Coupe du monde 2022 n’aura pas lieu au Qatar.

Par Chérif Ghemmour

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