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Éric Wattellier : « Passer à côté de mon premier match de Ligue 1 a été hyper formateur »
À l'occasion des Journées de l'arbitrage La Poste (du 1er au 8 octobre), Éric Wattellier a pris le temps, depuis Londres où il préparait la rencontre Arsenal-Olympiakos, de parler du métier, de son évolution et des relations entre les acteurs dans le foot français ces derniers mois. Entretien avec un ancien libéro qui enfile aussi la blouse de chirurgien dentiste.

Cette semaine marque la 24e édition des Journées de l’Arbitrage La Poste. Un tel événement est-il suffisant pour sensibiliser le monde du sport sur l’arbitrage ?
Non, ce n’est jamais suffisant. C’est quand même un évènement important pour mettre en lumière notre rôle, notre profession, qui a plutôt pour vocation à rester discrète, puisqu’on dit souvent qu’un bon arbitre, c’est celui qu’on ne voit pas ou qu’on n’entend pas. On a malgré tout des grosses décisions à prendre et on est obligés d’être parfois dans la lumière. Ça permet aussi de mettre en avant tous les arbitres amateurs, on est quand même 26 000. On a une recrudescence ces dernières années, après avoir connu un gros creux après le Covid. Quand je suis arrivé au district des Pyrénées-Orientales, on n’avait pas assez d’arbitres pour couvrir toutes les compétitions. C’est en faisant un gros travail de communication, via les réseaux, via des vidéos, qu’on a réussi à donner envie à des jeunes.
Vous n’êtes pas les seuls concernés par ces Journées de l’Arbitrage, qui englobent d’autres sports co. Dans quelle mesure échangez-vous avec les arbitres de rugby, de handball ou de basket, par exemple ?
On échange pas mal. Je suis de Perpignan, qui est une terre de rugby, donc j’ai eu l’occasion de parler avec des arbitres. On oppose souvent les deux sports, qui sont différents et qui n’ont pas la même culture. Mais par exemple, dans le foot d’élite, on a la chance d’avoir un syndicat, le SAF, qui est important dans la promotion et la défense de l’arbitrage et de nos droits. Récemment, ceux du Top 14 nous ont approché pour essayer d’en créer un, donc on travaille ensemble là-dessus. C’est la même chose avec d’autres pays : le SAF a échangé avec des arbitres espagnols, qui trouvaient qu’en France le syndicat était efficace pour défendre la corporation.
Vous souvenez-vous de votre premier match de Ligue 1 ?
Oui, c’était il y a huit ans, à Caen !
C’est ça, un Caen-Nice. La première en L1, c’est important chez les joueurs, c’est pareil pour les arbitres ?
La symbolique est aussi très forte, oui. Quand on arrive au plus haut niveau, le premier match, c’est assez impressionnant. En plus, au moment où j’arrive en Ligue 1, la VAR faisait son apparition, il fallait s’adapter à tout un contexte médiatique, du haut niveau et de l’arbitrage vidéo. Je n’avais pas été bon du tout, j’étais un peu à l’envers. J’ai vu tout ce qu’il ne fallait pas faire et j’ai rectifié rapidement. Ça a été hyper formateur d’être passé à côté de mon premier match (Rires.) Si j’avais fait un match extraordinaire, je ne me serais pas remis en question et je n’aurais peut-être pas fait la même carrière.
Votre relation avec les joueurs de Ligue 1 a-t-elle changé en huit ans ?
Quand tu arrives, ils ne te connaissent pas, donc ils vont te tester, voir s’ils peuvent venir discuter, contester. Tu es obligé d’être un peu plus strict, de mettre des limites, pour ne pas être mis en difficulté. Au fil des années, ils finissent par savoir comment tu arbitres et ça évolue dans le bon sens. Dans mon cas, ils savent très bien que ça ne sert à rien de s’écrouler au premier contact, je laisse beaucoup jouer. Je sens qu’ils me font beaucoup plus confiance aujourd’hui.
L’arbitrage français est-il aujourd’hui le même qu’il y a huit ans ?
Non, il a évolué très positivement. On l’a vu avec les dernières désignations internationales, les finales des derniers Euros masculin et féminin ont été arbitrées par des Français (François Letexier et Stéphanie Frappart, NDLR), on est quand même bien représentés ! Il y a une évolution, je trouve déjà qu’il y a plus d’ouverture au niveau médiatique. Quand je suis arrivé, c’était beaucoup plus fermé. Il y a aussi eu une période où il y avait une volonté de laisser jouer un peu plus, je suis partisan de ça, je n’aime pas siffler tous les contacts, ça fait des bons matchs de foot et ça habitué nos clubs européens à avoir plus de rythme. On participe aussi au spectacle.
Sur un championnat de 34 journées, on ne peut pas avoir exactement le même type d’arbitrage que sur un match de Coupe d’Europe ponctuel.
On a pourtant tendance à penser que les arbitres français laissent justement moins jouer, ce n’est pas un domaine dans lequel on doit encore évoluer ?
Oui, je pense qu’on peut encore progresser. Après, si vous regardez mes derniers matchs, vous ne direz pas la même chose… (Rires.)
Dans votre cas, peut-être, mais on a souvent l’impression que les arbitres français vont plus laisser jouer en Coupe d’Europe qu’en Ligue 1. Pourquoi ?
On ne peut pas comparer un championnat et une compétition, qui est beaucoup plus ponctuelle, comme un tournoi international ou des matchs européens. Sur un championnat de 34 journées, on ne peut pas avoir exactement le même type d’arbitrage et on n’a pas le même type d’équipe, donc il faut s’adapter. Mais oui, on a encore une évolution possible dans ce domaine.
Est-ce qu’il y a trop de cartons rouges depuis le début de saison ?
Ma question, c’est : pensez-vous qu’ils sont justifiés ?
Ça dépend lesquels…
Il peut y en avoir 250, s’il y a 250 fautes ou attitudes qui méritent un carton rouge, il n’y a pas de débat. Il n’y a pas de consigne particulière de taper plus fort parce que c’est le début de saison, c’est ce que les médias écrivent. Ça n’existe pas.
Vous étiez le même arbitre sans la VAR ? On peut se dire que la vidéo a un peu déresponsabilisé les arbitres.
Justement, ça ne doit pas être le rôle de la VAR. Il faut continuer à arbitrer naturellement, et ne pas penser qu’il y a la VAR derrière. Si on doit être corrigé sur une erreur claire et évidente, on ira à l’écran pour le faire. Mais si on arbitre en pensant à la vidéo en permanence, on ne sera jamais performant. Il ne faut pas non plus oublier qu’en dernier lieu, c’est l’arbitre central qui prend la décision finale.
Il y a aussi la question de la notation quand on a recours à la VAR.
En fait, ça dépend des situations. Après, si un arbitre pense à la note, on ne sera pas bon. Ça m’est vraiment totalement égal ma note, j’essaie de prendre les meilleures décisions sur le terrain et si je dois être corrigé par la VAR, je le serai. Et si en allant voir les images, j’estime que je ne dois pas changer une décision, je ne la change pas. C’est aussi notre libre arbitre.
C’est ce qui s’est passé récemment lors du derby Lens-Lille, quand vous avez finalement accordé le troisième but lensois, qui n’aurait pas dû être validé selon le debrief de la DTA. Les erreurs, ça fait toujours partie du métier, même avec la VAR ?
Oui, même si la notion d’erreur reste très subjective. Sur ce match, je prends une décision par rapport à la cohérence de mon arbitrage sur la rencontre, c’est tout. Sur le moment, devant l’écran, il n’y a pas d’erreur manifeste, c’est pour cela que je maintiens ma décision.
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C’est moins accepté aujourd’hui de voir un arbitre faire des erreurs ?
Ce n’est pas tant les erreurs des arbitres sur le terrain qui sont moins acceptées, on prend des décisions en une ou deux secondes, les acteurs comprennent qu’on peut rater quelque chose. En revanche, on pardonne beaucoup moins les erreurs au niveau VAR et c’est là qu’il peut y avoir un débat médiatique assez houleux. Mais sur le terrain, ça va très vite. Et sur le nombre de décisions qu’on prend, on a un taux d’erreur très, très faible. La particularité du foot, c’est qu’il y a beaucoup de situations sujettes à interprétation, en fonction de la sensibilité des uns et des autres. Ce n’est pas toujours blanc ou noir, c’est là qu’il faut laisser de la liberté à l’arbitre. Pour les erreurs, on n’arrivera jamais à 100%, c’est impossible tant qu’il y a des êtres humains derrière. On fait des erreurs, comme les joueurs, comme les entraîneurs, comme les dirigeants.
Entre les histoires avec Pablo Longoria, Paulo Fonseca et d’autres, la saison passée a-t-elle été la plus éprouvante dans le rapport entre les arbitres et les autres acteurs du jeu ?
Cette saison a été particulièrement difficile, c’est vrai. On a dû monter au créneau pour se défendre parce qu’on était attaqué de toutes parts, parfois injustement. C’est la façon dont ça a été fait et les conséquences que ça a pu avoir dans la vie privée de certains arbitres, aussi. Et ça, c’est inadmissible et inacceptable. Ce qui se fait en haut se répercute dans le foot amateur, malheureusement. Il ne faut pas se leurrer, pourquoi de tels excès ? Il y a des raisons économiques importantes derrière qui font qu’on ne se maîtrise plus. La grande force du foot pro, ce serait de savoir se maîtriser et de montrer l’exemple.
Il faut savoir que la direction de l’arbitrage propose en début de saison des réunions dans les clubs ou dans le centre VAR, ça se fait quasiment chaque année où ils invitent tous les clubs. Malheureusement, ce qu’on constate, c’est qu’il n’y en a pas beaucoup qui viennent.
Dans Le Parisien, vous disiez n’avoir aucun contact avec les clubs en dehors des matchs, ne faudrait-il pas justement multiplier les échanges entre les acteurs à froid ?
Ce que je disais dans l’article, c’est qu’il n’y avait pas de contact ou d’échange téléphonique entre arbitres et dirigeants en dehors des matchs. Ce qui n’empêche pas d’échanger avec eux autour des rencontres. Il faut savoir que la direction de l’arbitrage propose en début de saison des réunions dans les clubs ou dans le centre VAR, ça se fait quasiment chaque année où ils invitent tous les clubs. Malheureusement, ce qu’on constate, c’est qu’il n’y en a pas beaucoup qui viennent, donc on ne peut pas dire tout et son contraire. Tous les acteurs doivent échanger, c’est super intéressant et productif de faire ça. La communication, c’est la base de tout, ça ne sert à rien d’aller dans les médias pour faire le buzz ou défendre des intérêts. Je préfère qu’on discute de façon calme et apaisée. Franchement, on a vachement ouvert, je trouve. Le problème, c’est que ce n’est jamais assez (Rires.)
🎙️ "Nous avons tous été choqués. Nous avons décidé de porter plainte pour diffamation." ⚡ L'arbitre d'OL-PSG, Eric Wattellier, a fait part de son mécontentement au micro d'RMC Sport après les propos de Pablo Longoria sur l'arbitrage samedi.https://t.co/UvYAhNnLF3 pic.twitter.com/0tai2ON9hq
— RMC Sport (@RMCsport) February 23, 2025
Dans le foot, on parle beaucoup de l’ego des joueurs, des entraîneurs ou des dirigeants. Ça existe aussi chez les arbitres ?
C’est une bonne question… (Il réfléchit.) L’ego, il faut savoir le mettre de côté quand on est arbitre parce qu’on est sujet à de nombreuses critiques et à beaucoup d’erreurs, donc si on n’a pas un peu d’humilité, c’est difficile… On se remet en question après tous les matchs, même quand il n’y a pas d’erreurs qui font du bruit. On va analyser nos matchs pour voir ce qu’on peut améliorer. Si on a un ego démesuré, c’est compliqué de perdurer au haut niveau. C’est sûr qu’on ne nous dit pas tous les jours qu’on est les plus beaux et les meilleurs (Rires.)
Un jeune arbitre, on le perd dans les deux ans après avoir débuté, il arrête parce qu’il est dégoûté de certains comportements.
Vous parliez des répercussions des comportements du foot pro sur les divisions inférieures. Comment va l’arbitrage amateur ?
On a des attitudes de plus en plus véhémentes, qui pointent souvent les décisions des arbitres, comme au haut niveau. On est souvent le bouc émissaire quand il y a une défaite, une mauvaise performance… On retrouve beaucoup les parents, certains pseudo éducateurs et ça déteint sur les jeunes joueurs. Ce n’est pas toujours évident, derrière on tape fort, on a augmenté les barèmes de sanction quand on s’en prend à un arbitre officiel. La direction de l’arbitrage a proposé la généralisation du carton blanc (une exclusion pendant dix minutes, NDLR) aux joueurs comme au banc de touche. Par exemple, depuis cette saison, un entraîneur qui se comporte mal envers un arbitre peut prendre un carton blanc, et ce serait le capitaine de l’équipe qui sortirait dix minutes. Donc l’entraîneur pénaliserait son équipe à cause d’un mauvais comportement. C’est nouveau, ça vient tout juste de sortir. La Fédération a aussi doté un certain nombre de districts de caméras portatives GoPro, qui vont nous permettre d’équiper des arbitres amateurs sur des matchs considérés sensibles. Ça a un vrai rôle dissuasif et les images pourraient être utilisées en commission de discipline pour sanctionner les fautifs.
Est-ce qu’on voit déjà les premiers effets de ces nouveautés ?
Dans les districts qui ont pu l’utiliser, on voit déjà des effets sur les bancs de touche, oui. On tirera le bilan en fin de saison. C’est aussi la fidélisation qui est importante. Un jeune arbitre, on le perd dans les deux ans après avoir débuté, il arrête parce qu’il est dégoûté de certains comportements. On en perd 50% dans les deux premières années. Certains arrêtent même après quelques matchs, soit parce que ça ne leur plaît pas, soit parce qu’ils ont eu des problèmes sur le terrain. C’est pour ça qu’on a mis en place un système de parrainage. Un arbitre qui se lance sur le terrain, il doit être accompagné a minima sur trois, quatre voire cinq rencontres par un ancien qui va lui donner des conseils et le guider.
🚨 Hier soir pendant Monaco-Lille, et pour la première fois en Ligue 1, Téléfoot a équipé l’arbitre d’une caméra embarquée pendant l’intégralité du match ! Dimanche dans Téléfoot, revivez la rencontre et ses coulisses à travers les yeux de l’arbitre du soir, Eric Wattellier,… pic.twitter.com/wR77g1oi86
— Téléfoot (@telefoot_TF1) October 19, 2024
Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir arbitre ?
Je viens d’une famille de footeux, mes parents ont toujours été bénévoles dans le foot. J’ai commencé à jouer à 5 ans et mon entraîneur était aussi arbitre. Vers 15-16 ans, il m’a dit : « Pourquoi tu ne te lances pas ? » J’aimais bien aller le voir arbitrer, donc j’ai passé la formation et six mois après, j’ai eu une grave blessure à un entraînement de foot. Quand je suis revenu, j’avais un peu d’appréhension à aller jouer et je me suis vraiment dirigé vers l’arbitrage parce que j’adorais ça et je n’étais pas trop mauvais. J’ai continué à faire les deux pendant 2-3 ans, puis je suis passé jeune arbitre fédéral et c’est à ce moment-là que j’ai fait le choix d’arrêter le foot pour limiter le risque de blessures et me consacrer à l’arbitrage. Sur le terrain, j’étais libéro, à l’époque où ce poste existait encore. Les arbitres, ils étaient tranquilles avec moi (Rires.)
Un arbitre, ce n’est pas forcément quelqu’un qui est frustré de ne pas avoir réussi à devenir joueur pro ?
Pour ma part, pas du tout ! J’ai toujours su que je ne serai pas le meilleur, je jouais pour le plaisir. Mon objectif, ce n’était pas de devenir pro, je faisais des études pour être chirurgien dentiste à côté. Il y a zéro frustration.
En tant que passionné de foot, il vous arrive d’être impressionné par des joueurs ou des gestes en étant au cœur du jeu ?
On ne vit pas du tout le match de la même façon qu’un téléspectateur. Quand on entre sur le terrain, on est en mode arbitre, avec l’obligation de prendre les bonnes décisions. On est focalisé sur le jeu, nos déplacements et les prises de décision. On est un peu dans notre bulle pour ne pas se faire distraire, on ne peut pas être spectateurs.
Depuis le début de votre carrière, il y a quand même dû avoir des moments de plaisir à voir des buts ou des actions de près.
Quand il y a des beaux gestes, des beaux buts, évidemment qu’on prend aussi du plaisir. Par exemple, j’étais sur Toulouse-PSG en début de saison. C’est un match avec du spectacle, un score de 6-3, des buts magnifiques avec deux retournés acrobatiques, c’est forcément plus sympa qu’un match fermé. Malgré tout, ce n’est pas notre rôle principal d’admirer les joueurs (Sourire.) L’essentiel, c’est de finir la rencontre en prenant les bonnes décisions. C’est la même chose quand on est dans des stades avec des ambiances extraordinaires. Sur le Lens-Lille, je me suis régalé.
Certains sont 100% football, ça me fait du bien de ne pas toujours être là-dedans. J’arrive le lundi, je vois mes patients et on peut passer à autre chose si on a fait un mauvais match ou une mauvaise performance, notre esprit se tourne vers quelque chose de différent.
Vous avez dirigé un tour préliminaire de Ligue Conférence entre Jagiellonia et Silkeborg cet été, on arbitre différemment un match dans lequel on ne connaît pas les joueurs ?
On représente aussi notre pays quand on est sur des compétitions européennes, l’approche est différente. Là, on a une image à véhiculer avant, pendant et après le match, c’est fort en termes de responsabilité. On essaie souvent d’identifier s’il y a des joueurs français sur lesquels on peut s’appuyer. Sur ce match à Jagiellonia, le seul Français était suspendu, mais présent au stade, on a pu discuter. Pour ce type de rencontre, l’analyse vidéo est très importante. Arsenal, on les voit toutes les semaines (il était quatrième arbitre sur Arsenal-Olympiakos, NDLR), mais ces clubs beaucoup moins connus sur la scène européenne, il faut les étudier, comprendre leur manière de jouer. Jagiellonia, ça me faisait un peu penser à Lens, ils jouent avec les mêmes couleurs dans un stade avec une ambiance assez chaude. On essaie de se raccrocher à des choses qui nous sont familières. C’est passionnant de découvrir ces autres cultures, ça dépayse, on apprend !
Un arbitre doit savoir dans quel système et dans quel style joue une équipe ?
C’est hyper important. Le style de jeu d’une équipe va conditionner nos déplacements et notre anticipation. Ce n’est pas pareil quand ça joue en attaque placée ou en contre, on doit s’adapter. Pareil sur les coups de pied arrêtés : quel type de marquage ? Où se positionnent les joueurs ? On ne dirait pas comme ça, mais ce sont des choses qui se travaillent à la vidéo.
Vous trouvez encore le temps d’être chirurgien dentiste ?
Oui, j’essaie de travailler deux jours par semaine. Par exemple, j’ai travaillé hier (l’entretien a été réalisé le mardi, NDLR), je trouve ça bien de garder une activité à côté. Certains sont 100% football, ça me fait du bien de ne pas toujours être là-dedans. J’arrive le lundi, je vois mes patients et on peut passer à autre chose si on a fait un mauvais match ou une mauvaise performance, notre esprit se tourne vers quelque chose de différent. On relativise plus facilement.
C’est quoi le plus dur, entre chirurgien dentiste et arbitre de Ligue 1 ?
(Il se marre.) C’est totalement différent, il peut y avoir des difficultés des deux côtés. Le foot, je le prends vraiment comme une passion, je me régale. C’est passionnant ce qu’on vit, tout le monde n’a pas cette chance.
⚽ #LeMagLigue1 | La double vie d'Éric Wattellier ! 🔎 Portrait d'Éric Wattellier, arbitre de Ligue 1 le week-end, chirurgien dentiste la semaine. Avec 126 rencontres dirigées dans le championnat, il ne s'arrête jamais. 📺 L'émission en replay : https://t.co/3wBqECBfbd pic.twitter.com/cT5YfDXvgP
— francetvsport (@francetvsport) October 2, 2025
À quel point votre vie personnelle peut avoir des conséquences sur votre manière d’arbitrer un match ?
C’est comme dans tout métier, ça peut avoir un impact. On doit essayer de laisser les problèmes personnels à l’extérieur du stade. Si on n’arrive pas à les mettre de côté, il faut peut-être rester à la maison un week-end et se reposer. C’est aussi un échange à avoir avec sa direction. Parfois, il vaut mieux rester chez soi.
Être arbitre de foot, c’est un beau métier ?
C’est extraordinaire. On vit des choses incroyables, on voit l’envers du décor, on a la chance d’être dans le jeu sur le terrain et on prend des décisions tellement importantes. Il faut avoir une capacité d’analyse et de maîtrise émotionnelle importantes. On est dans un environnement qui fait rêver tout fan de foot, c’est une chance inouïe. Il faut le vivre pour le comprendre. C’est pour ça que je souhaite à tous les jeunes arbitres de vivre ça.
Top 10 : Les victoires de Nice en Coupe d’EuropePropos recueillis par Clément Gavard